3 – Gard - La restauration du moulin de la Mouleyrette à Colognac
Résumé d’un article de 2 pages avec plan en coupe
du moulin et photos, par Jean-Louis DESVIGNES Président de l’association pour
la restauration du moulin de la Mouleyrette
E. Mail : moulin.mouleyrette@free.fr
- Site Internet : moulin.mouleyrette.free.fr
La commune de Colognac est riche d’un très ancien
moulin à eau, bâti à flanc de côteau, quelques dizaines de mètres sous la
route qui va de Colognac au col du Rédarès, au
bord de la rivière de Coulègne.
Ce moulin a fonctionné jusqu’à la fin du XIXe
siècle.
Le bâtiment était encore presque intact vers 1960, mais, déjà
à moitié écroulé dans les années 90, il aurait été irrécupérable en
l’an 2000 sans l’action de l’association de sauvegarde « le Moulin
de la Mouleyrette », l’intervention de la commune, et les aides du
Conseil général du Gard, de la Région Languedoc-Roussillon, du Parc National
des Cévennes et de l’Etat.
Le moulin actuel a probablement été bâti entre
1586 et 1596, époque où Sauveur de Falguerolles rachète les droits et places
d’un moulin plus ancien, ruiné, pour 30 écus, tandis que son fils David fait
construire le premier mas de la Mouleyrette, qu’il vend, sans moulin, avant
1638.
Il est probable que ce moulin, qui s’appelait alors
« moulin de Perrache », était exclusivement destiné aux moutures
des divers domaines de la famille étendue des Falguerolles (plus de six mas !),
pour éviter d’avoir à recourir aux autres moulins du village (au moins
trois), tous taxés par le seigneur de Colognac.
Le moulin est un moulin bladier (pour la mouture des
céréales : blé, seigle, orge) à deux « roudets » qui entraînent
directement les meules. Ce système, simple, et peu fragile est particulièrement
bien adapté aux « valats » cévenols, dont le débit est faible en
été, mais peuvent très brutalement grossir.
La particularité du moulin de Colognac, est que les
deux jeux de meules sont alimentés par le même courant d’eau et disposés
« en batterie », dans deux bâtiments jointifs mais distincts. Cette
disposition permettait d’utiliser au mieux le site encaissé, et de moduler
l’activité suivant la saison et l’affluence.
On peut se demander aussi si cette disposition n’a
pas servi à moudre séparément, avant 1789, les grains venus de Monoblet et de
Colognac. En effet, le ruisseau servait alors de limite entre ces deux paroisses
qui dépendaient à l’époque de deux diocèses différents. Elles n’avaient
ni les mêmes mesures, ni les mêmes taxes, ni les mêmes seigneurs, ce qui
devait singulièrement compliquer la tâche du meunier et la vie des habitants !
L’abandon ancien du moulin inférieur, après la Révolution, semble plaider
dans ce sens. On le voit : ce moulin présente un double intérêt,
technique, pour son architecture et historique, pour le village.
A la fin du XVIIe siècle, il est acquis
par le propriétaire du mas de la Mouleyrette, dont le fermier sera désormais
en même temps meunier pour le village, pendant deux siècles.
Son activité baisse sous le Second Empire, il
s’arrête vers 1890, son mécanisme est démonté en 1902.
Presque cent années passent…Il est peu à peu
oublié des habitants du village. Dans les années cinquante, il n’est plus
visité que par les enfants du village...
En 1968, la commune rachète les parcelles, en vue
d’un aménagement de baignade… qui ne peut être réalisé. Il disparaît
alors sous le lierre, le pont s’écroule, la toiture s’effondre. A la fin
des années 80, il est en ruines.
En 1990, deux vacanciers venant du Nord, région ou
l’on sauve des moulins, sont enthousiasmés par le site et suggèrent de le
restaurer avec l’aide de « Camps de jeunes volontaires ».
L’idée fait son chemin et, en 1991,
l’association de sauvegarde « Le moulin de la Mouleyrette » est
fondée par un groupe d’amis du village et des estivants. Une convention est
signée avec la municipalité, complétée en 1993 par une délibération au
terme de laquelle la commune, propriétaire, se charge de la maîtrise
d’ouvrage des parties soumises à permis de construire.
Peu à peu, le vieux moulin réapparaît.
1993 : Nettoyage des abords et des accès, sauvegarde des parties ruinées.
1994 : couverture du moulin supérieur,
reconstruction de l’escalier.
1995 : reconstruction du mur de soutènement.
1996 : débroussaillage et remise en état de
l’ancien chemin.
Puis, ces travaux achevés, la municipalité, maître
d’ouvrage, en accord et avec la collaboration de l’association, maître d’œuvre
délégué, s’engage dans la recherche de subventions et de spécialistes pour
la poursuite de la restauration. .
1997-98 : relèvement du vieux pont d’accès,
sur la rivière la Coulègne.
1999-2000-2001 : entretien des parties réhabilitées,
et suivi des dossiers.
2002-2003 : Travaux pour la reconstruction du
moulin inférieur, la réalisation et l’installation du mécanisme complet
dans le moulin supérieur, roues et meules sont
terminées.
Aujourd’hui il nous reste à aménager un chemin
d’accès au moulin et un parking pour les visiteurs. Nous pensons que d’ici
deux ans, le moulin pourra être ouvert au public.