Pourquoi
ce qui est applaudi là serait condamnable en d'autres eaux ?
Il y a quelques
semaines, un ami me communique cet article paru dans Rustica : « L'association
des pêcheurs de Saugues (Haute-Loire) a reçu le trophée Halieutica 2005
Lyonnaise des eaux, pour son engagement en faveur de la reproduction des truites
sauvages. Depuis 14 ans, elle a réhabilité 10 moulins et leurs biefs,
d'où le maintien d'une bonne hauteur d'eau, indispensable à la reproduction
des salmonidés. »
Une visite sur le site de
l’organisme concerné nous permet de lire « Depuis 5 ans, les honneurs sont attribués à une association de pêche
pour ses actions conduites en faveur du milieu aquatique (préservation,
restauration et réhabilitation). (…) Le
1er prix 2005 a été attribué à l’AAPPMA de Saugues (qui)
crée des milieux favorables à la reproduction naturelle des salmonidés (…)
en réhabilitant les biefs d’anciens moulins à eau. Ces biefs permettent en
effet de maintenir la diversité des espèces naturelles, grâce à l’aménagement
des cours d’eau et des berges et surtout au maintien d’une hauteur d’eau
importante y compris en période de sécheresse. Au-delà des aspects purement
piscicoles, ces actions ont permis de valoriser le patrimoine (...) en apportant
à nouveau de l’eau jusqu’aux moulins, ces derniers peuvent recouvrir leur
fonctionnement et faire revivre leurs activités traditionnelles. (…) A
l’avenir, l’association vise la restauration de 30 autres moulins et biefs. »
Puissent toutes les associations de pêcheurs rejoindre les défenseurs des moulins hydrauliques... puisque ce sont ces mêmes arguments que nous défendons depuis plusieurs années !
Mais alors, si ainsi que nous
n’avons cessé de le dire nos moulins non seulement ne dérangent en rien
les poissons, mais qu’ils constituent des milieux favorables, s’ils
contribuent comme nous l’affirmons au maintien des niveaux d’eau, pourquoi
nos députés n’ont-ils pas jugé opportun de relayer les propositions
d’amendements que nous leur avons remises ? pourquoi nos moulins sont-ils
une nouvelle fois les oubliés du débat politique de la Loi sur l’eau ?
parce que, oui, vous avez bien lu, non seulement nos propositions n’ont été
retenues par aucun groupe parlementaire, mais, plus grave, des discours qui nous
avaient été tenus reconnaissant nos arguments comme « légitimes »
aucun écho, des « promesses » qui nous avaient été faites aucune
trace… Les députés, en durcissant les exigences légales, vont même, sans véritable
débat derrière le rapporteur, jusqu’à désavouer des avancées votées par
le Sénat ! Puisse, en deuxième lecture, la Haute Assemblée faire prévaloir
la voix de la sagesse ….
Le concept de « rivières
vivantes » repris par les Agences de l’eau, notamment celle de
Loire-Bretagne, est celui défini et défendu par … WWF qui, au travers de sa
volonté de sanctuariser les espaces naturels, prône la « libération »
des rivières « muselées » ! De quels moyens disposons-nous
pour convaincre cette institution que les seuils de nos moulins doivent être
préservés ? Que les pêcheurs nous viennent en aide avant qu’il ne
soit trop tard !
Annie Bouchard