1973-2003
30 ans d’actions
de l’ARAM Nord-Pas-de-Calais
L’année
1973, avec la création de l’ARAM Nord-Pas-de-Calais, fut assurément une année
importante avec le véritable début de la sauvegarde des moulins du
Nord-Pas-de-Calais, mais elle est d’abord, avant cette création, le résultat
de plus de dix ans d’actions, de recherches et de rencontres sur le terrain.
En effet, dès 1961, Jean Bruggeman, par le biais de
ses études en Art Graphique, découvre les moulins. Quelques meuniers exercent
encore leur profession, tant bien que mal, mais surtout la grande majorité des
moulins survivants sont abandonnés à leur triste sort et disparaissent les uns
après les autres. Il en reste pourtant quelques beaux exemplaires complets. Il
est encore temps de les sauver. Avec un ami, Jean Bruggeman va s’atteler à la
tâche. Le recensement débute en 1965, à vélo, en train, en voiture, le Nord
est parcouru à la découverte des vestiges existants, parallèlement à la
recherche de leur histoire dans les archives départementales.
Cela débouchera sur l’édition du livre « Nos
Moulins-Flandre-Hainaut-Cambrésis » paru en décembre 1971 et qui fut une
véritable révélation pour le public de la richesse du patrimoine
molinologique de sa région, mais aussi de sa grande misère. Cet ouvrage aura
un impact médiatique extraordinaire, qui se poursuivra l’année suivante avec
le prix de la Fondation de la Vocation, puis de la création de la première
grande exposition sur les moulins, à Wattrelos en janvier 1973. Impact
tellement fort qu’en février, le premier moulin est sauvé, à Leers, près
de Wattrelos. Peu après, ne doutant de rien, en mars, Jean Bruggeman abandonne
son emploi pour se lancer « à temps plein » dans la grande aventure
de la sauvegarde des moulins. Les événements vont s’enchaîner et lui donner
raison. Il participe au Troisième Symposium International de Molinologie à
Arnhem, aux Pays-Bas, qui débouche sur le sauvetage du deuxième moulin à
Templeuve, grâce à la pétition signée par les quarante-trois participants de
douze pays différents. En juillet, la commune en devient propriétaire. De juin
à septembre, la deuxième exposition est installée au musée d’Hazebrouck,
en plein cœur de la Flandre des moulins, puis en octobre au musée de Béthune.
C’est dans une salle du musée d’Hazebrouck le 23 juin que Jean Bruggeman réunit
une partie des vingt-quatre membres qui vont composer le premier Conseil d’Administration
de l’ARAM Nord-Pas-de-Calais.
Les actions vont se succéder au cours de cette année
1973, organisation du premier chantier de Jeunes Bénévoles au moulin de Cassel
en juillet et septembre. La toiture du moulin de Leers sera montée en juin 1974
et les ailes en janvier 1975, les premières d’une longue série de
trente-trois, à la date d’octobre 2002.
1974 est aussi l’année d’acquisition par l’ARAM
de son premier moulin, dont la restauration s’étalera sur neuf ans, en grande
partie sous forme de chantiers de Jeunes Bénévoles durant les vacances d’été.
Et cela parallèlement avec la construction de 1978 à 81 des bureaux et de
l’atelier de l’Association, à Villeneuve-d’Ascq, le sauvetage de cinq
moulins et la rénovation de neuf autres. C’est ainsi que l’année des dix
ans de l’association, sept moulins avaient été inaugurés.
Les sauvetages vont se multiplier encore. Pour ses
vingt ans, ce sont vingt-deux moulins qui ont retrouvé leurs ailes et pour les
trente ans, onze de plus, sans compter les douze roues neuves ou rénovées par
l’ARAM.
C’est en 1979 que l’Association acquiert son
deuxième moulin, inauguré en 1988, et un troisième en 1989, inauguré en
1993.
Le Musée des Moulins construit de 1992 à 1995,
abrite aussi les mécanismes presque complets de trois moulins à eau dont un
martinet. Régulièrement, le musée enrichi ses collections, tant en matériel
qu’en documents d’archives.
La région Nord s’est également enrichie de trois
nouveaux moulins restaurés, un moulin-tour à Achicourt en 1994, et deux
moulins sur pivot, Hondschoote (1993) et Terdeghem (2000). Tous trois réalisés
selon des plans de Jean Bruggeman. Aujourd’hui, son expérience est reconnue,
son rayon action, loin de se
limiter au Nord-Pas-de-Calais, s’étend à la restauration d’un moulin à
vent dans la Somme, un autre en Côte d’Or et en dehors des frontières avec
deux en Belgique, enfin celui de Port Louis à l’Ile Maurice.
Un tel résultat
n’a pu s’obtenir que grâce à une gestion saine et dynamique de l’ARAM
par son président, mais aussi grâce à de nombreuses subventions provenant
aussi bien de l’Etat (Culture, Environnement, Jeunesse et Sport) que de la Région
et du Département du Nord et Européennes pour le Musée des Moulins. Jean
Bruggeman sait monter des dossiers, mais lorsqu’il le faut, il sait aussi les
défendre pour atteindre ses objectifs.
L’objectif que s’était fixé l’Association à
sa création a donc été largement atteint et même dépassé. Mais le plus
important, et c’est ce qui assurera la pérennité des sauvetages, est le fait
que la plupart des moulins à vent restaurés sont propriétés communales,
assurant ainsi une garantie pour leur avenir. Le Nord en compte quinze, plus
deux moulins à eau, et le Pas-de-Calais deux. Six appartiennent à des
associations dont trois à l’ARAM.
La rédaction de « Moulins de France » se
devait, pour les 30 ans de l’ARAM Nord-Pas-de-Calais, de rendre hommage au
travail exceptionnel réalisé par les membres de cette association et particulièrement
à celui de son Président fondateur, Jean Bruggeman.