EDITORIAL. Un peu plus d’Europe dans la
France s’il vous plait…
L’annonce est passée à peu
près inaperçue cet été mais elle est pourtant de la plus grande importance.
L’Europe a en effet lancé le projet RESTOR (Renewable Energy Sources
Transforming Our Regions) avec la ferme volonté de donner un nouveau souffle
aux projets de très petites centrales hydroélectriques sur le Vieux Continent.
Sont concernés les moulins à eau dont le potentiel se situe entre 5 kW et 100
kW. C’est-à-dire la très grande majorité de nos moulins.
L’objectif de RESTOR ? Obtenir sous 36 mois une évaluation qualitative et quantitative la plus précise du potentiel en Europe. Puis soutenir les projets de restauration selon un modèle précis (financier, technique et légal) et un montage original qui inclut la création de coopératives dans lesquelles les collectivités locales sont parties prenantes et perçoivent leur part des revenus de la vente d’électricité. Un montage qui devra d’abord faire ses preuves sur des sites pilotes. En clair, prudence…
Quoi qu’il en soit l’Europe ne lésine ni sur les objectifs ni sur les moyens. La perspective est d’équiper, en 2020, 87 500 moulins en Europe sur les 300 000 existants avec, pour levier financier, les Fonds structurels européens. L’ambition ne s’arrête d’ailleurs pas en 2020. En 2050, l’Europe vise 256 000 moulins produisant 53 TWh/an dans lesquels elle compte avoir investi 33,7 milliards d’euros. Des chiffres astronomiques !
Alors pourquoi cette « générosité » de l’Europe ? Parce qu’elle s’alarme du non développement de la petite hydro malgré le fort potentiel qu’elle présente, « les Etats membres en ayant largement ignoré ses bénéfices jusqu’à maintenant. » Parce que l’Europe croit au rôle de la petite hydro sur deux axes : pour atteindre les objectifs de 2020 qui fixent les taux d’utilisation d’énergie renouvelable dans le mix énergétique européen et les seuils de réduction de gaz à effet de serre ; et pour participer à la stabilité du réseau et à la sécurisation de la distribution au moment où l’Europe veut relancer l’éolien et le photovoltaïque – sources intermittentes.
Dans ce contexte, comment va réagir le nouveau gouvernement en France ? Difficile d’anticiper mais les premiers signes ne sont pas encourageants. La petite hydro a été la grande absente des débats sur le mix énergétique et les énergies renouvelables qui se sont tenus les 14 et 15 septembre derniers à Paris sous l’égide de la Ministre Delphine Batho. On y a parlé soutien aux filières éoliennes et photovoltaïques mais rien n’a été évoqué concernant la petite hydro. Encore une occasion ratée !
Au contraire de l’Europe, la France ne considère pas la petite hydro comme un investissement d’avenir. Le renouveau des moulins, c’est peut-être comme l’économie : la relance n’aurait-elle de salut qu’à l’échelle européenne ?
Eric Montagne FFAM - MillWatts