Moulins
et usines hydrauliques du Bas-Rhin visités
par
les congressistes
Les
« rues du Moulin » et toponymes
en « muhl » comme «
Wangenmuhl» (moulin de Wangen) ne
donnent aujourd'hui
qu'une faible idée des 1650 moulins
qui durant des siècles ont généré de l'énergie en Alsace pour la
production de farine, et autres produits
alimentaires, ou pour faire tourner les machines
de ses industries, filatures, tanneries, etc... Les Amis des moulins ont eu la
chance de visiter durant leur séjour un grand nombre de sites, très représentatifs
de l’industrie hydraulique du Bas-Rhin. Un moulin équipé d'une
roue à aube se traduit par Mühle
mit Wasserrad ou encore "Wassermühle" (moulin à eau). La force
hydraulique peut se traduire par Wasserkraft et l'usine hydraulique par "Wasserkraftwerk",
une scierie = Sägemühle, une forge = Hammerwerk, un, moulin, à aiguiser =
Schleifmühle, un moulin à huile = Ölmühle et un moulin à farine = mehlmühle
Hurtigheim est situé à 10 km
à l'ouest de Strasbourg. On a l’impression d’être dans un village
traditionnel, comme on aime se représenter l’Alsace. Une
roue à aube tourne devant le moulin
pour le plaisir des yeux, une collection
de meules entoure la maison alsacienne.
Tout cela s'intègre bien dans
ce décor qui fait songer aux
moulins à eau traditionnels. Le
moulin a été fondé en 1930 par M.
Giess, meunier. Avant la deuxième
guerre mondiale, le moulin ne faisait que de l'échange blé-farine.
Après agrandissement et
transformations le moulin a été entièrement
électrifié, et l'activité s'est
tournée vers le commerce avec une clientèle de boulangers-pâtissiers.
Roger Becker est propriétaire du moulin
depuis 1970, il a transformé et
agrandi les installations telles qu'elles
sont actuellement. Ses fils Raoul et
Thomas ont repris le flambeau. Ce moulin est toujours en activité grâce
au travail acharné de ses exploitants : «
la préservation du savoir-faire est pour nous aussi importante que la préservation
du patrimoine » explique Roger Becker, à ses visiteurs. C'est
l'un des derniers moulins travaillant d'une façon artisanale.
Klingenthal, Manufacture Royale d’Armes Blanches
Klingenthal, petit village dans la vallée de l'Ehn
non loin d'Obernai, a une histoire singulière.
En effet, sa naissance et son développement sont
étroitement liés à la création d'une manufacture : la
première
Manufacture Royale d'Armes Blanches du royaume de France, fondée en 1730 à la demande de Louis XV. On
débaucha des ouvriers de Solingen dans la Ruhr, en leur offrant divers avantages. Le
choix du lieu se fixa où le cours de l'Ehn, disait-on, ne gelait
ni ne tarissait. De
1765 à 1774, moins de 200 ouvriers
produisirent 80 000 baïonnettes, 84 667 sabres, 2 000 montures, 6 426 lames. La Manufacture connut un regain
de gloire avec les guerres de la Révolution
et de l'Empire, mais, victime de la révolution industrielle, ferma ses portes
en 1836. Par la suite, des
entrepreneurs reprirent les bâtiments pour fabriquer faux et faucilles, ainsi
que des armes blanches pour l'escrime. Ils fermèrent définitivement en 1962. Aujourd'hui,
l'Association pour la Sauvegarde du Klingenthal
est heureuse de faire découvrir une
formidable page d'histoire. Pour informations : Association pour
la Sauvegarde
du Klingenthal 2,
rue de l'Ecole 67530 - KLINGENTHAL Tél
: 88.95.95.28 ou 88.95.93.23.
Au fil des rues, Wasselonne et ses
industries
Le bourg de Wasselonne, en 1732, comptait deux cent
soixante-huit maisons d’habitation et Brechlingen, son annexe, cinquante et
une maisons. Il est fait mention de la grange dîmière (Zehender-Scheuer) et
pour certaines propriétés de moulins (Mehlmühle, Lohmühle,…) ou de
tanneries (Gerberhaus) se trouvant les unes à côté de la maison
d’habitation, d’autres isolées de la demeure du propriétaire, qui parfois
servait aussi d’auberge. On comptait alors à Wasselonne quarante-huit propriétés
bâties privées occupant d’un quart d’acre à plus de deux acres, c’est-à-dire
cinq à quarante ares et qui appartenaient à des meuniers, tanneurs,
cultivateurs et autres bourgeois aisés, dont nous citerons, par ordre
d’importance , les noms de Baur, Trumpff, Klein, Schwartz, Bury, Rothan,
Herold, Ebel, etc,… » Une visite pédestre à permis la découverte de
quelques sites.
