Aube - Réhabilitation d’un moulin sur la Seine - Recherche de partenaires

La Seine est connue du monde entier. Elle doit cela au rayonnement de la France, et de sa capitale qui demeure de siècle en siècle la plus belle ville du monde.  Mais elle traverse aussi d’autres trésors et si vous la remontez en Champagne-Ardenne, vous découvrirez Troyes par exemple. Encore un petit effort sur 25 kilomètres et vous entrerez dans le terroir viticole aubois du Champagne de la Côte des Bar. Sa porte d’entrée, à moins de 200 kilomètres au sud-est de Paris, est la ville de Bar-sur-Seine. Ancienne ville fortifiée, elle servait d’étape entre la Champagne et la Bourgogne, contrôlant le passage par la Vallée de la Seine. L’eau est omni-présente dans la ville et fut la source de son activité économique. De premières pièces d’archives mentionnent des moulins depuis le XIe siècle. Philippe le Bel et Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, possèdent des droits au XIIIe siècle. Charles VIII au XVe siècle fait bâtir un autre moulin.

 

Le plus important d’entre, le seul rescapé de l’Histoire, possède à lui seul une histoire passionante. Pour le côté architectural, celle-ci s’oriente autour de trois phases principales déclinées sur son bâtiment amiral : la période antérieure au bâtiment actuel depuis les origines fort anciennes où la force hydraulique a commencé à être utilisée, la période faste du bâtiment présent (de 1854 son année de construction aux années Dina autour de 1920-1930, Monsieur Assan Farid Dina étant un savant franco-indien, petit fils de maharadja), et l’ère suivante jusqu’à nos jours, marquée par la lente décadence qui a conduit à l’état actuel. La dégradation fut notamment conséquente sous l’ère Sprenger, propriétaires allemands entre 1976 et 1999. La noyade de Wolfgang Sprenger lors d’une intervention manuelle sur le déversoir n’a pas arrangé les choses. Les sociétés iséroises qui ont porté le site entre 1999 et 2009 n’ont eu, elles, qu’un seul intérêt, l’hydroélectricité, sans se soucier du patrimoine en perdition. Son aspect extérieur est tel qu’il est aujourd’hui surnommé la « verrue » de Bar-sur-Seine .

 

Le côté industriel n’a rien à envier au côté architectural. Au XIXe siècle les activités sont très diversifiées : minoterie, huilerie, filatire et pointerie. En 1914, ce sont des milliers de quintaux de farine qui sont produits, à destination de Troyes et d’une bonne partie du département, et d’autres également, avec un effort particulier depuis la mobilisation de la Grande Guerre. La minoterie cessera en 1925 pour faire place à l’hydroélectricité dès 1929 grâce aux investissements de Monsieur Dina, qui fait construire la salle des machines attenante avec douze turbines à axe horizontal reliées à deux alternateurs de 220 et 125 kW. C’est ainsi que le moulin amena l’électricité dans une quinzaine de villages alentour. Cette vocation principale du moulin ne changera plus.

 

Revenons maintenant sur sa position emblématique. Son implantation géographique est à la fois stratégique (au carrefour de différentes zones urbaines) et symbolique (perpendiculaire à la Seine, prenant place sur l’unique pont de la ville). Il est le point de convergence des passagers de l’autoroute A5 qui arrivent par le pont venant de la sortie de Magnant à 7 km et de l’axe national Troyes-Dijon coupant la ville. Il est la jonction entre les deux Bar-sur-Seine : la vieille ville rive gauche, historique, et la ville industrielle et résidentielle rive droite. Il est aussi exactement à l’entrée du territoire viticole de Champagne de l’Aube, la porte principale en arrivant de Troyes ou de Paris. Il offre depuis ses étages des vues imprenables sur la Seine, la ville, son église classée et les premières vignes du champagne.

 

De « verrue » il pourrait redevenir le porte-drapeau, l’image retenue par les voyageurs. Il pourrait retrouver son caractère structurant. Tel est le projet des nouveaux propriétaires, les frères Stéphane et Valéry Prunier, qui ont acheté le site il y a un an à peine. Originaires de ce secteur, ingénieurs dans le domaine de l’hydraulique et de l’énergie, passionnés de patrimoine, ils ont d’ailleurs créé une société civile immobilère dédiée, la SCI Renaisssance du Moulin. Leur projet entend réhabiliter le site en entier, et notamment ce bâtiment au potentiel formidable, dernier moulin à pans de bois sur la partie haute de la Seine (voir photo). Structurellement, il fut construit en 1854 et il comprend cinq niveaux plateaux de 23,5m x 10m intérieurs, soit 235m2 chacun, pour un total de 1 175m2. Il présentait à ses débuts cent trente ouvertures et en a encore quatre-vingt trois dans son volume actuel.

La stratégie des nouveaux propriétaires est claire : réhabiliter le moulin grâce à un partenariat public/privé à vocations multiples.

