39 - Réhabilitation d’un moulin. Transformation en pico-centrale. Albert
Higounenc
Article
de 9 pages avec photos de l’auteur
Fin 2011, après les travaux de réhabilitation de la maison qui était
devenue un moulin «pot de fleur «, je décide, compte tenu du vent de panique
(directive BORLOO, 2010) qui soufflait un peu partout en France, de réhabiliter
le système hydraulique et donc de remplacer en premier lieu le vannage ancien
hors d’usage. J’ai choisi alors de conserver son emplacement initial ainsi
que les crémaillères et les boitiers de commande. Je remplace le bois par du
métal et ne conserve que la pièce d’appui en bois, en bon état, au fond de
l’eau. Ne souhaitant faire aucune demande de travaux en rivière, je ne
pouvais donc pas construire de batardeau et les
travaux de vannage devaient être réalisés en eau. Les poutres et poteaux
de l’ossature sont construits en profilés du commerce, entièrement
galvanisés, les portes sont en aluminium de
10 mm d’épaisseur renforcées par des raidisseurs. Ne pouvant utiliser
l’ancien système anti soulèvement de l’ensemble, j’ai réalisé, dans le
mur de la bâtisse et dans l’avant bec, des ancrages horizontaux de type
actifs que j’ai ensuite injectés après mise en
tension. Une fois cet ouvrage réalisé, je pouvais donc fermer l’entrée
d’eau et procéder au curage de la chambre à eau. Lors de cette deuxième
phase de travaux, je découvris une astucieuse installation de décailloutage,
de dégravillonnage et de dessablage. Il a fallu remonter « à la main » plus
de 10 m3 de sédiments soit environ 1 000 seaux de maçons, opération à
l’issue de laquelle je pus enfin apercevoir les clapets de la turbine ainsi
que les
directrices.
À partir de ce moment, le système hydraulique est considéré en mesure de
fonctionner, je peux donc respecter le débit réservé surtout en période
d’étiage en fermant totalement le vannage d’alimentation du système. En
période de crue je dois également fermer le vannage pour éviter
l’inondation de mes dépendances, ce qui permet de recentrer l’écoulement
de la rivière sur le seuil et donc d’éviter les atterrissements de
sédiments devant mon vannage.
Je mets à profit les années 2012, 2013 et 2014 pour faire des mesures de
vitesse d’eau, de débit et de hauteur. Je fais beaucoup de relevés que je
compare à ceux de la station de mesure en amont de mon moulin. Je relève aussi
à divers débits montants et descendants les hauteurs d’eau à l’amont de
la grille et à l’aval du déversoir de la chambre à eau. Je note également
toutes observations à propos du comportement de la rivière en phase de crue et
d’étiage. Je procède à l’amélioration de l’étanchéité du vannage en
installant en pied de portes
des bavettes en caoutchouc suspendues par des chaines qui lorsque la porte
arrive en contact avec la pièce de bois en fond de rivière, les bavettes
s’appuient sur le fond et suppriment une
partie des fuites.
En 2014 je procède à une consultation d’entreprises et de fournisseurs
pour obtenir des prix mais aussi des solutions techniques. Plusieurs
possibilités ont été étudiées : une roue de type ZUPPINGER, l’équipement
de la turbine actuelle avec multiplicateur et alternateur, le remplacement de la
turbine actuelle et enfin la fourniture de turbines de tous types en accord
avec le débit et la hauteur de chute exploitables (de 0.80 à 2.40 m3/s de
débit et de 1.60 à 2.00 m de hauteur de chute).
Le choix de l’équipement
Le remplacement de la turbine actuelle par une turbine rénovée de même
type était
impossible du fait de l’inaccessibilité au site pour une pièce monobloc
beaucoup trop lourde et trop encombrante. Les solutions de fourniture de
turbines modernes se sont heurtées elles aussi au problème de l’accès, ni
un camion de 5 tonnes ni une grue ne peuvent accéder devant la maison en raison
de l’étroitesse de la rue. Tout doit être réalisé en transport avec des
véhicules légers < 2.00 m, et pour l’accès sous la maison tout doit
passer par une porte
de 770 mm ouverte dans un gros mur. Il restait donc 2 solutions possibles,
l’équipement de la turbine actuelle et la solution des groupes «bulbe»
compact. J’ai choisi la solution proposée par TURBIWATT car je pouvais
installer dans le mur de la chambre à eau, 2 groupes séparés par une vanne de
vidange de fond. De plus cette implantation me permet de conserver l’ancienne
turbine FONTAINE et me laisse la possibilité de réinstaller toutes les tiges
de commande des vannettes qui ferment les directrices. Ces tiges vont avoir une
autre utilité, ce sera de «casser» l’effet Vortex qui se produit
quelquefois. Compte tenu du débit maximal dérivé de 2.455 m3/s, je réserve
à la turbine FONTAINE 0.80 m3/s comme spécifié d’une part dans une notice
technique et relevé d’autre part dans les états statistiques déclaratifs.
Je peux donc prévoir d’alimenter chacun de mes groupes « bulbe » avec 0.80
m3/s au maximum…