Gironde. Inventaire des moulins du Monségurais.
Résumé d’un article de
8 pages, avec photos, de Serge Camps et Charles Rose pour le graphisme, carte du
bassin étudié.
Dans le département de la Gironde, la petite ville
de Monségur est le chef-lieu d’un canton de l’arrondissement de Langon. Cet
inventaire des moulins de la région l’entourant, le Monségurais,
est un état succinct. Devant
la tâche considérable que requiert
un tel travail, il faut se faire humble et
modeste. A Monségur comme ailleurs
en Gironde, tout ou presque reste à
faire.
Hydrographie du Monségurais
Le Dropt, rivière d'environ 140 km, sert d'épine
dorsale à deux voies antiques qui longent la
rivière dans le sens Est-Ouest ; une troisième voie, plus ancienne, de
l’Age du Bronze, traverse le Monségurais
dans le sens Nord-Sud. Une dizaine de
ruisseaux forment un réseau hydrographique
conséquent ; ils renforcent le débit du
Dropt qui, sans ses affluents, serait trop faible.
Neuf barrages ou "
caussades" (chaussées), donnent au Dropt
une largeur de lit et une hauteur de chute
sans lesquelles la rivière ne serait pas plus importante que le Maistre
Riu ", ( le Maître Ruisseau), qui
débouche à hauteur de MESTERIEUX, dénommé
au XVllle siècle,
ruisseau de Castelmoron et depuis le XIXe
siècle le Ségur.
Ces caussades existent depuis très longtemps,
(Xlle - Xllle
siècle),
remaniées, élargies, restaurées, et, ou, reconstruites par les meuniers
qui en étaient les propriétaires ou "paniers",
(parçonniers ou copropriétaires). Leur
emplacement correspond à une chute
naturelle, donc sur du rocher, à
proximité, quelques mètres en amont d'un ancien gué par
exemple à Mompoisson ou à Loubens. A
Saint-Batz, il n'y avait pas de droit de passage ; le
gué se situe à 300 mètres en aval. A Mompoisson, des paysans de Dieulivol
avaient des terres sur la rive opposée. Les charrettes pouvaient traverser le Dropt sur la chaussée.
A Loubens, la traversée du Dropt sur la chaussée
du moulin ne pouvait se faire qu'à pied en tenant
un cheval par le licou ou un âne équipé d'un bat.
Le gué de Loubens existe encore à 30 mètres en amont sous 30 cm d'eau,
(sans barrage)..
Les
textes du Xle
siècle désignaient des domaines délimités entre autres par des moulins déjà
anciens à cette époque. Les seigneurs ont toujours
cherché à « grignoter » sur les terres de leurs voisins, surtout sur les ecclésiastiques peu aptes
à manier l'épée. Pour cela ils n'hésitèrent pas
à implanter un moulin à l'extrême limite de leurs
eaux pour solliciter les serfs et les paysans à
faire moudre en leur moulin. C'est le meunier qui en prélevant sa "
peunhière ", pour se payer,
prenait aussi celle du seigneur qu'il lui reversait. Certains
moulins sur le Dropt ont une situation très excentrée dans ce but les
moulins de Monsieur , de Saint-Jean , de
Galleau , de Barie, de Loubens. On peut se demander
si certains moulins à vent ne recherchaient
pas ces mêmes effets : les moulins
de Rambaud , de Chadelle, de la Pibole ,
de Galard, de Girard et de Sourdille. Mais
on peut se demander aussi, si certains « Moulins-Bornes »
n'existaient-ils pas déjà avant la
création des paroisses dans lesquelles ils se situent
? Car le meilleur moyen de fixer la population,
pour un seigneur, qu'il soit ecclésiastique
ou laïque, était d'établir un moulin.
Les
“moulins à sang”, (à traction
humaine ou animale), notamment
les " moulins à bras ", sont
les plus anciennement connus en Monségurais.
Au cours des fouilles archéologiques
de Neujon à Monségur, ( 1966-1985),
nous avons retrouvé une meule tournant de
moulin à bras complète et d'autres fragments de meules datés du Bas Empire, (IVe
- Ve siècle après J-C).
Une meule tournante entière fut également
découverte au Bourg de Mestérieuix en
2003. Un autre fragment fut retrouvé sur l'emplacement de la chapelle Saint-Seurin à Roquebrune, daté
d'une période un peu plus tardive, (VIe
- VIIIe siècle), du même type, ( il en existe sept autres sur le canton de Pellegrue dont
une Noria). Au XVllle siècle, l'armée napoléonienne
ne se déplaçait pas sans moulins à
sang. Il y en avait encore en 1940-44 sous l'occupation, (musée
de Saint-Ferme), ces dernières
étaient en béton.
75 moulins sont dénombrés, toutes époques
confondues, dont 29 à vent, 34 à eau et 4
moulins à traction à sang dont 1 à traction animale. 24 d'entre eux ont totalement disparu, 6 n'ont laissé que
quelques traces de vestiges, 6 présentent des
pans de murs en ruine, une dizaine sont
conservés avec leur toiture. Parmi les moulins à vent, 3 tours sont sans toit en danger de
ruine, 4 sont signalés par les vestiges de la butte avec cave.
2 biefs trahissent l'existence de moulins disparus,
3 chemins dit “du moulin “ et un
pré dit “aux ânes”. Les traces d'une tour de moulin à vent
furent trouvées par photos aériennes. 44 moulaient
du grain dont 85% en farines panifiables et 15 % en farines alimentaires,
orges, fèves, maïs pour le bétail. 10 moulins-usines
: battants, foulons, martinets, scieries, huile et production d'électricité.
Certaines de ces machines pour fouler le chanvre, broyer le tan,
assouplir les cuirs ont été mis en oeuvre dès les
XIV-XVe siècle. L'un d'eux
a servi à la fin de sa vie à tourner le bois, un autre à faire des
sabots. A Dieulivol un “moulin à Soie "
servait à dévider la soie des cocons et a disparu en 1870 lors
des grandes gelées qui détruisirent les mûriers. En 1917, les grands
froids détruisant les noyers, ont stoppé définitivement
les moulins à huile qui périclitaient.La
minoterie du moulin de Galleau s'est
arrêtée définitivement en 1955. Le
moulin des Tourneaux a produit de l'électricité
pour l'éclairage de Monségur. Deux sites
évoluèrent en minoteries qui exportent au delà du canton : les
moulins de Neuffons et de Galleau.
Aujourd’hui : sur
75 moulins, 21 sont bien conservés, 3
moulins à vent sont habités, 2 sont habitables, 12 moulins à eau sont habités, 4 seraient habitables. Seuls,
parmi les moulins à vent, ceux de Maloire et
de la Fricassée mériteraient d'être
entièrement restaurés.