Témoignage
d’un artisan-meunier de Vendée
Extrait
d’un article de 2 pages, avec photos, par Thierry Limoges
Je
suis né à Nieul-sur-l’Autise, et, dès 1977, mon père André Limoges,
agriculteur, s’est intéressé au moulin à eau de la commune, quand les
meules ont cessé de moudre. Il crée une association
locale "Les Gueurnivelles" (petites grenouilles en patois vendéen), ayant
comme objectifs de fonder un lieu de sauvegarde de la « Geste Paysanne ».
Avec une très grosse mobilisation de bénévoles, des partenaires
institutionnels tels que le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, l’UPCP
(Union pour la Culture en Poitou-Charentes), et le Conseil Départemental de la
Vendée, l’aventure va durer 7 ans, et « Victoire », en 1983, le
moulin de Nieul ouvre de nouveau ses portes sous le nom de « la Maison de
la Meunerie », en référence aux 7 autres « maisons » à thème
réparties sur l’ensemble du Parc Régional.
Mes
motivations pour mon métier prennent donc racine dans cette histoire
personnelle. En 1997, je propose de donner une nouvelle impulsion au site avec
le lancement d’une activité professionnelle de meunerie. Un contingent est
acheté après restauration et aménagement de l’outil de production. Je suis
embauché comme salarié de l’association et rétribué en fonction des ventes
de farine.
Jusqu’en
2009, soit pendant 12 ans, j’ai appris et développé le métier de meunier à
travers de belles rencontres au sein de l’Association Vendéenne des Amis des
Moulins , tels Jean Moreau, Yves Ruel, Michel Godet, Emmanuel Suire, Jacky
Paillat, et bien d’autres…
En
2009, je crée ma propre entreprise, la SARL Meunerie de Nieul, et construis une
installation de meunerie traditionnelle dans un vaste bâtiment m’appartenant
avec une paire de meules de pierre de 1,50m. Après le rachat du contingent
appartenant à l’Association, je signe une convention d’utilisation du
moulin et poursuit la collaboration avec la Maison de la Meunerie, car celle-ci
souhaite continuer l’activité de mouture à des fins pédagogiques.
Artisan-meunier
depuis 6 ans, la production de farine sur meules de pierre est soumise à une
contrainte économique majeure par rapport au marché de la farine : « Comment justifier un écart de prix important, comparé aux
productions industrielles beaucoup plus compétitives ? »
Réponses :
« en mettant en évidence les
avantages d’une entreprise de meunerie de très petite taille ».
1-Circuit court : très proche du consommateur (moulin ouvert au public, accès aux AMAP…) Informations dans les boulangeries clientes, simples et directes
2-
Homogénéité des lots de blé :
le moulin est à l’échelle de l’exploitation agricole
3- Traçabilité : Notion de micro-filière (agriculteur-consommateur).Un moulin s’approvisionne sur un territoire de production précis, pour Nieul bassin versant du Marais Poitevin
4- Souplesse de l’outil : meules de pierres en un seul
passage et passage simple d’un lot à un autre lot.
5- Diversité : gamme étendue de
farines avec mouture de blé, seigle, sarrasin, petit épeautre…
Aujourd'hui, je vais
toujours chercher mon blé dans les fermes, et je tamise moi-même la farine
produite au moulin avant de la livrer aux boulangeries locales. Chaque année
plus de 80 tonnes de farine sont ainsi produites. Je fabrique les réputées
"farines de meule" (beaucoup plus goûteuses), de froment (bio et
traditionnelles), de sarrasin, bientôt de seigle et d'épeautre bio, pour les
professionnels régionaux de la boulangerie, la restauration, la distribution,
mais aussi les particuliers. Mon activité professionnelle participe évidemment
à l'animation globale de la Maison de la Meunerie.