Les moulins à vent :

à propos des mécanismes d'ouverture des ailes Berton

Pour une recherche sur la société "CHENE et DOISY à ANCENIS"

 

Résumé d’un article de 2 pages avec photo et plans, par Christian Porcher.

De nombreuses recherches sur l'évolution du mécanisme des moulins à vent et en particulier de leurs ailes, m'ont donné l'occasion de constater, principalement dans les départements de la Loire-Atlantique, mais aussi dans ceux voisins du Maine-et-Loire, Morbihan, Vendée et Ille-et-Vilaine, l'existence d'une pièce essentielle au système Berton, destinée à la manoeuvre d'ouverture/fermeture des ailes par le meunier, située sur l'arbre moteur à l'intérieur du moulin. Cette pièce est une double commande appelée : "différentiel!", "mécaniques" ou encore "brassereau", par les meuniers. Elle est composée de deux couronnes parallèles dont les dentures se font face, sur lesquelles sont fixées des poignées métalliques que le meunier manipulera selon l'intensité du vent afin de "donner" ou "retirer" de la planche en vue de régler l'allure du moulin. Ces couronnes dentées actionnent un engrenage placé perpendiculairement et va transmettre le mouvement à une vis sans fin reliée à un pignon directement placé sur la tringle de commande d'ouverture/fermeture des ailes. Cette tringle, longue de plusieurs mètres, agit à l'extérieur de l'arbre sur un second mécanisme directement relié aux ailes. Or, la particularité constatée dans les départements cités plus haut est que cette pièce de fonderie autrefois fabriquée artisanalement par des forgerons semble ici avoir franchi le cap d'une semi-­industrialisation.

La caractéristique commune à un grand nombre de ces pièces est de porter l'inscription bien visible d'une véritable marque de fabrique: "CHENE ET DOISY" et de se retrouver dans de nombreux moulins. Ce qui ne fut jamais le cas auparavant, les seules signatures que l'on pouvait trouver dans un moulin étant le nom d'un charpentier ou d'un propriétaire, gravées dans le bois des éléments de la charpente ou du mécanisme, celles-ci étaient toujours différentes, et non systématiques d'un moulin à l'autre. La double couronne est constituée d'un bloc homogène, probablement plus pratiques à installer car standardisées et ne laissant aucun jeu dans les engrenages qui constituent l'essentiel de ce mécanisme. Vu le très grand nombre de moulins ayant été construit dans ces régions de l'ouest atlantique, il est logique qu'un artisan ou industriel se soit lancé dans une fabrication à grande échelle. (En 1862 la Loire-Atlantique était avec 585 moulins à vent l'un des départements français qui en comptait le plus.) Malheureusement pour la recherche sur l'histoire des techniques, il ne reste à ce jour aucune entreprise dans ce département ni dans ceux voisins portant le nom de Chené et Doisy.

Les chercheurs en archéologie industrielle régionaux auraient-ils déjà rencontré ou répertorié cette entreprise, soit dans le domaine de la fabrication mécanique, soit dans celui de la meunerie ? L'activité de Chené et Doisy ne semble pas s'être restreinte à la fabrication, ou la vente, des doubles commandes Berton : une des deux paires de meules en service au moulin à vent de Rairé (Sallertaines, Vendée) vient également d'Ancenis et porte l'inscription "Chené et Doisy". Cette preuve de diversification de la société traduit une nette orientation vers la fourniture de matériel en tous genres pour la meunerie régionale. La consultation de registres commerciaux, de catalogues, de répertoires des sociétés pour le département de la Loire-Atlantique permettra-t-elle d'en savoir plus ? Sans aller jusqu'à envisager l'hypothèse de retrouver un catalogue des productions de cette société qui donnerait sa date de fondation, il est permit de penser qu'elle se serait spécialisée dans l'équipement des moulins puisque l'invention des ailes Berton en 1841 et la mise au point du système à double commande (brevet INPI n° 13855, 1er additif du 5 août 1852) correspond au début d'une intense modernisation des moulins à vent.

Nous vous demandons de bien vouloir transmettre les informations  dont vous pourriez  disposer sur cette société "Chené et Doisy à Ancenis" à : Christian PORCHER  Marsaleix 19700 LAGRAULIERE

Co-auteur de "Les ailes Berton, le succès d'une invention", Les Cahiers de l'A.M.A., n° 4, Avril 1996.

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