Perception impossible de la politique de l’eau dans les mois qui
viennent.
Les faits (liste
non exhaustive)
- En
arrivant aux commandes, la nouvelle équipe ministérielle s’est très vite
rendu compte que la situation était très difficile.
- L’éviction du DG de l’Agence
de l’eau S-N, celle du DG de l’ONEMA, de la directrice de la Direction de
l’Eau et de la Biodiversité (par ailleurs présidente de l’ONEMA), enfin
celle du directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, ont engendré une déstabilisation
des services.
- Déstabilisation confirmée
par l’annonce du rapport de la Cour des Comptes sur l’ONEMA.
Ce rapport, dont seule la
synthèse a été publiée le 12 février dernier, venant après ceux de 2008
sur l’agence de l’eau S-N, celui du Conseil d’État de 2010, celui du 26
octobre du CGEDD, celui du Sénat sur les pesticides, etc..., souligne que des
obligations de la DCE ne sont pas respectées.
- La "politique de
l’eau" doit être évaluée entre janvier et mars 2013, et celle de la
"police de l’Environnement" à partir d’avril par le Comité
Interministériel pour la modernisation de l’action publique (MAP).
- Un projet de loi du 27
novembre 2012 envisage de transférer aux communes la compétence de la gestion
des milieux aquatiques.
- Le 1er juillet prochain
entrera en vigueur une ordonnance (N° 2012-34) censée harmoniser les nouvelles
attributions de la Police de l’Environnement.
- Parallèlement, les
nouveaux classements au L 214-17 paraissent au J.O. les uns après les autres.
La FFAM introduit des recours contre les arrêtés de classement.
Que penser de ces faits ?
- Prédictions
impossibles, tant les paramètres sont nombreux, antagonistes et fluctuants.
- La parution des classements
au L 214-17 ne pouvait être éludée par le gouvernement, d’une part pour ne
pas continuer à déstabiliser les services concernés, d’autre part parce que
les classements actuels seront caducs au 1er janvier 2014.
- Les élus territoriaux, qui
souhaitent obtenir une compétence plus étendue sur la gestion des milieux
aquatiques, doivent être informés de toutes les conséquences.
- Pour les propriétaires
dont le moulin est situé sur un cours d’eau classé au 214-17, il est de la
plus haute importance que leurs ouvrages soient fonctionnels.
- La FFAM a pris des
contacts, quand ils n’existaient pas déjà, avec des représentants de toutes
les instances décisionnelles ou pouvant le devenir.
Affaire suivie par :
Jean-Marie Pingault Courriel : jmpingault@club-internet.fr
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Le
Conseil Supérieur de la Pêche et l’ONEMA,
une tambouille à la française ?
Le
Conseil Supérieur de la Pêche, financé à l’origine par la taxe piscicole
puis par des subventions importantes consenties par l’Etat, en quasi faillite
et dont la gestion souffrait de nombreux dysfonctionnements graves, a été
absorbé à compter de 2007 par un nouvel établissement désormais financé
pour l’essentiel par les Agences de l’Eau : l’ONEMA. L’ONEMA devait
permettre de développer une connaissance scientifique des milieux aquatiques à
la disposition de l’Etat et du public, dans le cadre du Système d’Information
sur l’Eau. L’ONEMA semble en réalité avoir succombé à ses vieux démons,
le scandale révélé en Une du journal Le
Monde (édition des 3 et 4 février 2013) ayant été confirmé par la
publication du rapport définitif de la Cour des Comptes le 12 février dernier.
Compte
tenu de ces évènements, un retour instructif sur la situation passée de
l’ex Conseil Supérieur de la Pêche, met de manière intéressante en lumière
la récurrence des dérives relevées dernièrement dans la conduite et la
gestion de l’ONEMA.
1.
Le scandale du CSP
La
lecture du rapport de la Cour des Comptes sur le CSP de 1991 à 1998 repris par
le Sénat (www.senat.fr/rap/r02-327/r02-327.html),
permet de faire ressortir un certain nombre de dysfonctionnements et de dérives
qui ont contribué à la disparition du Conseil Supérieur de la Pêche et à la
création de l’ONEMA.
