Centrales hydro-électriques du Jura

Article avec photos, de  Bernard Bichon

 

Le Jura, avec ses cours d’eau d’un bon débit, et, dans la montagne, une topographie propice aux retenues, présente un potentiel important pour la production d’électricité hydraulique et avec une grande variété de mises en œuvre.  En 1895, se constitue une société pour la production et la distribution ; elle transfère vite son siège social de Paris à Saint-Claude et prend le nom de « l’Union Électrique » Elle établit plusieurs centrales dont celle du Saut-Mortier, sur la rivière d’Ain, complétée par des moteurs thermiques, est la plus importante. L’Union électrique étend ses activités sur les départements voisins : Ain, Rhône, Saône-et-Loire… D’autres sociétés de même nature mais de moindre envergure seront encore constituées, comme celle des « Forces motrices de la vallée de la Bienne », la « Mutuelle électrique du Haut-Jura », la « Société électrique de Dole »… et bien d’autres.

En 1925, « l’Illustration économique et financière » titre ainsi l’un de ses articles : « Le Jura, premier département français complètement électrifié » ; par l’effet non seulement de sociétés d’envergure nationale mais aussi d’entreprises du crû. Une statistique de 1922 dénombre 254 usines hydro-électriques de plus de 10 CV, et les centrales exclusivement thermiques sont très rares. Dès 1922, l’ancien moulin de Sellières converti au début du siècle en scierie et tournerie donne le courant aux 1 000 habitants du village, avec moteurs thermiques suppléant la force de la petite rivière de Brenne.

Les petits établissements hydrauliques ont participé à ce mouvement, puisque beaucoup de moulins se sont dotés de générateurs à usages domestique, professionnel ou commercial. Ainsi en 1892, le bail du petit moulin de Tortelet, à Germain-les-Arlay, sur la Seille, mentionne « une machine dynamo-électrique donnant l’énergie électrique intérieurement et extérieurement ». Cet établissement reçoit depuis 1912 et pour 30 ans concession pour l’éclairage des 800 habitants du village d’Arlay, à deux kilomètres, couplant des turbines avec un moteur à gaz pauvre, puis à huile lourde. Ainsi, du début du siècle aux années 1940, plusieurs moulins donnent le courant à de petites agglomérations proches…

Sur l’Ain… La centrale de Blye-Charézier, installée au milieu des années 1950 par « la Société des Chutes de l’Ain » ; puissance installée de 4 000 kW ; 9 m de chute ; production annuelle de 12 millions de kW/h avec trois groupes à turbines Kaplan de 700, 1 500 et 1 700 kW, et un groupe de secours de 200 kW ; poste de transformation de 3 500/63 000 volts… La société exploite aussi une centrale à Lavancia-Épercy, sur la Bienne, télécommandée depuis Charézier.

A Pont-de-Poitte, trois centrales… Celle de M. Olivier avec un groupe Kaplan de 400 kW, sous 4 m de chute… La centrale JOTELEC, dans une ancienne scierie désaffectée en 1955, et qui fournissait l’électricité au village, ses équipements ayant été remplacés par les actuels ; chute de 2,50 m, 2 groupes Kaplan installés en 1997 d’une puissance totale de 1 100 kW… Enfin la centrale établie par la famille Sauvin qui exploite aussi l’une des quatre minoteries industrielles du département(4) ; elle se trouve à Patornay, à l’emplacement de l’ancien moulin à qui elle fournissait le courant, comme aussi au village de Patornay ; un groupe Kaplan de 160 kW à double réglage, et un autre de 400 kW à simple réglage ; chute de 4 m ; plus d’1 million de kW/h annuels.

Sur le ruisseau du Drouvenant… A Vertamboz, dans un ancien moulin qui a conservé sa roue à augets, une petite production de 10 kW pour le chauffage de la maison. A La Frasnée, sous 65 m de chute, une centrale à deux turbines Francis de 100 et 150 kW, avec encore une roue Pelton donnant 20 kW…

En 1968, E.D.F. commence à exploiter, sur l’Ain, le barrage de Vouglans, troisième de France par le volume de sa retenue (600 millions de m3) et dont le lac artificiel d’une surface de 16 km2 et long de 35 km, constitue aussi un pôle majeur du développement touristique ; puissance installée : 262 Mw. Actuellement, Électricité de France bénéficie de la production de 69 centrales hydrauliques jurassiennes : 14 qu’elle exploite directement, et 55, d’une puissance de 3 à 6 475 kW, qui lui vendent leur production…               

 

 

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