 

Pourquoi un partenariat public privé ? Sachant que les montants financiers nécessaires à la réhabilitation sont estimés à plus d’un million d’euros sans compter les aménagements intérieurs, pour une réhabilitation en symbiose et à la hauteur du passé du site, et gardant à l’esprit l’emplacement stratégique de l’édifice, il semble indispensable d’enclencher un effet de levier avec les collectivités territoriales. Celles-ci pourront contribuer en étant parties prenantes en direct, c’est-à-dire soit propriétaires soit locataires d’espaces dans le bâtiment, en soutenant le dossier global et agissant comme un relais de motivation, et aussi en défendant certaines subventions publiques pour la rénovation générale, et en particulier des clos et couverts. Cet intérêt public et les aides partielles concomitantes sont d’ailleurs à ce stade une condition fondamentale au lancement et à la réussite de la réhabilitation. L’Architecte des Bâtiments de France a déjà été sollicité bien en amont du projet et s’est déclaré disposé à soutenir cette réhabilitation. Il a récemment conseillé de passer par la Fondation du Patrimoine, où un pré-dossier est à l’étude.

Au même titre, de manière régulière depuis des mois, avec la ville de Bar-sur-Seine en tête, toutes les collectivités territoriales ont noté leur intérêt à ce dossier, et ont indiqué être prêtes à faire jouer les synergies nécessaires. Mais seule la concrétisation de ces déclarations d’intention pourra sauver le bâtiment de la ruine complète. Sauf à croire en l’arrivée d’un chevalier blanc, ou pourquoi pas plusieurs…

 

Pourquoi à vocations multiples ? Parce que le bâtiment est trop vaste pour être occupé entièrement par une utilisation publique, qui ne permettrait du reste aucun effet de levier avec des fonds privés.

Parce qu’une utilisation unique du bâtiment serait sans doute vouée à l’échec. Parce qu’une partie du bâtiment doit nécessairement être consacrée à l’exploitation industrielle de la machine qui se trouve au RDC. Grâce à la rénovation intégrale du parc de production hydroélectrique dans les années 2003-2004, qui permet aux installations de délivrer annuellement environ 2 GWh d’électricité la plus écologique et économique possible parmi toutes les sources d’électricité, faut-il le rappeler ici, les propriétaires actuels peuvent envisager de supporter un cinquième environ de la réhabilitation.

Parce que ces mêmes propriétaires souhaitent ouvrir ce bâtiment au public au moins en partie, pour qu’il redevienne un important centre de vie de la ville. Ils sont notamment prêts sur leur part personnelle à laisser un endroit en open space pour que le public puisse venir profiter du bâtiment, du site et du point de vue, autour par exemple d’expositions thématiques culturelles ou artistiques tournantes (développement durable, hydroélectricité, histoire de la meunerie, la saga Dina et d’autres expositions culturelles extérieures itinérantes).

 

Etat d’avancement et conclusion. Que tout le monde s’accorde sur l’intérêt de la réhabilitation ne suffira pas à sauver le bâtiment. Il est temps d’identifier de nouveaux intérêts économiques ou culturels, d’en susciter, puis de concrétiser un montage clair de partenariat public / privé, encore trop peu fréquent et parfois mal compris, alors qu’en forte expansion un peu partout dans le monde et clairement une voie d’avenir pour la sauvegarde du patrimoine, qu’il soit public comme les églises, privé ou mixte.

Les possibilités vont d’une copropriété avec une charte des partenaires, qui passerait donc par la vente de lots à définir selon les besoins, assortie de l’engagement de participer à la rénovation a minima des clos, couverts, plateaux et réseaux ; à une location de diverses parties via toutes solutions intermédiaires.

 

Et notamment celles que pourrait apporter la Fondation du Patrimoine qui instruit le dossier. Les perspectives de ses solutions (défiscalisation, association, souscription…) portent de gros espoirs et leurs mises en place pourraient achever de convaincre des partenaires.

Des espoirs non moins considérables reposent sur les premiers partenaires déclarés mais non encore contractualisés : une banque qui souhaiterait implanter son agence sur un petit cinquième du bâtiment, la ville de Bar-sur-Seine ou le territoire le plus adéquat qui pourrait y loger un office du tourisme.

Il n’en reste pas moins que cela est insuffisant à ce stade et qu’une moitié environ du bâtiment cherche toujours preneur. Avis aux amateurs ! Qu’ils soient liés aux métiers du vin et du champagne, aux métiers du bien-être, qu’ils représentent des professions libérales ou tertiaires, qu’ils aient une idée classique ou originale pour un loft, un salon de thé… toute solution motivée sera examinée avec bienveillance...

 

Contact : SCI Renaissance du Moulin, 1 avenue du Maréchal Leclerc, 10110 Bar-sur-Seine

                 Valéry Prunier 06 86 159 259

 

 

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