Les
moulins de l’Orne dans le contexte pré-industriel et industriel du XIXe
siècle
par Patrick Birée, doctorant.
Extrait
d’un article de 6 pages avec cartes et graphiques, et 1 photo.
La première grande enquête
d’importance nationale est initiée en 1809, mais elle s'inscrit dans un long
processus d'enquêtes lancées après 1789, soit de portée nationale, soit de
dimension départementale. Peu concernent d'ailleurs les moulins (seulement 2 au
niveau national, en 1793 et 1809) et souvent les rapports départementaux
ignorent les moulins, que ce soit dans la partie « Agriculture » ou
dans la partie « Industrie » (hormis les forges), comme s'ils
faisaient tellement « partie du décor » qu'on omettait de les
mentionner !
La première enquête nationale les intégrant
fut initiée par la Commission des subsistances en date du 3 décembre 1793 (13
frimaire an II) dans laquelle les administrateurs de districts devaient
recenser tous les moulins existant dans la République. Pour l'Orne, quelques réponses
de districts datées de 1794/1795 sont conservées, mentionnant « les
moulins et usines »
Ce terme souligne l'ambivalence de ces
lieux de production : on n'évoque pas ici les meules, mais « les
tournants », le fait que des machines « tournent ». La
polyfonctionnalité du moulin est sous-entendue, car celui-ci n'est pas
seulement le moulin à grain.
Le préfet Lamagdeleine (en poste dans
l'Orne de 1800 à 1814) est à l'origine de plusieurs mémoires statistiques[1].
Un de ceux-ci, probablement réalisé vers 1801-1802, fournit de précieux
renseignements sur les types de moulins dans leur forme pluri-fonctionnelle (les
données sont valables pour la période 1789-1800) et sur les employés de ces
établissements. Mais il différencie ces deux niveaux de renseignements :
d’abord il compare le nombre des différents métiers dans le département
entre 1789 et 1800 (donc les employés des moulins, quel que soit leur type) et
de l’autre uniquement le nombre des moulins en 1800. Néanmoins, les
renseignements fournis sont très précieux car c’est la seule donnée
statistique concernant la fin de l’Ancien Régime.
Pour les moulins, les plus nombreux
sont les moulins à grain au nombre de 587 (88% du nombre total), largement
devant les 46 moulins ou « tournants » des 16 forges (terme générique
pour dénommer les établissements relatifs à la production métallurgique,
composés des haut-fourneaux, des grosses forges et des fenderies) situées dans
le département, 12 moulins à foulons, 12 moulins à papier et 11 moulins à
tan.