Domaine de la Papeterie
Pasquay, à Wasselonne
Le
domaine des anciennes briqueteries-tuileries Pasquay occupe le fond de la vallée
de la Mossig à 2 kilomètres en amont de Wasselonne. L’activité
de ces moulins changeait au fil du temps, au gré des propriétaires et des
conjonctures économiques : moulins à huile, à farine, à tabac à
priser, à garance, à papier, etc. C’est un moulin à papier fondé en 1716
par Benjamin Bury qui a donné au site son nom : la Papeterie. Sa fille,
Anne Marie hérite par donation d’un moulin à huile et à farine. Elle épouse
Joseph Pasquay, fabricant de tabac à Strasbourg, qui installe sa fabrication de
tabac dans le moulin à huile. Elle hérite ensuite de son frère de la fabrique
de papier, papiers peints et indiennes. Son fils, Joseph Pasquay II épouse sa
cousine Marguerite Pasquay qui possède l’entreprise strasbourgeoise (laine et
tannerie). L’entreprise wasselonnaise fusionne avec la strasbourgeoise mais
abandonnera bientôt les activités de Strasbourg pour développer celles de
Wasselonne.
Sur
le site, en 1790, les activités sont multiples : papier, papiers peints,
tabac, garance, blanchissage de tissu. La Révolution donne un grand coup de
frein à toute l’économie. Toutefois, en 1804, l’aménagement de la route
de Paris à Strasbourg donne à Wasselonne un nouvel essor. Les fils de Joseph
Pasquay II installent une filature de laine à l’emplacement du moulin à
tabac. La production de papier concurrencée par la fabrication mécanique moins
chère, s’arrêtera en 1851. La production de garance exportée dans toute
l’Europe s’arrêtera en 1876 lorsque la chimie allemande réalisera la synthèse
de l’alizarine.
Malgré
l’avènement de la machine à vapeur, deuxième moitié du XIXe siècle,
puis celui de l’électricité début XXe, la force hydraulique resta utilisée
dans la fabrique de calorifuges et dans la briqueterie-tuilerie jusqu’à la
cessation des activités en 1954.
Le
moulin de
Schwindratzheim était la propriété
des comtes de
HANAULICHTENBERG.
Il était destiné à produire de la farine, mais aussi de l'huile et broyer du
chanvre dans les bâtiments situés sur la rive droite de la Zorn vers
la route de Mutzenhouse.
Pendant la Révolution le moulin a été confisqué comme bien national
et exploité en communauté. Le
6 Septembre 1869 la propriété a été
vendue à la famille du propriétaire
actuel.
En
1869 le moulin avait 5
tournants, 4 broyeurs de chanvre 1
broyeur de gypse et un moulin à huile avec 4 presses, ainsi qu'une machine à
battre les grains et une exploitation agricole. Au cours des années 1880 une partie des roues à aubes a été remplacée
par une turbine hydraulique de 40 CV
(30KW) qui tourne encore de nos jours.
Le
19 octobre 1905 un incendie a détruit le moulin à farine et
la maison attenante. Le moulin à huile a même été exploité jusqu'en 1958 . Le
1er Juillet 1950 a commencé une nouvelle activité avec l'installation
de la
société MAFRABO (manufacture
française de bonneterie fine) dans les anciens bâtiments de l'exploitation
agricole, pour la fabrication de
lingerie féminine. L'effectif
comptait 50 personnes et la turbine hydraulique avec son alternateur fournissait
le courant électrique pour les besoins de l'usine. Cette activité a
continué jusqu'en 1987.
Actuellement
tout l’équipement hydroélectrique continue à produire l’électricité nécessaire
au confort domestique du propriétaire.
Selon
une requête présentée en 1694 par son meunier, ce moulin est situé dans le
ban de Marlenheim, près de Kirchheim.
Au XVIe siècle,
et ensuite régulièrement il
est agrandi et transformé au
rythme des
progrès techniques, et des exigences de la production jusqu'en 1923,
date à laquelle il devient propriété agricole et familiale. En
bordure de la rivière Mossig et de l'une de ses dérivations, il ne subsiste
plus aujourd’hui que les ventelleries, les bâtiments d'eau, quelques mécanismes,
d'anciens hangars et magasins de fourrage, les bâtiments de meunerie et
d'habitation, dont la « maison d'été »
construite à la fin du XVllle siècle.
Moulin
« Langmattermühle » ou « Kreuzmühle », Schoenbourg, dans vallée de la
Zinsel.
