La
3e vie du Moulin de Lespinasse à St-Forgeux-Lespinasse
Article
de 2 pages avec photos par René Fessy, avec la collaboration de Paytrice Cadet
Un
peu d’histoire
L’existence
du moulin de Lespinasse est antérieure a 1600. Il figure sur les cartes de
Cassini et sera transmis de père en fils jusqu’en 1952, et finalement échoit
à Patrice Cadet actuel propriétaire. Le moulin cessera son activité en 1988,
date à laquelle le contingent ne sera pas vendu et par conséquent le moulin
pas désarmé. A la fin, il produisait que très peu de farine panifiable
(contingent de 2 673 Qx), mais faisait de la farine pour satisfaire aux
besoins des éleveurs de Charolais environnants. La machinerie avait été
modernisée en 1923. La dernière meule avait été remplacée par un broyeur à
marteau en 1974 .
Sa
nouvelle destinée
La
turbine de type Ossberger de 23,5 CV installée en 1967, possède un bon
rendement avec des débits et une hauteur de chute faible. Elle a été remise
à neuf au début de l’année 2010 et peut produire de l’électricité
“verte” en fonction du débit très irrégulier de la rivière mais toujours
plus important l’hiver. Le débit moyen de la Teyssonne est de 300 l/s et la
hauteur de chute n’est que de 3,5 m. La vente de l’électricité produite
seulement 8 mois sur 12 aurait été plus rentable que son utilisation pour le
chauffage. Patrice Cadet a retenu pourtant la deuxième solution. Une mesure
sage qui permet ainsi d’économiser l’eau de la Teysonne et de respecter les
rythmes biologiques saisonniers de la rivière puisqu’il n’y aura aucun
turbinage en été quand les eaux sont basses.
L’étude
faite par la société EREMA (Etudes, Réalisations, Maintenance, Automatismes)
début 2010 pour le chauffage hydro-électrique laisse apparaître une réduction
annuelle de 85% du gaz à effet de serre, soit approximativement 8
t/an, par rapport à la consommation des trois appartements attenants chauffés
au gaz actuellement. Le coût de l’installation s’apparente à celui d’une
chaudière au bois granulé pour une habitation. Le calcul des charges
comprendra naturellement l’investissement, mais il permettra de pallier le coût
croissant de l’énergie et permettra inéluctablement une économie. Patrice
Cadet se félicite de l'aide de cette entreprise spécialisée dans les travaux
d’automatisme pour l’exploitation des centrales hydroélectriques installée
à Herbeys (38) près de Grenoble et aussi de celle de Philippe Demachy, son ingénieur,
qui a permis de faire aboutir le projet. EREMA qui ne s’intéresse pas
habituellement à de telles installations, a communiqué, gracieusement, à deux
artisans locaux : l’électricien Adrien Polette et Bruno Meunier
plombier, toutes les informations utiles à la réalisation de l’ouvrage. Elle
leur a donné également son accord pour réutiliser le procédé ainsi que le
logiciel de contrôle, ce qui mérite bien d’être souligné !
Patrice
Cadet, son propriétaire
Chercheur à l’IRD
(Institut de Recherche pour le Développement), spécialisé dans les parasites
racinaires des plantes appelés « nématodes », ravageur des
cultures vivrières et industrielles, il a été affecté essentiellement en
Afrique (Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina Faso, Afrique du Sud) mais aussi
dans les Antilles Françaises. C’est au Sénégal, dans la zone soudano-sahélienne,
semi-désertique, que l’on peut toucher du doigt l’impact du réchauffement
climatique sur les hommes, la faune et la flore. En retraite et disposant d’un
ancien moulin par héritage, il lui est apparu impératif d’apporter sa
modeste contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est la
raison pour laquelle il a répondu à l’appel d’offres. Ce projet pilote a
eu le soutien de la Région Rhône-Alpes et le concours de la Société Générale.
La subvention accordée lui a permis ainsi d’atteindre son objectif. Patrice
Cadet est secrétaire de l'association de sauvegarde des moulins de la Loire
fondée par Isabelle Jonnard et affiliée à la FFAM.