Quelques moulins remarquables du Québec

 

Résumé d’un article de 5 pages avec photos, de Bernard Sauldubois

Moulin du Petit Pré, à Château-Richer. Le Moulin du petit pré n’est pas conçu comme un moulin banal mais comme un moulin industriel » le premier moulin industriel d’Amérique du Nord.

 

Au printemps 1695, la construction d’un moulin de 25 m de longueur sur 9,50 m de large commence. Pour faciliter le travail on construit sur place un four à chaux. Le moulin est terminé à l’automne 1696. En 1705 le moulin est victime d’un incendie pour la première fois. Malgré la demande des habitants, sa reconstruction est ajournée ; il va fonctionner en l’état jusqu’en 1632 où l’on refait le mécanisme, les planchers et la couverture. Le moulin est alimenté en eau par la rivière Lothainville qui recevra, après de longs et laborieux travaux l’appoint de la rivière de Laval. En 1744, il possède trois paires de meules actionnées par deux roues à augets.

En 1759, comme beaucoup d’autres, il est incendié par les troupes anglaises de James Wolfe. Il est rebâti en 1763-64. Il est de nouveau la proie des flammes en 1877. La corporation de Château-Richer l’achète en 1944 et en 1966 le Ministère des Affaires Culturelles du Québec s’en porte acquéreur. Le moulin restera en l’état jusqu’en 2003. La Corporation du Moulin du Petit Pré se crée et entreprend la restauration du moulin. Contact : Tél : 001 (418) 824-3677.

Moulin Michel, à Gentilly, Commune de Bécancour. Blotti au creux d'un vallon, le moulin Michel de Gentilly occupe un méandre de la rivière du Moulin et témoigne d'une importante activité économique traditionnelle. Dès 1734, l'intendant Gilles Hocquart émet une ordonnance pour contraindre la seigneuresse de Gentilly à construire le moulin réclamé par les censitaires et les habitants. À l'échéance, non respectée, par une seconde ordonnance, l'intendant accorde aux censitaires la permission d'ériger eux-mêmes le moulin ; cette construction se réalise entre 1739 et 1769 et appartient à François Rivard. Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, fils de l'ingénieur des fortifications de Québec, acquiert le moulin en 1774 de la veuve Rivard; son fils Louis-René le vend en 1860 au meunier Cyrille Grindler qui l'exploite déjà.

 

Fermé en 1972, encore doté de ses mécanismes, il illustre les transformations technologiques des moulins à eau. Contact : Tél:(819) 298-2882 - Fax:(819) 298-1830 - Courriel : moulin.michel@cgocable.ca - Site internet : www.becancour.net/moulinmichel

Moulin à eau de la Chute à Mailloux, à Beaumont,  (7 k de Beaumont). Ce moulin surplombe la chute à Mailloux. Construit, en 1821, par John BELCHER et Ambroise GENDRON, Il était dédié au cardage de la laine pour la seigneurie. En 1850, il est transformé en moulin à grain et par la suite en scierie. Il a été restauré et ouvert à nouveau en 1967. C’est un des rares moulins encore existants au Québec où l’on peut voir les trois fonctions, moulin à farine, scierie et traitement des tissus. Le troisième étage et le grenier abrite maintenant une collection de meubles anciens et d’outils, donnés par les habitants de la région . Sa roue à augets de 4,85 m de diamètre et 1,45 m de largeur comporte 32 augets pouvant contenir chacun 40 litres d‘eau. La roue est montée sur un arbre de couche en fer de 22,5 cm de diamètre et 3 m de longueur. Celui-ci tourne sur deux coussinets de 25 cm de largeur. La roue est fixée sur l’arbre au moyen de deux embases de 1,32 m de diamètre ; les rayons sont en bois de 12,5 x 17,5 cm et sont fixés à la jante et à l’embase par des boulons de fer galvanisé. L’eau est fournie par un barrage, situé à quelques dizaines de mètres en amont du moulin. La roue est alimentée par une « dalle », ou « dallot », en bois qui fournit un débit de 12 l/sec, quand le débit de la rivière le permet. Le poids total de la roue est de 4,5 tonnes à vide et de 5 tonnes en charge. Elle développe une puissance de 23 CV. Pour la mettre en marche, il suffit d’abaisser le « larron » qui ferme la trappe pratiquée dans la dalle. Le rouet de fosse de 3 m de diamètre est fixé à l’extrémité intérieur de l’arbre par une autre embase de fonte de 1,32 m de. Un rouet secondaire de 0,90m de diamètre transmet le mouvement avec une accélération de 40 tours/minute à un arbre secondaire qui transmet le mouvement à la paire de meules et aux autres machines.. Leur diamètre est de 1,32 m et leur poids d’une tonne environ. Les pierres de silex provenant  de France ont été assemblées au Québec. Le moulin produit de la farine. Contact : Moulin de Beaumont, 2 route du Fleuve. Beaumont. Tél : 001 (418) 833-1867

Moulin du Portage, à Lotbinière (Leclercville). Ce moulin à farine a été construit en 1816. Il se situe dans un site remarquable dans une boucle de la rivière du Chêne. Le bâtiment est une construction de pierre de très belle facture. Le moulin était actionné par une grande roue à augets de 4,8 m de diamètre alimentée par un canal qui amenait l’eau à l’intérieur du moulin.

