Rénovation du moulin Blute-Fin à Montmartre

 

Article de 5 pages, avec plans et photos, par Louis Graine, président du syndicat des copropriétaires du moulin de la Galette. Remerciements à Madame Marie-Thérèse Graine pour ses recherches dans les archives du musée Carnavalet.

 

Construit sur la Butte Montmartre, le Blute-Fin et le Radet sont les deux derniers moulins encore existants sur la Butte Montmartre. Ils font aujourd’hui partie d’une copropriété à l’emplacement même du bal du Moulin de la Galette.

Ceux qui ont connu le site avant 1980 se souviennent d’un théâtre avec sa façade de crépi noirci qui était situé à l’angle de la rue Lepic et de la rue Girardon. Un petit moulin sans ailes, le Radet, surplombait le théâtre. Un studio d’enregistrement avait succédé à la salle de bal du Moulin de la Galette et des véhicules de l’ORTF stationnaient le long de la ferme Debray. Du côté de la rue Lepic, des étais soutenaient des murs qui menaçaient de s’écrouler. Dominant la rue Tholozé, trônait le Blute-Fin dont nous allons aborder l’histoire et ses rénovations successives. La réalisation de l’ensemble immobilier dit le Moulin de la Galette fut l’occasion de remettre des ailes au moulin Radet et de rénover le moulin Blute-Fin en lieu et place.

 

La Butte Montmartre compta pas moins de 13 moulins dont le plus ancien remonte au XVIe siècle. L’histoire du Moulin Blute-Fin est connue à partir de 1628, date d’un acte de vente, mais sa construction est susceptible de remonter jusqu’à 1621

Nicolas-Charles Debray, propriétaire du moulin Blute-Fin depuis 1809, créa une guinguette dont l’entrée était située rue Girardon. Il y ajouta en 1834 le moulin Radet qui auparavant était situé quelques dizaines de mètres plus loin à l’angle de la rue Girardon et de la rue des Norvins. Ce bal qui s’appelait au départ le bal Debray fut vite connu sous le nom du bal du moulin de la Galette.

L’objectif de la rénovation réalisée en 1980 fut à la fois de sauvegarder ce moulin qui était en péril mais également d’en faire tourner les ailes à l’occasion de manifestations.

 

La rénovation de 2011. L’instruction de la rénovation des ailes commença en 2008. Des contacts furent pris avec la FFAM en 2008 et nous eûmes le plaisir avec les visites de Mme Bouchard et de M. Garrigues. Très rapidement des contacts furent pris avec des entreprises et un architecte fut recherché parmi ceux ayant une connaissance en charpente bois et/ou en moulins. Finalement, le choix se porta sur monsieur Claude Girardet qui avait construit l’ensemble immobilier en 1980 et rénové les moulins Blute-Fin et Radet à cette occasion.

Le site étant classé à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, l’architecte des Bâtiments de France fut consulté sur le choix des ailes et la rénovation de l’intérieur de la cage. Le permis de construire fut obtenu en 2010, la consultation des entreprises pouvait commencer. Le choix se porta sur l’entreprise Poupeau de Saint-Fort-sur-Gironde qui avait présenté un dossier allant dans le sens de la conservation du caractère authentique du moulin.

Les travaux. Les travaux se déroulèrent de mars à juillet 2011. Ils prévoyaient le changement des ailes, le renforcement de l’arbre moteur, la reprise des couvertures ainsi que divers travaux intérieurs. Les nouvelles ailes d’une envergure de 15,50 m furent d’abord assemblées à Saint-Fort-sur-Gironde avant d’être démontées pour le transport ultérieur à Paris. L’iroko fut utilisé pour garantir une bonne tenue dans le temps.

Les travaux sur le moulin lui-même commencèrent en mars par la pose de stabilisateurs sur la cage afin de procéder à la déconstruction des ailes Berton en place. Une fois les ailes déposées, la pose de la nouvelle couverture du moulin en bardeaux de châtaigner put commencer. Pas moins de 6 000 bardeaux furent utilisés pour la couverture du moulin et 8 000 autres plus tard pour celle du cavier.

 

Début mai, les ailes furent transportées à Paris et mises en place. Il ne restait plus qu’à entreprendre les travaux intérieurs et à poser les bardeaux sur le cavier. Les meules furent déplacées le temps de reconstituer le plancher intérieur. L’escalier intérieur fut repris ainsi que la terrasse à l’arrière de la cage. La poutre support de l’arbre qui avait fléchi 2 ans auparavant fut renforcée par une poutre en chêne.

La charpente qui supporte la cage fut laissée en l’état. De même, l’arbre moteur Berton fut conservé. Bien entendu, un tel assemblage ne permet pas aux « ailes Flamandes » de tourner à pleine charge, mais ce n’est pas le but d’autant que le givre désormais fixé ne permet plus au moulin de prendre le vent.

Fin juillet, les travaux purent être réceptionnés conformément au calendrier. Une fête des voisins début septembre fut l’occasion pour les résidents d’admirer le mécanisme intérieur et de monter sur la terrasse comme au temps du bal de la Galette.

 

 

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