Rencontre avec Hubert Lemonier-André Gaucheron et création de l’ARAM Provence.                                                                 Entretiens réalisés les 1er juin 2005 et 18 mai 2006 par Bernard Romagnan à la Garde-Freinet

Extrait d’un article de 2 pages avec photos.

C’est le hasard qui fait beaucoup de choses dans la vie. J’avais de très bons amis au Plan-de-la-Tour, les Charrière1 qui étaient éditeurs. Au cours d’un repas, on nous a présenté André Gaucheron, que Jacques Charrière connaissait de longue date puisqu’il avait des contacts parisiens dans le monde économico-politique avec André Gaucheron dont l’activité à l’Unesco était très importante. Presque en même temps, les Gaucheron avaient acheté un terrain au Plan-de-la-Tour et faisaient construire une villa. Ils avaient un architecte sur place et cette maison étant quasiment achevée, André Gaucheron m’a demandé mon avis. On a beaucoup sympathisé. Ensuite nous avions des contacts réguliers à l’occasion des vacances d’été. Nous aimions beaucoup échanger et en particulier parler des systèmes de récupération d’énergies renouvelables. Lui-même avait fabriqué des récupérateurs solaires pour chauffer l’eau, c’est-à-dire des panneaux isolés sur le fond avec un serpentin. Il avait fabriqué un chauffe-eau solaire de toutes pièces, qu’il avait bricolé lui-même. Il était très habile, il savait tout faire techniquement avec un certain brio. Il avait une capacité à faire des calculs sur les résultats thermiques, les déperditions qui allaient s’ensuivre. Cette installation c’était un peu pour le plaisir, pour se prouver à lui-même qu’on pouvait très bien le faire. Généralement ce type d’installation a un rendement lamentable, ça coûte une fortune quand on s’adresse à des boîtes spécialisées. Il avait inventé aussi des systèmes d’anémomètres pour calculer la vitesse du vent, des choses qui existaient plus ou moins au niveau de bricoleurs de génie, qu’il avait améliorés lui-même.

La découverte des moulins et la création de l’ARAM Provence

Ainsi, petit à petit, on en est venu à parler des moulins à vent. Un jour il m’a dit : « Est-ce que tu connais les moulins ? ». Je lui ai répondu que dans mon enfance, j’avais un arrière cousin à la mode de Bretagne qui était meunier. En fait, on n’avait plus de liens de parenté véritable, mais on l’appelait toujours le cousin. Il avait un moulin qui tournait dans un petit patelin de Carouet. Il n’a pas travaillé très longtemps après que j’ai pu visiter ce moulin sous sa conduite parce qu’il était devenu tuberculeux et c’était dû, à ce qu’il paraît, à la farine qu’il avait absorbée. C’est vrai que c’est fascinant un moulin. C’est plein de danger mais quand on vous le dit, c’est encore plus fascinant, pour un enfant, d’entendre dire : « Attention, c’est dangereux, y a ci, y a ça ». Non seulement à l’extérieur, à cause du mouvement des ailes et du fait qu’on le déplace, mais à l’intérieur c’est pire. Et les moulins de Bretagne, de Loire-Atlantique sont assez hauts. Il y a trois niveaux avec des poulies, des courroies qui renvoient les mouvements à chaque étage pour ci, pour ça, etc. Alors, cet arrière cousin m’a fait visiter son moulin. Ensuite il m’a dit : « je ne veux pas te voir là-dedans ». Il ne pouvait pas fermer la porte à clef véritablement, il essayait de mettre un bout de bois de l’intérieur. Mais avec d’autres gosses du pays, on n’avait qu’une idée, c’était d’y aller. Alors, j’ai exprimé les souvenirs fantastiques que j’avais gardés de ce moulin. André Gaucheron était aux anges et je ne comprenais pas pourquoi. La raison est que le nom de famille Gaucheron vient de Beauceron, c’est un peu le même mot, sa famille était originaire de la Beauce. Ses ancêtres étaient propriétaires de moulins et toute son enfance s’est passée ainsi à rêver de moulins.

La création de l’ARAM 

Ce que j’avais raconté de mon enfance en Bretagne lui avait plu et il m’a dit : « tu es mûr pour accéder à la demande que je vais te faire. On va créer une association, les Amis des Moulins de Provence, et je voudrais que tu me donnes ton adhésion tout de suite pour faire partie du bureau. Il y a ce type d’association dans plusieurs régions, sauf en Provence et dans 2 ou 3 autres endroits. J’ai contacté de nombreux meuniers et des mouliniers pour en faire partie mais je n’arrive pas à atteindre le quota. Il faut que je trouve un bureau et ça serait bien que tu en sois […]

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