Page de notre Histoire nationale : La bataille de Valmy et son moulin

 

Extrait d’un article de 2 pages avec cartes et photos par Paul Damagnez

 

Le moulin nous est connu depuis 1513, lorsque les religieux de l’abbaye de Montiers en Argonne obtiennent l’autorisation de le construire au lieu-dit Orbeval. La première citation sous le nom de moulin de Valmy remonte à 1573.

 

La bataille de 1792

A cette époque, l’exploitant est Nicolas Thomas, sa famille habitait près du moulin. La maison, construite comme toutes celles du pays en pierre de gaize et parements de briques, était couverte de tuiles courbes. Le jour de la bataille, la salle commune servit d’ambulance ; les chirurgiens opérèrent sur place, malgré les bombardements de l’armée prussienne stationnée sur les hauteurs du camp de la Lune. Dans la salle commune, un conseil de guerre se tint le soir de la bataille en présence de Dumouriez.

Après le départ de l’armée française, bien des morts restèrent sur le terrain, le meunier dut  creuser deux fosses dans son jardin pour les enterrer.

Le général Kellermann ayant ordonné la destruction du moulin, le meunier Nicolas Thomas fut indemnisé sur les fonds de la guerre. L’expertise du moulin diligentée par l’Administration en fin de l’année 1792, estime le montant du dédommagement dû par la République à 7 343 livres et 15 sols. Le meunier ayant dans un premier temps déclaré ne pas reconstruire, le directoire du district de Sainte-Menehould réduit l’indemnisation à 5 347 livre 10 sols, allouant de plus 600 livres pour la perte résultant du chômage. Ayant touché ce secours, Nicolas Thomas décide finalement d’entreprendre la reconstruction du moulin. Pour ce faire, en 1794, il achète à Claude Charmet cultivateur à Valmy, les matériaux du moulin à vent, situé sur une pièce de terre appartenant au vendeur. L’acte de vente mentionne qu’il lui appartiendra : 1 pot au fer, 1 masse, 4 marteaux à battre le moulin, 1 pierre de marbre étant dans la cour du vendeur, 1 cable et une voiture. Les acquéreurs auront à charge d’enlever les matériaux, de laisser le terrain libre et de s’arranger avec le meunier actuel, soit pour le laisser jouir, soit pour son expulsion. La vente est conclue moyennant 7 600 livres. Cet acte laisse donc supposer que le moulin a été reconstruit par Nicolas Thomas sur un autre emplacement. Toujours est-il que début 1799, l’édification du nouveau moulin étant effective, l’Administration Centrale de la Marne lui accorde la totalité de l’indemnité.

En 1814, le moulin de Valmy peut moudre 25 doubles décalitres par jour. Une dizaine d’années plus tard, M. Dannequin son exploitant étant décédé, les héritiers vendent le moulin à Edmond Nollet-Thierry. La famille Thierry convertit la maison du meunier en bâtiment rural et le moulin à vent est voué à la démolition.

 

En 1939, en vue du 150e anniversaire de la bataille, le maire, André Procureur, décide de doter la butte d’un nouveau moulin. Il est acheté dans le département du Nord à Attiches. Son implantation débute en juin 1939 à la veille de la guerre, mais ne sera terminée qu’en 1947. Il est restauré une première fois en 1970, puis en 1989 pour la célébration du 200e anniversaire de la naissance de la République. Une dernière et importante restauration est votée par la commune en 1995. Malheureusement, la pièce maîtresse, le pivot, en mauvais état, n’est pas concerné par cette remise en état. C’est lui qui lâchera dans la tempête de l’hiver 1999.

 

Le renouveau :

En 2005, un nouveau moulin est construit, bénéficiant de l’expertise de Jean Bruggeman, président de l’ARAM Nord/Pas-de-Calais. Les différentes essences de bois employées sont en majorité du chêne et du peuplier sur la volige, du châtaignier pour les tavaillons de la couverture, du mélèze pour la robe, de l’orme pour le rouet et la lanterne et enfin du charme pour les dents.

 

L’auteur a apporté en cet article des éléments inédits, issus de ses recherches sur l’histoire de ce moulin, tel son équipement en 1759, et le plan de 1774.

 

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