La Fédération française des amis des moulins œuvre depuis bientôt 20 ans pour aider les propriétaires et associations de protection de ce patrimoine
Annie Bouchard, présidente
de la FFAM, nous fait partager son engagement et sa passion. Résumé d’un
article de 2 pages d’interview de Renaud de Montbron. Revue « Propriété
privée rurale »
La propriété privée rurale :
Qui est à l’origine de la création de la Fédération française des Amis
des Moulins ?
Annie Bouchard :
Créée en 1977 au Musée des Arts et Traditions Populaires, avec l’appui éminent
du Conservateur en Chef, la Fédération française des Amis des moulins a succédé
à l’Association Française des Amis des moulins, elle-même créée en 1965.
Il fallut attendre 1973 pour voir
apparaître la première Association régionale d’Amis des Moulins (ARAM),
celle du Nord/Pas-de-Calais, suivie par l’Anjou et la Beauce. Dans les années
1980, c’est au tour des associations de Bretagne, Quercy, Provence de voir le
jour. Le besoin de concertation se faisant sentir, elles décident de se réunir
tous les ans en avril dans les « rencontres tripartites
La réflexion sur ce que devait être
une Fédération Nationale s’engage dans le cadre de ces rencontres. La FFAM rénovée
naît en mai 1990. Les associations régionales en deviennent le véritable
moteur, les adhérents isolés sont regroupés dans une Section des Membres
Individuels.
La FFAM regroupe aujourd’hui plus
de 50 associations fortes de près de 3 000 adhérents et sympathisants.Le
moulin est devenu un enjeu. Les collectivités s’y intéressent, comme objet
touristique et même comme créateur d’emploi. Des moulins, partout en France,
sont sortis de l’oubli et du délabrement. Le travail, ingrat ou exaltant de
nos associations, a porté ses fruits. Aujourd’hui, la situation a évolué et
nous oblige à de nouvelles réflexions.
PPR : Les conseils que vous prodiguez sont très riches et très
concrets…
A.B. : En effet, un moulin est
un bâtiment particulier qui exige beaucoup de soins et de patience pour être rénové.
Aussi, le propriétaire qui se lance dans cette aventure a-t-il besoin de
conseils précis. La confection d’une roue par exemple, qui est l’âme du
moulin, ne peut s’improviser, le propriétaire a besoin d’être épaulé.
En outre, un moulin à eau n’est
pas une simple bâtisse au bord de l’eau, il s’agit avant tout d’une usine
destinée à utiliser l’énergie hydraulique, qui bénéficie de droits le
plus souvent très anciens et juridiquement reconnus à l’usage de l’eau,
droits réels immobiliers que les propriétaires actuels de moulins doivent être
en mesure de faire valoir face à des administrations ou instances qui ne voient
dans les barrages qu’un obstacle sur le cours d’eau. Dans ce but, nous
mettons à disposition des ouvrages techniques, des adresses d’entreprises spécialisées,
mais aussi des conseils juridiques et pratiques.
PPR : Existe-t-il des aides spécifiques
aux moulins ?
A.B. : Non, cela n’existe
pas. Les moulins peuvent bénéficier selon le cas des aides prévues pour les bâtiments
inscrits ou classés, ou d’une défiscalisation des dépenses afférentes à
des travaux effectués en faveur du patrimoine non inscrit (Fondation du
Patrimoine). Ces travaux peuvent également être éligibles à la défiscalisation
existant en faveur des investissements destinés à promouvoir les énergies
renouvelables, ou aux aides de l’ADEME.
PPR : Vous faites la promotion de votre action lors de la journée
annuelle des moulins ?
A.B. : Aujourd’hui, après
des décennies d’abandon et d’oubli, des roues de moulins à eau, des ailes
de moulins à vent, se sont remises à tourner grâce aux Associations d’Amis
des Moulins qui se sont constituées aux 4 coins de la France.
Très vite, quelques ARAM de l’Ouest
et du Nord ont renoué avec une tradition ancestrale originaire de Normandie, où,
déjà au Moyen Age, on fêtait les moulins à la fin juin, quand l’on portait
sous la meule les derniers grains à moudre.
En 1995, la Fédération Française
des Amis des Moulins a décidé de développer à l’échelle nationale ce qui
existait ainsi au plan local ; depuis 10 ans, elle soutient ces
manifestations régionales. Dorénavant chaque 3e dimanche de juin,
toutes les associations adhérentes encouragent leurs adhérents à ouvrir leurs
portes pour faire redécouvrir les moulins, monuments de notre culture rurale,
symboles de l’imaginaire collectif.
Action majeure pour sensibiliser le
public et entretenir un courant favorable à la sauvegarde et à la restauration
des moulins, la Journée des Moulins ne vise pas les records de visiteurs en
quantité. Elle vise à donner l’occasion aux personnes intéressées de faire
connaissance avec un patrimoine qui, depuis le Moyen Age, a joué un rôle
essentiel dans la société.
Le succès de la journée repose
beaucoup sur l’engagement des associations régionales et locales. Il repose
surtout sur les propriétaires de moulins qui démontrent chaque année leur
capacité à faire partager aux visiteurs leurs connaissances et leur passion.
PPR : Quel bilan pouvez-vous faire de votre action ?
A.B. : Les moulins, avec leurs
installations hydrauliques dont ils ne peuvent être dissociés, relèvent du
patrimoine archéologique, ethnographique et industriel vivant ; au XIXe
siècle, ils étaient la première « industrie » de France. Ils sont
d’ailleurs reconnus comme étant au 3ème rang du patrimoine français.
Témoins de la mémoire de l’eau, les moulins restaurés assurent par ailleurs
dans nos vallées un rôle pédagogique de conservation et de transmission
d’un savoir-faire. L’histoire des moulins s’identifie en effet étroitement
à l’histoire de l’humanité tout entière, indispensable lien entre les générations
passées et futures ; pour n’évoquer que les moulins à céréales, nos
enfants et nos petits-enfants ne doivent pas ignorer que ce sont les moulins,
maillons essentiels de la chaîne blé-farine-pain, si longtemps centre de la
vie sociale au sein de nos campagnes, qui ont nourri leurs ancêtres....
La protection de la nature et de
l’environnement, la préservation des espèces piscicoles, la lutte contre les
inondations sont bien sûr à l’ordre du jour, les propriétaires de moulins
en sont particulièrement conscients au moins autant sinon plus que tout un
chacun : ils vivent eux-mêmes au bord de l’eau, au bord de la rivière
qui souffre de diverses pollutions et qu’ils se chargent de nettoyer car
c’est leur lieu de vie…, et ils n’ont jamais fait la Une des journaux en
tant que victimes d’inondations !
L’action de la fédération
nationale de la propriété privée rurale (FNPPR)
Créée en 1945, la Fédération
nationale de la propriété privée rurale, syndicat professionnel, est composée
de 88 syndicats départementaux. Grâce à ses multiples actions, la FNPPR et
ses SDPPR sont reconnus par toutes les instances publiques et professionnelles.
Ils assurent la représentation et la défense des intérêts généraux des
propriétaires et du droit de propriété. Ils contribuent à la gestion d’une
propriété privée en apportant conseils et défense juridique.
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