Quelques préoccupations  fortes, doivent guider la restauration de nos moulins

 

Par  Pierre Borios, président ADAM LG

Préserver la diversité en évitant, par économie, par facilité, ou par ignorance, les modèles standards. Respecter l'identité de chacun de nos moulins. Concilier respect du patrimoine, et restauration utile.

Pour cela, il faut réunir tous ceux que concernent les moulins, ceux qui les possèdent, ceux qui savent ou croient savoir, ceux qui financent, ceux qui conseillent et je pense en particulier aux Services en charge du Patrimoine, de l'Environnement, de l'Architecture, de l'Espace rural, du Tourisme, mais aussi propriétaires, associations, chercheurs, etc...

Il nous faut, et sans attendre :

1- mettre en commun nos connaissances, nos lacunes

2- réfléchir et préciser une politique de restauration claire, précise, réaliste, qui se concrétise en règles simples et connues, qui clarifie les rôles de chacun, qui nous conduise à parler d'une même voix, à agir de façon concertée, sans concurrence stérile.

Le moulin à vent est européen, ne tombons pas dans le travers gaulois du particularisme, pire des querelles de compétence. Cette concertation, cette réflexion commune est urgente, nous y sommes tout disposés, nous l'avons proposée, nous l'attendons, nous la souhaitons.

Moulins, Patrimoine, et Développement durable

Les moulins constituent en France le troisième patrimoine en nombre, et c'est le plus varié d'Europe. Ils ont été et demeurent exceptionnellement nombreux en Lot-et-Garonne: plus de 1 000 en 1900, 1 pour 240 habitants; moulins à eau, moulins à vent, moulins-bateaux sur Garonne. Plus de la moitié subsistent.

Fournisseurs d'énergie. Les moulins furent les seuls fournisseurs d'énergie jusqu'à la vulgarisation de la vapeur. Les moulins à eau, même modestes peuvent apporter une contribution significative à la production d'électricité. Plusieurs de nos voisins européens s'engagent dans cette voie.

Acteurs du développement touristique

Ces modestes témoins du passé sont chez nous le plus souvent ignorés, oubliés, négligés. Ils ne sont pas les seuls, tout un petit patrimoine régional partage le même sort : en danger de disparaître. Pourtant cet ensemble nombreux, varié, dispersé, et qui meublait notre territoire, pourrait fort utilement retrouver sa place dans notre paysage; et ceci de façon fort prégnante s'agissant par exemple de moulins à vent, tours Chappe, éoliennes, etc. Utile, en effet, il le serait en enrichissant le tourisme rural dont le Lot-et-Garonne se donne la vocation, par un environnement touristique de proximité. Ce capital ne possède-t-il pas, de plus, et par nature, la précieuse qualité d'être indéfiniment renouvelable... sauf à disparaître du fait de l'homme. Identifier très précisément ce patrimoine, l'empêcher de disparaître afin de le valoriser le moment venu, n'est-ce pas faire œuvre de développement durable !

Cette démarche appelle - plus que des moyens - une mobilisation et des compétences qui débordent largement le ressort des seuls services publics spécialisés et des élus. Associations et Lot-et-Garonnais y apporteraient, eux aussi et volontiers, une contribution pertinente et active. Bien des régions se rêvent un potentiel propre à attirer et retenir le visiteur. Nous possédons cette richesse, accumulée et léguée par nos anciens. Ne la laissons pas disparaître.

Mémoire courte et Ingratitude. Dans notre monde moderne ne survit que ce qui est utile. Le brave baudet sans emploi indisposait par ses braiments; on l'accusait de tous les maux. Que pouvait faire l'âne? Rien, disparaître. Le moulin et sa retenue d’eau gênent; alors on les accuse de nuire aux poissons, voire de provoquer les inondations, de nuire à la biodiversité….

Nos Moulins sont en danger. Espérer le salut de droits « fondés en titre » et de l'intérêt patrimonial est illusoire. Le moulin ne survivra que ressenti comme apportant la satisfaction d'un besoin. A défaut d'une fonction comparable à ce que fut la sienne, un certain nombre peuvent s'engager dans la production d'électricité. Nos voisins européens s'y lancent.

Il est une autre voie, et accessible à tous : le constat est unanime, au moulin, lieu d'émotion, on aime se rendre. Sans doute y retrouve-t-on inconsciemment des sensations si anciennes qu'elles sont ancrées en nous ! Or, notre société a généré des besoins nouveaux, dont un besoin de Loisirs et de Nature. Alors, utilisons ce ressort, faisons revenir au moulin, faisons que la collectivité qui l'entoure se le réapproprie, le fasse sien, et le défende. Les activités à mettre en place sont multiples. Et ceux qui le font le disent, entre hôtes et visiteurs le plaisir est partagé. Et s'il en est qui manquent d'idées, les associations des Amis des Moulins peuvent leur en proposer, et si besoin est leur apporter aide et soutien.

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