Les scieries de hauts-fers des Vosges,

 

Résumé d’un article de 5 pages, avec plans et photos, par Bernard Sauldubois

Le massif des Vosges s’étend sur cinq départements,  et trois régions. La scierie vosgienne porte le nom de « haut-fer » du nom de l’outil qui permet depuis le Moyen Age de scier les grumes pour en tirer du bois charpente et planches.

Morphologie d’un haut-fer des Vosges

Sur l’exemple du Haut-fer du Rupt-de- Bâmont, à Saulxures-sur-Moselotte (Vosges)

Un haut-fer est un bâtiment rectangulaire de taille variable, le plus souvent ouvert sur un côté. Le bâtiment est flanqué d’une aire attenante, le « chantier », ou « port » qui permet le stockage des grumes. La scierie est située le long d’un cours d’eau, le plus souvent de nature torrentueuse, coupé d’un barrage et où prend naissance un canal de dérivation alimentant une roue à augets de 4,20 m à 4,50 m de diamètre et 1,10 à 1,20 m de largeur, qui procure l’énergie à l’ensemble de l’installation. Parfois la roue hydraulique a été remplacée par une turbine, souvent de fabrication locale.

La roue et la transmission

La roue tourne, en régime normal, à 16 tours/minute. Elle est alimentée à partir d’un barrage sur la rivière, ici le Rupt, par un canal en pierre prolongé par un chéneau en bois, la « chnâ ». Une trappe disposée en retrait sur le fond du canal permet d’envoyer l’eau sur la roue pour la faire fonctionner.

L’axe de la roue porte un rouet de fosse isolé de la roue par un mur. Il est en fonte avec des dents en bois dur et entraîne un pignon en fonte. Ce pignon entraîne un arbre en acier qui porte à l’opposé une poulie en fonte. Cette poulie entraîne un deuxième arbre en acier par une poulie plus petite : rapport 1 à 2. Cet arbre porte l’excentrique qui actionne le mécanisme d’avancement et, à l’extrémité opposée un lourd volant en fonte muni d’un maneton dans lequel s’engage le pied de la bielle qui actionne la lame de scie du haut-fer.

La scie battante

Le châssis porte-lame s’apparente à une grande scie de scieur de long. Deux montants de sapin de 13 x 15 cm de section  sont mortaisés et boulonnées à deux entretoises formant un rectangle de 1,85 m sur 1,65 portant une lame d’acier acérée de près de 2 mètres de long. Les entretoises sont parfois métalliques, comme dans notre exemple. Un cadre fixe, les « tâches », délimite la course et sert de glissière au cadre mobile de la scie. La lame ne scie qu’en descendant alors que la grume est immobile sur son chariot  momentanément arrêté. Lorsque celui-ci avance de nouveau, la lame remonte à vide dans le trait de scie qu’elle vient de faire. A cet effet la denture est dirigée dans un seul sens, vers le bas, et la scie est légèrement inclinée.

Le chariot

La scie est approvisionnée par un chariot porte- grume. Il est constitué par 4 grosses pannes carrées en sapin, les « pennes », non jointives pour laisser passer la lame et permettre à la sciure de s’évacuer. Celles  du Rupt-de-Bâmont sont parmi les plus grandes de la région  et permettent de scier des troncs de 9 m. Le chariot possède des accessoires, « plaques à crans », « patins », « griffes », « bois de griffes », « rouleau », qui permettent une bonne assise de la grume sur le chariot. Un dispositif automatique arrête le chariot et la scie en fin de sciage.

Le mécanisme d’avancement

le mécanisme d’avancement comprend les organes un rouleau en bois qui entraîne le chariot par friction. Il est lui-même entraîné par une grand rouet de 1,40 m de diamètre, portant 150 dents et dont l’arbre, commun avec le rouleau, est fixé au plancher. Le grand rouet engrène sur un pignon plus petit de 0,50 cm de diamètre, le « rouot » solidaire d’une poulie à gorge dans laquelle vient s’engager une pièce de bois de hêtre formant butoir, le « boiteux » dont le profil correspond exactement à celui de la roue à gorges. Le « boiteux » est actionné par une sorte de bielle, le levier d’excentrique commandé par un excentrique situé sur l’arbre moteur, dans la cave. Voici l’explication technique donnée par J.L. Boithias et M. Brignon dans leur ouvrage  Les scieries et les anciens sagards des Vosges : « dans la phase ascendante du mouvement oscillatoire, le « boiteux » agit par coincement est provoque la rotation de la poulie de quelques millimètres ou centimètres suivant le réglage adopté. En phase descendante, il tend à se dégager et l’effet ne se produit plus. Le chariot est alors bloqué quelques secondes temps que le fer met à profit pour attaquer la grume. Du réglage de la tringle de l’excentrique sur le bras de levier dépend donc la quantité de mouvement imprimée à la roue à gorge, de là au rouet puis au grand rouet, enfin au rouleau, d’où découle finalement la vitesse du chariot…

*La suite de l’article reprend la visite de différentes scieries des Vosges…

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