Les moulins à
vent du Panier
Dans
le quartier du Panier (2e arrondissement), la place dite des Moulins
est le point culminant de la vieille ville. Cette position joua jadis un rôle défensif
et des canons y étaient installés pour faire face aux agressions maritimes.
Par cette situation privilégiée et ventée, l’endroit a aussi été occupé
très tôt par des moulins à vent. La ville avait ses moulins à l'intérieur
de ses murs, c'était tout aussi stratégique, en cas de siège, pas de pénurie
de farine. En 1596, on comptait une quinzaine de moulins à vent qui dominaient
Marseille.
En
1700, ils sont un peu plus d’une vingtaine dans la ville, 9 sur la butte aux
moulins, 3 au quartier de la Tourette, 4 sur les remparts près de l’église
Saint-Jean, celui de l’Horloge vers la porte d’Aix, ceux des forts
Saint-Nicolas et Saint-Jean. En 1743, il y en aurait 17, mais il n’en reste
plus que 7 en 1772, idem en 1795 où un rapport cite la ruine des moulins de la
ville : 1 seul est en état de moudre, mais il manque de grains et de
meunier, 3 autres ont leurs meules à changer, un cinquième, à la
Tourette, est arrêté depuis un an, les 6e et 7e près des Accoules
sont également délabrés, le dernier n’ayant même plus d’ailes. Ils
donnaient pourtant une physionomie bien particulière à la ville, leurs tours
marquant toutes les compositions picturales anciennes de Marseille.
Au
milieu du XIXe, la municipalité fait nettoyer la butte des moulins et raser des
maisons existantes afin de créer une place de type provençale,
architecturalement homogène avec ses arbres, ses bancs, son jeu de boules, et
plus tard son école communale, lui conférant un caractère villageois. Par
miracle quelques anciennes tours de moulins furent préservées.
A
la fin du XIXe siècle, seules trois tours de moulins subsistaient.
Les vestiges de deux de ces tours sont encore bien visibles de nos jours.
Certains disent qu’il reste des ruines de la troisième mais qu’elles
seraient entièrement imbriquées parmi les habitations !
Depuis
1983, la ville de Marseille, aidée de la Commission Européenne, a entrepris la
réhabilitation du quartier du Panier. Le nom de ce quartier serait issu de
l'enseigne d'une auberge "Le Logis du Panier" existante au XVIIe
siècle. Des ruelles étroites, des montées abruptes dont celle des Accoules et
de petites places caractérisent cet ancien et pittoresque quartier.
Les
deux vestiges de tours en bordure de la place, encore visibles aujourd’hui,
englobées dans des maisons, sont privées, on ne peut les regarder que de l'extérieur.
Les habitants du Panier eux, veillent et se battent
en ce moment pour qu'une des tours, dégagée des habitations par une
destruction sauvage en avril dernier, soit protégée de tout acte irréparable.