Louis Joseph Auguste Doris meunier et rhabilleur de meules dans le pays oizéen, à la fin du XIXe - début XXe siècle, par Gérard Plommée.

Extrait d’un article de 2 pages avec photos

Autrefois, nombre de meuniers effectuaient les opérations de maintenance de leur moulin : réparations des éléments en bois principalement, et parfois rhabillage des meules. A la fin du XIXe siècle, certains des derniers meuniers, tout en continuant à moudre avec leurs meules allaient de moulin en moulin rhabiller les meules encore en activité.

Louis Joseph Auguste Doris est né le 14 avril 1861 à Savigné-sous-Le-Lude. Il commence à travailler comme meunier à Aubigné-Racan. En 1893, Louis Doris s’installe comme meunier au moulin de Requeil, sur le ruisseau du Casseau.

Parallèlement à sa profession de meunier à Requeil, il mène une seconde activité ; il va, à la demande, dans les moulins des environs pour rhabiller les meules. Cette tâche est très technique, il devait la connaitre particulièrement bien pour être appelé par ses pairs ? Le rhabillage des meules est un travail de précision. Il présente aussi le danger de recevoir des éclats de silex dans la peau des mains et dans les yeux. Au milieu du XIXe siècle, les gendarmes à cheval, parcourant ces chemins de campagne, différenciaient rapidement les véritables rhabilleurs des « chemineaux errants » à la vue des multiples points bleus incrustés sous leur peau des mains3. Cette activité de rhabilleur s’exerçait alors dans le cadre de la loi du 22 juin 1854 et de son décret d’application du 30 avril 1855. Le rhabilleur était tenu de posséder un livret spécial, délivré par sa mairie de domicile et d’y noter tous ses déplacements. Ce carnet était visé par les maires des communes ou se trouvaient les moulins visités. Ce carnet officiel était un véritable passeport intérieur comme le dit le décret de 1855 en son article 11.

Notre meunier-rhabilleur Louis Doris, partant de Requeil, se rend à Mansigné, à pied, au moulin de Marolles tenu par le meunier Henri Morand, entre 1906 et 1911 ; ainsi qu’au moulin de la Chesnaie, tenu par le meunier François Pasquier. Mais en 1921, seul le moulin de la Chesnaie continue à moudre avec Gustave Pasquier, sur le territoire de Mansigné. A Saint-Jean-de-la-Motte, au moulin de la Motte, le meunier Auguste David, poursuit son activité jusqu’en 1906 ; et au moulin de Saint Jean, le meunier René Cougné s’arrête lui aussi en 1906.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les petits moulins parviennent à vivre de leur activité traditionnelle d’écrasement des céréales. Tous ces moulins du Fléchois seront mis au chômage par la minoterie des Belles Ouvrières située commune de Clermons-Créans, tenue par la famille Chaligné : une grande lignée de meuniers depuis au moins le XVIIIe siècle.

Louis Joseph Auguste Doris exerça sa profession de meunier-rhabilleur de meules jusque dans les années 1920, puis se retira avec son épouse au lieu-dit La Brunerie à Mansigné ; il y décède le 13 octobre 1936, à l’âge de 75 ans.

 

 

 

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