Le Moulin du Got, dernier témoin de la tradition papetière du limousin. Article de 2 pages avec photos,

par Marie-Claire CLUZEL

 

A Saint-Léonard-de-Noblat, l’imposant moulin à papier du Got situé sur le Tard à sa confluence avec la Vienne, sort aujourd’hui de son sommeil. Construit avant la fin du XVe siècle, en activité en 1522 au moins, le Moulin du Got a fabriqué du papier jusqu’en 1954, date de sa fermeture

Propriété de la Commune de Saint-Léonard-de-Noblat depuis 1998, ouvert au public en 2003, sous la responsabilité de l’association « Le Moulin du Got », ce moulin  présente aujourd’hui 500 ans de techniques papetières à travers l’expérience du Limousin. Il abrite également un atelier d’imprimerie traditionnelle où la composition froide ou chaude se fait en plomb,  et l’impression sur des presses typographique et lithographique.

Dans ce moulin, pendant plus de trois siècles, des générations de papetiers ont fabriqué à la main des feuilles de papier chiffon « Carré fin » pour les imprimeurs parisiens. Le matériel utilisé à l’époque a disparu au profit du matériel de type préindustriel installé au cours du XIXe siècle. Après 1850, en pleine révolution industrielle, le Moulin du Got doit pour survivre s’adapter aux nouvelles techniques et à la nouvelle production locale : le papier paille. La pile hollandaise et les  deux meules en granit remplacent les piles à maillets pour transformer la paille de seigle en pâte à papier. La machine à papier à « forme ronde » succède vers 1875 à « la forme » du travail à la main, et la production s’accroît. Papier d’emballage fort apprécié des bouchers mais aussi des quincailliers, sa fabrication disparaît peu à peu au milieu du XXe siècle. Ce matériel datant de l’âge préindustriel est adapté,  après la Seconde Guerre Mondiale, à une nouvelle fabrication utilisant les vieux papiers recyclés : le carton à l’enrouleuse. Ces feuilles de carton plus connues sous le nom de « carton bouilli » servent alors principalement à l’emboutissage des jouets .

Cette chaîne de fabrication préindustrielle n’a pas quitté le moulin depuis son installation. Son fonctionnement aujourd’hui, comme au XIXe siècle, est l’une des spécificités importantes du Moulin du Got. Les meules en granit tournent à nouveau après plus de 50 ans de sommeil. La pile hollandaise, des années 1860, avec son cylindre aux multiples couteaux d’acier, permet de préparer la pâte « pur chiffon » à partir des fibres de chanvre, de lin et de coton. 1300 litres de pâte raffinée sont ainsi produits régulièrement pour alimenter la cuve ou la machine. Les circuits de pâte sont refaits à neuf. De cette « petite » machine à papier remise en marche malgré son grand âge, le papetier sort de grandes feuilles de carton-chiffon, dont il adapte l’épaisseur à la demande.

Dès l’origine, deux roues hydrauliques à augets ont actionné les piles à maillets. Une troisième roue fut ajoutée au moment de l’installation de la machine à papier. En 1929, une turbine, plus régulière dans son action remplace deux des roues, et, un moteur « Ballot » actionne la machine après 1950. Aujourd’hui des moteurs électriques font marcher toutes les machines, mais une nouvelle roue à augets, semblable aux anciennes, est présente dans le canal en démonstration.

Une imprimerie typographique a été reconstituée dans une partie des locaux du moulin. Elle permet de présenter l’activité d’un petit atelier artisanal tel qu’on pouvait en rencontrer dans les années 1960. A travers les savoir-faire des papetiers, des imprimeurs et le matériel présent au Moulin du Got, les visiteurs peuvent découvrir toute l’évolution des techniques de la papeterie et des arts graphiques. Le Moulin du Got est plus qu’un musée vivant : c’est un véritable lieu de production, d’activités pédagogiques et de création ouvert aux artistes.

 

Le Moulin du Got  87400 Saint-Léonard-de-Noblat    Tél : 05 55 57 18 74    Fax : 05 55 57 18 72

Email : moulindugot@wanadoo.fr  Pour tout public (accès handicapés), pour les scolaires : sur rendez-vous, activités pédagogiques possibles.

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