La colline des moulins de Saint-Tropez,  par Bernard Romagnan

Extrait d’un article de 9 pages avec photos

 

[…] Au XVIIe siècle, les Tropéziens ne disposaient plus que de quatre moulins reconstruits sur le collet de la Jovenine devenu colline des Moulins. Ils s’appelaient le Brûlot, l’Amiral, le Brésé ; du quatrième, le Saint-Louis, il ne restait plus qu’une tour au XVIIIe siècle. Il semble qu’en dehors du XVIe siècle, période pendant laquelle la construction de moulins a suivi l’accroissement démographique, leur nombre ait été nettement insuffisant les siècles suivants au regard du nombre d’habitants qui atteignit 3 700 habitants au milieu du XVIIe siècle. Après une forte baisse au début du XVIIIe siècle, ce chiffre remonta à 3 000 habitants à la fin du XVIIIe siècle et le village ne disposait alors plus que de 3 moulins.

 

D’ailleurs en 1782, dans les minutes d’un procès qui oppose la communauté à un particulier, il est noté que les trois moulins à vent du pays ne peuvent fournir que l’équivalent des besoins de trois mois de farine. Enfin, il faut bien convenir que la communauté de Saint-Tropez ne disposait que de moulins soumis aux caprices du vent et que ceux-ci ne fonctionnaient que lorsque cette force motrice était disponible, ni trop violente, ni trop faible. Les consuls en étaient bien conscients lorsque le 22 juillet 1629, ils font écrire par le greffier dans une délibération qu’« au present lieu ly est une grande rextrente de avoir de farines, a cauze que n’y a que de mollins a vant (…) au terroir de ce lieu ». Enfin, l’enquête

de l’an II (1794), confirme que : « les trois moulins à vent font pendant la journée 20 quintaux chacun d’assès bonne farine. Ils se reposent pendant 8 mois a deffaus de vent ».

 

Dans les autres communautés du Golfe de Grimaud, voisines de Saint-Tropez, les habitants avaient à leur disposition des moulins à vent et à eau, les uns palliant les périodes de chômage des autres. Au vu du contexte évoqué, la communauté de Saint-Tropez fut contrainte d’aller faire moudre son blé en dehors de son terroir, à cause d’un nombre de moulins insuffisants et également parce que la pauvreté de son réseau hydrique n’autorisait pas la construction de moulins à eau et induisait la construction exclusive de moulins à vent […]

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