La meunerie phocéenne à l’ère industrielle

 

C’est au XIXe siècle que Marseille, ville en plein développement grâce à son commerce maritime, prend sa physionomie actuelle. De grands travaux sont menés modifiant durablement l’urbanisme et l’architecture. La ville se dote d’un nouveau port, le port de la Joliette, le port « neuf », par opposition à l’ancien qui sera rebaptisé « Vieux Port ». De nouvelles artères semblables à celles réalisées à Paris comme la Canebière, la rue de la République, voient le jour, ainsi que de nombreux édifices parmi lesquels la basilique Notre-Dame de la Garde, le Palais de la Bourse, le Palais des Arts, la cathédrale de la Nouvelle Major…

 

Du coté de ses industries, Marseille est également une ville pionnière dans l’histoire des minoteries à vapeur

 

 Le premier moulin à blé effectivement mû par la vapeur à Marseille ne sera construit qu’en 1818 par Frédéric Girard dans le faubourg du Bon Pasteur et il sera inauguré en 1819. Il appartient aux associés Barlatier-Armand enrichis par le commerce maritime. L’innovation technique avait fait son chemin et avait été acceptée par les élites locales. Avant il n’existait dans les Bouches-du-Rhône que des moulins à vent sur les collines, ou hydrauliques au bord des cours d’eau souvent en manque d’eau.. Dorénavant les moulins à blé pouvaient s’affranchir de ces deux forces motrices et s’implanter en tout lieu grâce à la vapeur. C’est alors un extraordinaire développement des minoteries.

En 1821, il en existe 2 en activité sur Marseille, une sur les bords de l’Huveaune et une autre sur la route de Toulon, en sortie de ville, au lieu-dit « Briquet ». Cette dernière a une machine à vapeur forte de 16 chevaux, chauffe à la houille, et fonctionne à 2 atmosphères (soit une pression de vapeur d’environ 2kg/cm²). Elle entraine 5 paires de meules (sur 24h, activité répartie entre 4 écrasant de nuit et 3 de jour, plus les blutoirs en service). Le second moulin à 6 paires de meules et sa machine à vapeur développe une force de 20 chevaux. L’ensemble de ces 2 minoteries occupe 22 ouvriers qui peuvent moudre chaque jour 200 charges de blé, ce durant 300 jours de l’année. Elles travaillent pour le commerce, écrasent des blés importés et réexportent leurs farines. La consommation locale n’entre pas dans leur circuit.

En 1870, il existe 64 minoteries à vapeur sur Marseille, et il en est recensé 114 dans les années 1890 chacune employant une dizaine d’ouvriers.

 

 

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