Les roues du Lizon

Article et photos de Annie Duchemin

 

Affluent de la Bienne elle-même affluent de l’Ain, la rivière Lizon prend sa source au village des Crozets d’en haut. Elle est alimentée par de nombreuses sources et sur son cours par différents petits affluents, appelés ici, biefs : bief du Séné, bief de Leschères, bief des Thureys, bief d’Etraz, le ruisseau des Tessonnières. Sur son cours de 12 km, le Lizon arrose les villages des Crozets, Ravilloles, Cuttura, Saint-Lupicin, Lavans-les-St-Claude et Lizon.

L’arrondissement de Saint-Claude comptait plus de 200 usines hydrauliques en 1857. Le Lizon même en alimentait 34 vers 1900 : 15 aux Crozets, 10 à Ravilloles, 3 à Cuttura, 4 à Saint-Lupicin et 2 à Lizon (usines diverses, tourneries, scieries bois et moulins comptant 6 paires de meules). Il était franchi par 33 ponts, passerelles ou passages à gué.

Le point de départ de l’histoire industrielle de l’évolution du Lizon se trouve au lieu dit « Les Lunettes » sur la commune de Saint-Lupicin. C’est là que vers 1880, les frères Tournier de Morez achetèrent le moulin tenu par M. Delatour en 1810, ils le modernisent et le transforment en une lunetterie et une tournerie.

Les frères Tournier construisent un premier barrage-réservoir à Cuttura vers 1903, afin de satisfaire les demandes d’électrification des communes avoisinantes. Ils construiront le deuxième barrage de Ravilloles en 1908 et les travaux dureront deux ans. Ces 2 barrages permirent d’emmagasiner les eaux du Lizon. Les frères Tournier ont été à l’origine également de l’électrification des 6 villages du plateau du Lizon vers 1910 et au début de l’ère industrielle. Puis les usines hydrauliques disparaissent peu à peu et tombent dans l’oubli en 1962.

Egalement au bord du barrage du lac, découvrez le vieux moulin à Cuttura. Cette tournerie de 1880 faisait mouvoir 18 tours pour la fabrication des pipes ; une quinzaine de personnes y travaillaient en louant leur place ! Son canal d'amenée d'eau est d'origine (1880) même si le barrage date de 1903. A l'arrêt depuis 1905, elle a été transformée dès 1990 en restaurant. La roue à augets par-dessus de 3,50 m de diamètre, 1,15 m de large et portant 42 augets, est visible par une vitre-sol et depuis l'extérieur.

Aujourd’hui, quand un moulin reprend vie c’est tout un écosystème qui réapparait. L’utilité d’un moulin est primordiale dans la vie d’une rivière, les équilibres reviennent d’eux-mêmes sans apport de l’homme. Depuis quelques années, un sursaut écologique nous incite à produire avec des énergies renouvelables. Le solaire a été fortement encouragé, l’éolien a du mal à s’imposer, quant à l’hydraulique elle est prise en tenailles entre des écologistes qui souhaitent retrouver « les rivières d’antan », donc supprimer les seuils des moulins, et des politiques qui ne semble pas insensibles à ce que nous produisions notre propre courant électrique. En 2012, ERDF n’aura plus l’obligation d’achat auprès des producteurs privés et les petits producteurs pourront alors acheter et vendre du courant à d’autres compagnies européennes. Le Jura, frontalier, en ce cas est bien placé... affaire à suivre.

Contact : Association La roue du Lizon, 8, route de Saint-Lupicin 39170 Cuttura.

 

 

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