L’association des Amis des Moulins

du Bandiat-Tardoire n’est plus !

 

Dans les premiers jours de janvier, nous recevions les vœux de Daniel Michenaud, et il nous annonçait une nouvelle surprenante : «… je viens de dissoudre l'association Bandiat-Tardoire qui n'avait plus vraiment de raison d'être puisque pratiquement toutes ses activités avaient été transférées sur Moulins de Charente… ». Peu de sympathisants des moulins de France connaissent sans doute aujourd’hui Daniel Michenaud. Il était depuis quelques années resté très discret, trop à notre point de vue, sur ses activités et celles de son association.

 

L’association des Amis des Moulins Bandiat-Tardoire qu’il avait créée en 1985 avait pour objectif de sauvegarder et surtout de remettre en valeur les moulins qui jalonnaient le Bandiat et le Tardoire, deux petites rivières qui descendent des contreforts du Limousin jusqu’en Charente. Sous la présidence de Daniel Michenaud, l’association se trouva dès sa création au centre d’un mouvement local d’animation du patrimoine. Président et adhérents, principalement des propriétaires de moulins, se sont soucié les premiers d’ouvrir au public des moulins vivants, c'est-à-dire remis en fonctionnement et assurant une production d’huile ou de farine, qui ne soit pas seulement symbolique. Il s’agissait de sauvegarder, au-delà du patrimoine technique, des savoir-faire et des produits locaux. La démarche de cette association, en ce sens, était unique en ces années. L’aide apportée aux propriétaires de moulins n’était pas seulement faite d’encouragements mais était une réelle aide technique, matérielle, et même dans certains cas financière.

 

Persuadés que l’aventure devait être poursuivie par quelques restaurations exemplaires et de nature à engager les élus, l’association fit acquérir et restaurer trois moulins par deux communautés de communes à partir de 1994. Des moulins d’un intérêt certain : Menet est probablement l’un des seuls sur notre territoire qui, équipé d’une ligne complète et homogène d’appareils du constructeur Rose Frères de 1905, est pleinement opérationnel ; le moulin de la Pierre est également unique en son genre.

 

En 1998, Daniel Michenaud souhaite prolonger l’effort et partager les acquis en essayant d’insuffler dans une association départementale, Moulins de Charente, l’esprit de Bandiat-Tardoire, soit entraide pour la restauration, valorisation des sites, cession du matériel sauvegardé, etc. Cette politique ambitieuse a permis notamment, de remettre en état et d’expédier un moulin à farine complet au Cameroun ! Qui dit mieux !

 

Malgré quelques déceptions, à la mesure de l’ambition initiale, le pari lancé il y a 35 ans pouvait être considéré comme gagné. Une vingtaine de moulins sur ces deux petites rivières avaient été sauvés et avaient réellement repris vie, du matériel avait été préservé et réutilisé, plusieurs moulins avaient retrouvé une activité économique et, d’une certaine façon, la Charente se retrouve aujourd’hui associée au mot « moulins ». Si l’association a connu ensuite une activité plus réduite, c’est sans doute que les meuniers vieillissent plus vite que leurs moulins et sont moins vigoureux. C’est aussi parce que l’association a correctement rempli son rôle ; il reste beaucoup moins de moulins à sauvegarder et s’ils ne font plus sensation dans la région, c’est que les gens vont s’y promener régulièrement et y acheter les produits qui y sont élaborés.

 

Daniel Michenaud, membre du conseil d’administration de la FFAM à partir de l991 se révèle soucieux dès son arrivée d'élever le débat et de susciter une véritable réflexion sur le patrimoine. En mars 2002, élu Président, il saura donner à la FFAM un élan qui se poursuit sous la présidence actuelle d’Annie Bouchard.

 

 

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