A partir du milieu du 19e siècle, le meunier Télesphore Demers et sa femme Éloïse y laissèrent leur marque plus que tout autre.  Plusieurs de leurs descendants se sont succédés au Moulin du Portage.Un « coup d’eau » dévastateur, à l’automne 1927 met fin brusquement aux activités de meunerie. On y broyait sur des meules de pierre le blé, l’avoine, l’orge et le sarrasin. Vers 1948, l’arrivée de l’électricité incite un dernier meunier Isidore Auger à relancer le moulin pour quelques années. Le 17 mai 1988, un incendie détruisit le moulin. Il ne resta que les murs. Il fallu cinq années de travail pour le reconstruire. Il ne possède plus aucun mécanisme. Le bâtiment classé monument historique a été entièrement remodelé et réaménagé en centre culturel. Le grenier renferme une exposition sur la riche histoire du moulin. Des spectacles sont donnés dans la vaste salle de spectacle. Malgré une situation assez isolée, les activités connaissent un grand succès. Contact : Moulin du Portage, 124 Rang Saint Michel, Leclercville G0S 2K0. Tél : (418) 796-3194. www.moulinduportage.com

Moulin de Saint-Roch des Aulnayes (Région Chaudières- Apalaches). Sur la rive sud du Saint Laurent, à la hauteur de l’île aux Coudres, le Fleuve forme une anse d’environ quatorze Km de longueur. L’endroit était appelé la Grande Anse par les français et, par les amérindiens, « kamouraska », « où il y a du foin au bord de l’eau ». Saint-Roc-des-Aulnaies se situe sur la rive de cette anse. Le moulin est un peu à l’écart du village, au nord. Antoine Juchereau Duchesnay qui administrait le seigneurie de la Grande Anse fit érigé le premier moulin à farine à cet endroit. En 1738, Augustin Lemieux de Cap Saint Ignace, s’engage à construire un moulin de dimensions modestes (7,3 sur 8,8 m) à condition d’en avoir la jouissance pendant neuf ans. Le moulin construit en bois avec fondations en pierre fut achevé l’année suivante et allongé peu après. Antoine Juchereau se retrouve propriétaire  du moulin en 1748. Homme entreprenant et un commerçant avisé, il se classait parmi les premiers producteurs de blé du pays. Il décida donc de remplacer le vieux moulin. Le charpentier John Simpson s’engage à lui livrer le 1er août 1789 un nouveau bâtiment en pierre de 11 m sur 15, sur trois étages, équipé de 2 paires de meules. Il fonctionnera jusqu’en 1842. En 1815, on y adjoint une scierie sous un appentis.

En 1832, le moulin est vendu à Amable Dionne qui allait devenir 5 ans plus tard seigneur des Aulnaies. Le bâtiment donnant des signes de fatigue, le nouveau propriétaire signe en 1842 un marché de construction pour un nouveau moulin sur les bases de l’ancien. Celui-ci est livré en 1842. Le moulin est un grand bâtiment de 18 m de long et 12 m de large sur 8,50 m de hauteur. Il comprend trois niveaux et un grenier, où l’on peut accéder de plein pied, en raison de la pente du terrain. Le mécanisme se distingue par la dimension de sa roue à augets qui mesure presque 8 m de diamètre et presque 2 m de largeur. Elle est alimentée par une « dalle » en bois qui amène l’eau du barrage en amont. Elle occupe un compartiment qui se développe sur toute la hauteur du moulin. On peut l’admirer au 3e étage. Un rouet de fosse à peine moins grand engraine sur un pignon situé en bas de la fosse et qui entraîne un arbre secondaire. C’est celui-ci qui transmet le mouvement aux meules par un système rouet/renvoi d’angle. Contact : Le Moulin de Saint-Roc-des-Aulnays

Moulin du Bourg, à Saint-Grégoire. Ce moulin à vent, un des rares à ne pas être construit au bord du Saint-Laurent, date de 1808. Il a été démoli pierre par pierre en 1993 et reconstruit à l’emplacement actuel dans le secteur touristique du village qui comprend aussi l’ancienne école. C’est une belle tour en pierre de 2 étages et un rez-de-chaussée. IL est pourvu de ses ailes à toiles mais dépourvu de mécanisme.

