Loire - Le moulin de Cornillon à Mably

Article de 2 pages avec photos par René Fessy

 

En 1858 est construit un moulin dit de Cornillon sur la propriété du Comte Anglès. Celui-ci se compose d’un bâtiment d’habitation, de l’exploitation, d’une cour, d’une écurie, d’un hangar, d’un pré et d’une pièce d’eau.  Le 11 avril 1861 le moulin est vendu à Philibert Thivind et Antoinette Sellier son épouse (Philibert a été maire de Mably). En 1883 Georges, François et Claudia, trois de leurs quatre enfants en deviennent propriétaires.  En 1887, Georges est le dernier et seul propriétaire. Il revend le moulin en 1892 à François l’un de ses frères, à sa sœur Claudia et son mari François Chollet.

Le couple Chollet restera le seul propriétaire jusqu’en 1926 avant de faire un bail à leur fils Joanny qui sera maire de Mably en 1944. Marié à Augusta Maître leur fils Maurice Charrier-Chollet hérite du moulin. Maurice marié à Odette Grand aura trois filles Jany, Françoise et Marie-Claude. En janvier 1969, Françoise reprend l’activité meunière avec son mari Gilles Farama.

Le 31 mars 2001, arrêt de la production de farine. Une restructuration de la meunerie permettra alors la fabrication d’aliments pour bétail. En novembre 2008, signature d’un bail emphytéotique avec les frères Durand pour la production d’électricité, début des travaux en mai. Février 2009 : mise en route de la première turbine de la micro centrale hydroélectrique suivie de la seconde en octobre. Le 31 mars 2010 départ à la retraite du couple Farama.

Lorsque l’on rencontre Françoise et Gilles Farama, on mesure, au-delà de la nostalgie de l’activité passée, combien ils sont attachés au Moulin de Cornillon. En effet c’est toute l’histoire d’une famille qui se déroule depuis 1861... Ils sont les derniers à avoir moulu le grain, en 2001 la restructuration de l’entreprise les oriente vers la production d’aliments pour bétail. Ils cesseront définitivement leur activité le 31 mars 2010. Avant de faire valoir leur droit à la retraite, ils ont signé, en 2008, un bail emphytéotique avec les frères Durand pour la production d’électricité. Après un second souffle de moins de 10 ans une nouvelle page était tournée, le témoin était passé. Le moulin a perdu son lustre d’antan. La bâtisse d’allure bourguignonne s’est transformée progressivement en bâtiment industriel afin de s’adapter aux exigences du développement des installations ce qui a permis d’atteindre une production atteignant les 200 quintaux par 24 heures.

Si la roue à aubes du moulin a disparu depuis belle lurette, la force motrice de l’eau reste d’actualité. Elle constitue toujours une source d’énergie renouvelable pour la production d’électricité. L’énergie hydraulique est exploitée déjà depuis plusieurs décennies dans la Loire où l’on dénombre aujourd’hui quelque 70 microcentrales électriques. Cette alternative représente avec l’éolien et le photovoltaïque 12,9% de la production d’énergie en France et assure ainsi la seconde production d’électricité du territoire après le nucléaire. Si l’on en croit Ray Kurzweil, le soleil fournira 100% de nos besoins énergétique dans 20 ans. C’est ce qu’explique cet expert américain en prospective dans le Figaro Magazine au lendemain de l’accident de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima. En attendant il faudra encore bien des m3 d’eau pour faire tourner les turbines de Cornillon !

Une nouvelle acquisition pour les frères Durand. Déjà propriétaires de deux microcentrales sur l’Aix dans la Loire, à St Marcel d’Urfé et à Juré, et d’une troisième sur la Faye, à Angerolles dans le Puy-de-Dôme, les frères Durand agrandissent leur parc. Ils ont en effet signé en 2008 un contrat avec Monsieur et Madame Farama, propriétaires du Moulin de Cornillon pour l’exploitation de ses deux turbines de 45 et 15 Kwh et un autre de 20 ans avec EDF pour la vente de l’électricité produite. Pierre Durand assure la maintenance de l’ensemble des équipements. La redevance versée à ERDF pour le comptage et le transport s’élève à 150 € par mois. La production annuelle d’électricité acheminée vers le réseau atteint les 400 000 Kw, soit la consommation de 200 foyers. De novembre à mars (tarif d’hiver) le Kwh est acheté 10 centimes et 8,8 centimes d’avril à octobre (tarif été) alors que le particulier paie actuellement en moyenne 11 centimes le Kwh. Une armoire dotée d’automates assure la régulation du niveau d’eau et gère la production d’électricité. Un dispositif de caméra de surveillance permet de contrôler à distance le bon fonctionnement des turbines.

 

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