La restauration du moulin à vent de Saint-Roch de Grimaud

vue par Hubert Lemonier architecte. Entretiens réalisés les 1er juin 2005 et 18 mai 2006 par Bernard Romagnan à la Garde-Freinet .

Extrait d’un article de 6 pages avec photos.

 

Jean-Paul Bréhant, le maire de Grimaud s’est un jour soudainement passionné pour l’idée de remettre en état le moulin à vent proche du cimetière. Mais ce moulin, il n’avait plus rien à voir avec un moulin, parce qu’il y avait une dalle de béton par - dessus, avec un crucifix qui pesait 5 tonnes. Le maire était prêt à tout pour essayer de laisser l’empreinte de son passage en tant que premier citoyen de la commune, pour qu’il y ait l’œuvre de Bréhant. Quant à moi j’avais travaillé deux ou trois fois pour des particuliers sur la commune de Grimaud. J’avais également eu à faire à la mairie, à cette occasion j’avais rencontré le maire deux ou trois fois. Bréhant, cherchant à connaître des gens susceptibles de l’aider pour la restauration de ce moulin, a écrit à la FFAM. A la fédération, à Paris, on l’a renvoyé sur l’association ARAM Provence, et de là, on lui a dit : « Mais comment, juste à côté de chez vous, il y a un type qui est membre du bureau, qui est architecte de surcroît et qui assiste à toutes les réunions. Pour nous, c’est le spécialiste des moulins sur le plan technique, alors voyez-le ». Alors Bréhant m’a fait venir, en disant : « Mais je ne savais pas. Il me semble vous avoir vu quelques fois, mais pourquoi vous ne m’avez rien dit ? » J’ai dit : « Ecoutez, ce n’est pas mon activité principale, c’est tout à fait occasionnel, l’histoire des moulins. Je n’avais pas de raisons de parler de ça et puis je ne connaissais pas vos projets ». « Bon alors, en tout cas », me répond-il, « mon intention, c’est de restaurer ce moulin. Je compte sur vous pour m’aider, dites-moi ce qu’il faut faire ».

 

Très vite, il y a eu une réunion avec un comité restreint du conseil municipal et j’ai tout de suite vu que l’intention de Bréhant, ce n’était pas de remettre un moulin en état de fonctionnement, mais qu’il était plutôt intéressé par l’image du moulin, le symbole que ça pouvait représenter. Je ne dirais pas qu’il voulait un moulin d’opérette mais c’était tout comme.

 

En général, une commune veut bien restaurer un moulin mais avec l’idée que ça va coûter trois francs six sous. On se contente de mettre des ailes, sans les mécanismes, simplement pour faire joli et touristique, comme un truc de marionnette et ça ne va pas plus loin. A Grimaud, c’était aussi un peu l’idée de l’équipe municipale. Alors là, j’ai été obligé de prendre parti au cours de cette séance, en disant : « Ecoutez, non, franchement, je pense que vous êtes sur le point de commettre une très grave erreur, parce que si vous remettez ce moulin en état véritablement, comme on doit le faire, à mon avis, ça sera quelque chose qui pourra intéresser pendant longtemps, non seulement des visiteurs, des touristes de toutes sortes, mais même tous les scolaires de la région car un moulin à vent restauré ça a un pouvoir attractif ». Moi vous comprenez, en faisant des visites de moulins au sein de l’ARAM Provence, au fil des années je m’étais aperçu que c’était extrêmement attractif. Pour le moulin de Daudet, par exemple, c’était bien dommage, il était très joli de l’extérieur, mais l’intérieur n’était pas en état. Finalement, il ne fonctionnait pas et c’était navrant. J’avais remarqué que des gens sur place, là-bas, regrettaient qu’il n’y ait pas eu une rénovation complète.

Quand j’ai commencé à aborder le problème de la restitution complète des mécanismes, je voyais les regards qui se croisaient en se disant : « Où est-ce qu’il va nous embarquer celui-là ». On m’a demandé : « Oui, mais ça va coûter combien ? ». J’ai d’abord proposé des estimations approximatives. Le conseil municipal était un peu partagé, même certains amis du maire étaient réticents. Ah, il y en a qui n’étaient visiblement pas contents qu’on commence à s’orienter vers des coûts plus important car il allait falloir faire passer ça dans l’opinion villageoise et ce n’était pas gagné d’avance.

 

Mais Jean-Paul Bréhant était très intéressé parce qu’il en faisait une histoire de gloire personnelle et il m’a vite emboîté le pas et a finalement convaincu tout le monde en disant qu’il fallait faire ce que je proposais. Car il avait tout de même un dynamisme assez fort, et c’est passé. Je lui ai fait un premier avant-projet, une estimation un peu détaillée avec des coûts, des références, quelques photos, et finalement le conseil municipal, hors ma présence, s’est prononcé en faveur de la restauration complète du moulin. C’était un truc tout à fait nouveau dans le secteur à cette époque ; depuis, il y en a eu beaucoup d’autres.

Concernant la restauration de la tour du moulin de Saint-Roch, il y avait deux événements que je n’avais absolument pas pu prévoir : la restitution de la tour constitutive du moulin avec son calvaire installé au-dessus et puis la tentative de récupération de la meule du moulin[…]

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