- tant en termes financiers,
- qu’en termes de gestion du personnel.
En
résumé, se trouvaient ainsi pointées du doigt la gestion financière désinvolte
du CSP, tant dans la gestion des salaires, primes et indemnités de déplacement
réglées sans justificatif, que dans l’établissement de prévisions budgétaires
systématiquement et délibérément faussées, conduisant à une situation de
quasi dépôt de bilan. Ceci sans que jamais, semble-t-il, aucune poursuite
n’ait été exercée.
Or,
en dépit de la gravité de ces dysfonctionnements et de la sévérité des
critiques formulées à l’époque par la Cour des Comptes et le Sénat, la
plupart de ces travers peut être retrouvé, 10 ans plus tard, dans le rapport
de la Cour des Comptes rendu public le 12 février 2013.
2.
Le scandale de l’ONEMA
Le
12 février 2013, la Cour des Comptes publiait dans le cadre de son rapport
public annuel 2013 un condensé de son rapport d’inspection intitulé « L’office
national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) : une transformation
mal préparée, une gestion défaillante ».
Le
président de la Cour des Comptes M. Didier Migaud a indiqué publiquement que
les faits relevés par la Cour ont été considérés comme suffisamment graves
pour motiver la saisine de la Cour de Discipline Budgétaire et Financière
ainsi qu’une transmission aux services du Parquet.
Les
errements relevés par la Cour des Comptes sont pour l’essentiel :
- En termes
financiers et de comptabilité.
- En matière de
police de l’eau.
- En matière d’organisation
et de gestion du personnel.
3.
Les suites du scandale…
Réagissant
aux premières informations diffusées ici ou là sur les résultats de
l’audit mené par la Cour des Comptes, Mme Elisabeth Dupont-Kerlan –
nouvelle Directrice Générale de l’ONEMA nommée en octobre en remplacement
de M. Patrick Lavarde – s’empressait dès le 2 novembre 2012 d’insister
sur la prétendue inexactitude des dénonciations réalisées, parlant de
calomnie, voire de faux témoignages.
Le
29 novembre 2012, Mme Dupont-Kerlan diffusait également un message à
l’attention des personnels de l’ONEMA, indiquant que le rapport
d’observations définitives – non public – avait été adressé au ministère
de tutelle et à l’ONEMA le 14 novembre, et que la Cour aurait notifié la fin
du contrôle, sans autre suite – notamment judiciaire – de sa part.
Il
est tout d’abord confirmé que la Cour de Discipline Budgétaire et Financière
a bien été saisie du cas de l’ONEMA par la Cour des Comptes, et qu’une
plainte pénale a bien été déposée auprès du Procureur de Créteil.
Par
Communiqué de Presse publié dès le mardi 12 février 2013, Mme Delphine Batho,
ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, a également
aussitôt confirmé la gravité des éléments relevés, indiquant que « Le
rapport annuel de la Cour des Comptes, publié ce jour, fait état de graves
dysfonctionnements au sein de l’Office National de l’Eau et des Milieux
Aquatiques (ONEMA), dérives qui ont perduré pendant plusieurs années, et ce
malgré des alertes répétées ».
La
ministre confirme également avoir procédé, en octobre 2012, au renouvellement
des équipes dirigeantes (M. Lavarde, ancien directeur général de l’ONEMA
a ainsi été évincé, de même que Mme Gauthier, ancienne directrice de
l’eau et de la biodiversité au Ministère). Concernant les insuffisances
structurelles de la politique de l’eau, la Ministre annonce la mise en place
d’une évaluation de la politique de l’eau dans le cadre du chantier de
modernisation de l’action publique (M.A.P.), dont les scenarios d’évolution
seront présentés à la conférence environnementale en septembre 2013, le plan
d’action de modernisation de cette politique devant être lancé au mois
d’octobre.
L’Histoire
étant décidément cyclique, il ne nous reste plus qu’à espérer que les mêmes
causes ne produiront pas les mêmes effets… c'est-à-dire le néant qu’avait
laissé le précédent audit.