Moulin Day, à Trois-Rivières. Ce moulin à vent fut construit en 1781 au Platon, au centre de Trois-Rivières. C’était un moulin de dimensions surprenantes : 7 m de diamètre à la base. Il a dû être un des rares moulins du Québec à posséder deux paires de meules. Il pose d’ailleurs d’autres énigmes aux spécialistes qui se sont penchés sur son cas, par exemple la disposition de ses étages et de ses ouvertures. Il fut déplacé une première fois et reconstruit pierre par pierre à quelques centaines de mètres, sur le port. En 1974, on le déplaça une nouvelle fois, sans le démonter mais en oubliant sur l’ancien site quelques dizaines de centimètres de sa base. On l’implanta sur le site de l’Université de Trois-Rivières.

Un ambitieux projet envisage de le déplacer à nouveau sans le démonter sur un site touristique prévu au confluent de la Rivière Saint Maurice et du Saint Laurent, à la place d’une usine à papier aujourd’hui démolie. Le projet prévoit sa restauration complète, toit et ailes, mécanisme et meule, pour lui faire produire de la farine.

Moulins à vent de Repentigny. Répentigny se situe sur la rive Nord du Saint-laurent au confluent de la Rivière de Prairies et de la Rivière de l’Assomption. La ville doit son nom à Pierre Lagardeur de Repentigny à qui la seigneurie fut octroyée  en 1647. Elle est traversée de bout en bout par La rue Royale. Les deux moulins se situent de part et d’autre de cette large voie à quelques 300 mètres l’un de l’autre. Ils sont à peu près identiques en ce qui concerne la structure. Ce sont de petits moulins-tours à deux étages et un rez-de-chaussée. Belles tours de pierres jointoyées à pierre vue. Le moulin Lebeau est muni de ses ailes et comprend un mécanisme complet. Sa coiffe est couverte de bardeaux peints en rouge et il est entouré d’un charmant jardinet. Le moulin Jetté-Seguin, dépourvu d’ailes a sa tour  vide. Il est entouré d’arbres et d’une pelouse bien entretenue.

Moulin à vent des Sulpiciens, à Pointe-aux-Trembles (Montréal). A quelques kilomètres de là, , sur le rue Royale, on rencontre un troisième moulin, dit moulin à vent des Sulpiciens, exactement à la Pointe aux Trembles. Le premier moulin à vent datant de 1674 fut construit sur le lot de terre des Sulpiciens. Cinq meuniers s’y succédèrent jusqu’en 1701, date à laquelle il était encore en bon état. En 1713, il devint la propriété de Jean Simard. Un deuxième moulin fut construit en 1717. Apparemment pour remplacer le précédent. Des réparations importantes furent effectuées entre 1795 et 1740 : réparation du toit, raccommodage des vergues et des toiles du bluteau, achat de meules. En 1837, terrain et moulin deviennent la propriété de Mme Anne Smith Mingeault. Après deux années de démarche, il est classé monument historique. Mr Gilles Poirier fut le dernier propriétaire du moulin. La Ville de Montréal en a fait l’acquisition en décembre 2000. Ce moulin est le plus élevé du Québec, bien que son diamètre soit identique à celui des autres moulins.

Le moulin à vent de la Pointe Claire. La Pointe Claire port les traces d’une histoire vieille de 300 ans. Cette pointe s’avance au cœur du Lac Saint Louis, à l’ouest de l’île de Montréal. Elle est prolongée vers le sud-ouest par une petite presqu’île au sol pierreux, en forme d’aile d’oiseau qui la relie à la rive par une mince bande de terre. Le 23 novembre 1698, le séminaire de Saint-Sulpice concède la lot 42 à Raphaël Beauvais, en se réservant 2 arpents de front sur 5 de profondeur pour construire un moulin. Les travaux seront confiés à Léonard Paillé et à son fils Charles, charpentiers réputés dans la construction des moulins à vent et à eau et qui en ont érigé une vingtaine dans la région de Montréal, ainsi qu’à Jean Mars pour la maçonnerie. Ils se dérouleront de mars 1709 à novembre 1710.

Le moulin de La Pointe Claire  est du modèle le plus répandu en Nouvelle France. C’est un moulin-tour en maçonnerie sur lequel une calotte tournant pivote sur un chemin dormant en chêne, graissé au suif, grâce à une longue queue (le gui), tiré par un cabestan pour la mise en vent des ailes. Il possède une paire de meules. La tournante repose sur un petit fer supporté par une « crapaudière » qui repose sur un portique en chêne. Les murs du moulin ont une épaisseur de 1,32 m à la base ; la hauteur de la tour est de 7,92 m, le diamètre intérieur de 3,96 m. La farine est conduite par une « chute » dans le huche située au rez-de-chaussée. Dix-sept meuniers se sont succédés au moulin de 1714 à 1866. De 1740 à 1787, le moulin a été conduit par Charles Citoleux, dit l’Angevin, par son fils puis son petit-fils, tous deux prénommés Charles. De 1803 à 1854 cinq générations de Joseph Bonneville se sont succédées à La Pointe Claire. En 1854, c’est benjamin Dubois qui rachète le moulin 1000 louis .

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