(27) Le moulin du Parc à Bosrobert , une restauration réussie

 

Extrait d’un article de » 6 pages avec photos.Textes et photos de Marcel et Marie-France Caron

C’est sur une petite annonce parue dans le journal local, le « Courrier de l’Eure », le 26 janvier 1989, que tout a commencé, le début d’une grande aventure, des années d’engagement, un travail de titan, pour aboutir à ce que chacun connait aujourd’hui. A cette époque, je recherchais une propriété originale à restaurer, quelque chose un peu hors du commun. Si mon premier intérêt s’est porté sur un ancien presbytère, c’est finalement sur un moulin que j’ai jeté mon dévolu : le moulin du Parc à Bosrobert. Un moulin représente un patrimoine unique sur le plan de l’archéologie industrielle, j’ai transformé un moulin qui était en sommeil en musée vivant. Je souhaitais faire revivre une activité ancienne : ramener au grand jour le savoir-faire du vieux métier de meunier. Je souhaitais faire découvrir le moulin, il est aujourd’hui un atout touristique dans la région.

Août 1989 : Départ de la grande aventure. La première de nos actions fut d’enlever toute la végétation qui depuis pratiquement un siècle avait envahi la propriété. Entourée par le Bec, qui n’avait plus de véritable lit, l’eau courait et s’infiltrait à sa guise dans cet ensemble de friches. Depuis sa cessation d’activité en 1909, et jusqu’à notre acquisition en 1989, le moulin étant resté abandonné, il était par chance conservé dans son état d’origine. Les murs en pierre blanche identique à celles de l’abbaye du Bec Hellouin étaient sains, sans humidité, nous pouvions envisager une restauration de qualité. Le 23 avril 1990, nous découvrons, sous 40 cm de terre, un dallage entre le moulin et l’ânerie qui nous permettra d’apprendre qu’il existait en cet endroit, un déversoir entièrement en briques. Lors du nettoyage du bief amont, nous trouvons une quantité importante de fragments de meules, nous permettant de reconstituer 4 meules complètes.

1990. Premier grand chantier, refaire une roue à eau. Il ne subsistait absolument rien, la roue ayant été totalement anéantie par le temps et les intempéries. A son emplacement initial, un arbre imposant avait pris place. Mais un moulin sans roue est un moulin qui n’a plus d’âme, une vulgaire bâtisse au bord de l’eau en quelque sorte. Il fallait donc la refaire. C’était primordial. En relevant des cotes, en effectuant diverses recherches, en étudiant différents ouvrages sur le sujet, en regardant, en interrogeant, et pour finir en mettant à profit mes connaissances en bâtiment, nous en conclûmes que cette roue devrait être de type SAGEBIEN, de poitrine, d’un diamètre de 4.65 m et devrait comporter 40 aubes.

Ne restait plus qu’à en faire le plan, la tracer sur un plancher, et enfin la monter sur place. Mille heures de travail, 808 boulons, 3,5 tonnes de chêne et de fer, et nous ajouterons une dose extraordinaire de motivation. « Parmi mes plus grands moments d’émotion durant la restauration de mon moulin, la réalisation de la roue à aubes fut l’un de ceux-ci ».

(Voir « Ma roue, j’en rêvais, je l’ai faite » – revue Moulins de France n° 34 – Avril 1998 - éditeur FFAM).

Novembre et décembre 2008 – Réfection de la charpente et de la couverture du moulin. Lors de l’achat du moulin, celui-ci était couvert de tôles. Il ne pouvait rester ainsi, il convenait donc de refaire complètement la toiture du moulin et du logement. C’est à la fin de l’automne 2008, et par malheur avec les premières pluies, qui ne cesseront des semaines durant, que nous débutons les opérations consistant à démonter toutes les tôles puis les bois de charpente. Tout le matériel divers, acheté depuis 20 ans dans les vide-greniers, foires à tout, brocanteurs de matériaux, antiquaires…, destiné à équiper le moulin, entreposé jusqu’alors à l’étage, est descendu au rez-de-chaussée. Mais sans plancher et sans toit toute la pluie et les gravats entraient dans le moulin…

21 novembre 2008 – mise en place des meules. Elles étaient jusqu’alors entreposées au rez-de-chaussée du moulin. Plusieurs tentatives avaient eu lieu pour les monter à l’étage mais toutes s’étaient révélées vaines faute de matériel adapté. Le moulin découvert était une occasion de pouvoir enfin les monter avant que la nouvelle couverture soit réalisée. Nous avons fait appel à un camion grue qui depuis la route a procédé à la sortie des meules du rez-de-chaussée pour les soulever jusqu’au-dessus du toit et les a déposées à leur emplacement final, sur le plancher de l’étage.

Janvier 2012Fabrication de la Potence, pièce de bois sur laquelle on accroche la cerce (sorte de crochet métallique) qui sert à relever (soulever) les meules lorsque le meunier doit procéder au rhabillage (piquetage) de celles-ci pour les rendre plus incisives et donc écraser plus facilement les céréales.

Photos : réalisation de la potence et mise en place au pied des meules.

Février 2012 – Construction de l’archure autour des meules. Bien souvent le choix de la forme n’est que le fruit du goût du meunier. Au moulin du Parc, j’ai décidé d’en refaire une en bois, octogonale car jugée par la meunière, à qui j’avais demandé son avis, plus élégante. Puis cœur du moulin, les meules sont en place, la trémie, l’auget et le chevalet peuvent les alimenter en blé. La potence à l’arrière attend la meule à relever pour son prochain rhabillage… construction de la lanterne avec ses sept fuseaux, cerclée de fer. Appelée aussi cage d’écureuil, c’est la pièce sur laquelle les alluchons (dents de cormier) du rouet viennent s’engrener.

Aujourd’hui à la retraite, Marcel Caron, reconnaît que sans le soutien, l’encouragement et l’aide de son épouse, elle aussi associée à des phases parfois difficiles des travaux, il n’aurait pas pu aboutir à ce qu’il considère comme une réussite. A croire d’ailleurs que le résultat est concluant car de nombreuses revues s’en font régulièrement l’écho. Tout ceci permet à Marcel et Marie-France Caron, un quart de siècle plus tard d’ouvrir les portes de ce magnifique endroit au public et la consécration leur est donnée lorsqu’en septembre 2012 leur moulin est reconnu par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRA.C) et fait partie des sites officiellement ouverts aux Journées du Patrimoine.

Le moulin du Parc, un quart de siècle de restauration - de 1989 à nos jours, par Marcel et Marie-France Caron. Cette publication de 48 pages retrace la restauration du site du Moulin du Parc à Bosrobert (Eure). Richement illustrée, elle mentionne également quelques pans d'histoire et différents événements autour de ce moulin. A commander aux auteurs 825 rue Abbé Eliot 27310 Bourg Achard Tél 02 32 42 10 54 - 06 16 74 65 19 - 06 17 50 82 20. Prix 15€ sur place ou 17,50€ par envoi postal (chèque à l'ordre de M. Mme Caron Marcel).




 

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