Moulins et usines hydrauliques de la
Marne au 19e siècle
Extrait d’un article de 6
pages avec cartes et photos de Paul Damagnez
Selon l’enquête de 1809, le nombre de moulins recensés dans le département se monte à 836, se répartissant entre 436 moulins à eau et 400 moulins à vent. Le même dénombrement lors de l’établissement de la statistique industrielle de 1848 ne donne plus que 665 moulins, écrasant 1 739 904 hl de céréales. Alors que ceux mus par l’eau sont toujours en progression avec 494 usines, le nombre de moulins à vent s’effondre, avec seulement 171 unités. Malgré tout, le géographe Poinsignon considère en 1869 que la meunerie marnaise est toujours florissante : « Indépendamment des moulins à vent, à bras ou à manège, dont le nombre est de plus de 300, on compte près de 500 moulins mus par l’eau, et dont les retenues représentent une force brute en chevaux-vapeur de 5.000 chevaux. »
Ces données reflètent bien la tendance nationale, la puissance hydromécanique équipée s’est en effet constamment accrue jusque vers la fin des années 1860. A l’ère de la première industrialisation, la force motrice des cours d’eau est donc demeurée la principale ressource énergétique.
Au
19e siècle, les céréales panifiables restent une base importante
de l’alimentation, en conséquence et compte tenu des moyens de communication,
des moulins céréaliers de proximité sont dispersés sur tout le territoire.
Le moindre ru porte une « usine » à faire farine. On relève également
une proportion non négligeable de petits moulins d’étangs, plus fréquemment
localisés en Argonne et dans une moindre proportion dans le Tardenois.
Les papeteries marnaises connaissent un grand développement dans la seconde moitié du siècle. Elles profitent à la fois des nouvelles voies de communication et des techniques les plus modernes dans la fabrication du papier.
Le développement d’activités à proximité des ressources naturelles, le traitement des minéraux (exemple le traitement des phosphates naturels) ; les hauts-fourneaux, liés à la présence concomitante de minerai de fer et d’un combustible abondant ; le voisinage de grands massifs forestiers dans le cas des moulins à tan
L’activité textile était
traditionnelle dans cette vallée depuis des lustres, nombre de moulins y étant
associés à une foulerie. Il n’y a donc rien de surprenant qu’à l’avènement
de l’ère industrielle d’importantes filatures se soient implantées sur
d’anciens sites hydrauliques. La mécanisation
de la filature, puis du tissage, permettent à cette industrie d’atteindre son
apogée après la guerre de 1870.
La plupart de ces usines seront détruites pendant la Première Guerre mondiale, puis reconstruites dans les années 1920.