L'ensemble
actuel est le résultat d’une longue évolution industrielle. Un premier
moulin construit sur un fonds seigneurial en 1728 ou avant, s’élevait cent pieds en amont du site actuel. Celui que nous
voyons aurait été construit en 1760. En
1860, le moulin était équipé 3 roues à augets entraînées par une chute
d'eau de 3,77 m. L’ensemble faisait mouvoir 2 paires
de meules et des fouloirs, sans doute pour produire
le tan Le bâtiment du moulin à blé a été surélevé en
1908, et le moulin à meules transformé en minoterie à cylindres ; Chrétien
Rieb installe un équipement Schneider et Jacquet ; broyeur à cylindre, plansichter,
élévateurs, organes de transmission, roues dentées, engrenages. Le moulin à
blé cesse de fonctionner en 1924, la scierie arrêtera toute activité peu
après la Seconde Guerre
mondiale. Les deux ensembles ont gardé une partie
de leurs appareils.
Cité
en 1630 comme moulin à farine
possession du duc de Lorraine, en
plus s' y trouvaient un moulin à écorce et un moulin à foulon ; le moulin à
écorce était utilisé pour broyer les écorces de chêne, matière première
pour le tannage du cuir ; le moulin à foulon ou à drap était un système de
battage pour nettoyer et dégraisser les étoffes. A
la Révolution il est vendu comme
bien national. Vers
1850, il possédait 5 tournants (roues à aubes à axe horizontal) pour 3 moulins
alimentés par un même barrage très
long (156 m). Au 19e siècle,
l'activité bat son plein, avec toujours un moulin à farine, un à tan et un foulon. En
1963, le père de Madame Martin, Auguste
Pracht, cessa son activité de meunier. Depuis, sa famille s'efforce de
conserver cet édifice en résidence, toujours flanqué de deux grandes
roues à eau. Les bâtiments semblent
dater des 18e et 19e siècles
Les documents existants permettent d'affirmer que le moulin était déjà en activité en 1597, et qu'il est resté entre les mains de la famille de meuniers Muller jusqu'au décès de Jean-Daniel en 1689. Depuis 1975, il appartient à M. Roger Roeser, meunier. Le moulin est toujours actionné par la force motrice de l'eau (turbine) avec un énorme barrage. Les visiteurs remarquent, d’entrée, l’exceptionnel état de propreté et d’entretien des machines du moulin. A proximité, dans la cour, une petite auberge gérée par la famille du meunier propose aux visiteurs sa spécialité, la tarte flambée, la fameuse « flammekueche ».
Obere Mühl ou
Moulin-Haut de
Lutzelbourg - Cristallerie Wurm
Des textes anciens attestent l'existence dans cette ville de
plusieurs moulins à eau depuis 1240 sur la Zorn. Les "moulins banaux"
de Phalsbourg sont cités à Lutzelbourg en 1574/1575 (Archives du
Bas-Rhin) .
Le moulin-Haut
est également mentionné.
En 1834, le Moulin-Haut figure sur le plan
cadastral, ainsi que deux autres moulins. Avant 1859, l'ingénieur du service hydraulique mentionne "trois paires de meules sur trois tournants à palettes
planes". Les archives départementales
de la Moselle possèdent un dossier du Moulin-Haut
de 1859. Le 7 avril 1932, le moulin-haut, lors de l'adjudication des
biens de Mme Veuve Glaesser est acheté par Monsieur Wach. A son tour, le 21 juin
1967, Monsieur Jean WURM, venu de Bohème achète à Monsieur WACH le moulin arrêté
depuis plusieurs années et en très mauvais état. Il restaure le bâtiment et
installe une entreprise de taillerie sur cristaux, verres, coupes, lustres fait
main, sa spécialité est la taille dite de « Bohème ».
L’entreprise se développe. En 1983, pour remplacer les trois roues à eau,
monsieur Wurm décide d’installer une turbine hydraulique de la
société Leroy-Somer. Cristallerie
WURM
163 Rue Ackerrnann - 57820
Lutzelbourg tél:
03 87 25 30 66
Waldolwisheim est un petit village du canton de Saverne. Le
moulin Mosselmühle est situé à la limite nord du ban communal
sur la rive droite de la Mossel également
dénommée Mosselbach. Il est cité dans l'inventaire des moulins de 1773 comme
« existant depuis des temps immémoriaux ». A cette
époque il possédait deux tournants. En 1770 le meunier de l'époque,
Jean Kremer, demanda le curage du Mosselbach. Les
bâtiments actuels datent de 1838.