Les meules de Cinq-Mars-la-Pile
production et commercialisation
Extraits de la communication de Benoît Deffontaines. Article de 2 pages avec photos.
Cinq-Mars-la-Pile est une
commune de 2 500 habitants environ, en rive droite de la Loire et à une
vingtaine de kilomètres à l’Ouest de Tours. Du point de vue géologique on
trouve dans cette région, sous un banc de calcaire, à 7 ou 8 mètres de
profondeur une argile renfermant des « cailloux » de silex qui ont
été très tôt reconnus de grande qualité pour fabriquer des meules. Les
communes limitrophes de Villandry, Savonnières, Mazières et Pernay se trouvent
également concernés et auront des carrières d’extraction de pierres meulières
exploitées par des perriers de Cinq-Mars.
Les origines. La fabrication de meules de moulins à Cinq-Mars, non
pas monolithiques, mais composées de carreaux de pierres assemblées est peut-être
postérieures au XVIIe siècle.
Un marché passé le 7 juillet 1680 concerne une meule du moulin d’Abas à
charge de fournir pierres de
moulage et plastre. Les carreaux sont acheminés au moulin et assemblés sur
place.
De l’artisanat à l’industrie. Au début du XIXe siècle,
Cinq-Mars compte plusieurs ateliers de fabrication de meules, parmi lesquels
l’atelier Mesnet ou travaille Jean Brisgault
né vers 1756, compagnon maçon, il aurait été le fils d’un meunier
de moulin à vent de Cinq-Mars ! Son fils, également nommé Jean, né en
1799, fonde vers 1825 la première fabrique Brisgault mais c’est son petit
fils, 3e du nom qui fonde la « Société Meulière de Cinq-Mars »
en 1848. A
partir de ce moment la production va connaître un essor considérable sous la
direction de la famille. La société s’appellera successivement
« Grande Société Meulière », « Société Brisgault
Frères & Cie », puis « Fabrique de Meules Garnier-Bergier »
et enfin Garnier-Bergiet-Millet. Cette évolution de la raison sociale de
l’entreprise se fait parallèlement à l’évolution de la cellule familiale
et à l’entrée de gendres à la direction.
La production. Chaque meule sortant de la fabrique est numérotée
chronologiquement et porte le nom de la société, sans doute dès la
constitution de la société en 1848. Selon les relevés connus la production
oscillait entre 1 et 2 meules par 48 h. Environ 40 ouvriers s’employaient aux
divers métiers, charretiers, forgerons, carriers et 40 étaient des tailleurs
proprement dits en atelier. A partir de 1900, la société se diversifie dans la
fabrication de meules pour le broyage des kaolins (porcelainiers de Limoges,
manufacture se Sèvres), ciments, phosphates, chaux, émaux, pâte à papier,
engrais et produits chimiques. Bien que les ventes se concentrent principalement
sur l’Ouest de la France (50% de ses activités), la clientèle provient de la
France entière. Des exportations sont même faites en Hollande, autre pays de
moulins. Brisgault fournit également des meules de moulin à la Marine et à
l’Etat. Les participations aux foires régionales comme grandes expositions
parisiennes sont régulières, leurs concours apportent des médailles d’or,
reconnaissance du savoir faire de la société. En 1900 il est comptabilisé 116
médailles d’or ou d’argent reçues dont une « Médaille d’Or »
à l’Exposition Universelle de Paris de 1855, auxquelles s’ajoutent 6 diplômes
d’honneur.