La
première mention d’un moulin d’assèchement nous vient des Flandres :
le Hoosmolen à Gand, de 1316
Généralement, ce sont les Pays-Bas qui revendiquent l’introduction des moulins à vent d’assèchement et de drainage. Comme preuve de cette assertion, les Hollandais invoquent un compte trésorier, émanant d’un intendant de Hollande, document conservé au Nationaal Archief à La Haye.
En 1407, le Comte de Hollande chargea le conseil de surveillance des polders de Delfland de se rendre à Alkmaar ou aux environs immédiats afin d’y procéder à une enquête sur le Hoosmolen, moulin relevant l’eau, construit par Floris van Alkemade et Jan Grietensoen. Un deuxième texte, datant de 1408, traite d’un moulin dont, cette fois-ci, il est spécifié qu’il était actionné par le vent. Sa destination était également l’assèchement des marais dans la seigneurie de Zoeterwoude, et son constructeur était le même Floris van Alkemade.
Le 30 juillet 2006, je dus assurer une visite guidée au Hoosmolen de Drongen (près de Gand) ; mon intérêt pour ces moulins de drainage fut ravivé. Au mois d’août, par des recherches méthodiques, je trouvai, au Rijksarchief te Gent, des chartes en parchemin datées de 1316.
Le 10 février 1316, Simon Willebaert acheta de son frère Jan entre autres des terres à Ekkergem et à Rooigem. L’une de celles-ci est décrite de manière plus précise comme étant la terre sur laquelle se trouve le Hoosmolen : « an tstic lands daer de hoesse molen up staet ». De cette transaction sont conservés la charte en flamand ainsi que l’acte notarial rédigé en latin, tous deux datés du même 10 février 1316 et ayant un contenu identique (Rijksarchief te Gent, Chartreux, Chartes d.d. 1316, le 10 février).
Remarquons que, dans l’acte notarial, le « hoesse molen » est mentionné comme « vennemolen » (moulin des marais). Le lien indiqué entre « marais » et « moulin », en combinaison avec Hoosmolen (le néerlandais « hozen » signifiant « écoper ») nous renvoie sans aucun doute à un moulin d’assèchement.
La première attestation d’un moulin d’assèchement connue à ce jour est donc celle de 1316 : elle a trait à ce « hoesse molen » (Hoosmolen) ou « vennemolen » (moulin des marais), situé à Drongen, dans les plaines marécageuses de Bourgoyen près de la Lys, à la limite de Gand. Elle précède de près d’un siècle la première mention d’un moulin d’assèchement aux Pays-Bas, datant en effet de 1407.
Que l’existence du Hoosmolen remonte à cette datation ancienne est confirmé par les premières mentions de la « Molengracht » (fossé du moulin), en 1367, et du nom « Molenwater », par lequel on désignait, en 1397, la partie de la Lys entre Drongen et Gand. Ce Hoosmolen se trouvait au même endroit que le moulin actuel.
Les premières mentions du Hoosmolen indiquent clairement que, dès l’origine, il s’agissait d’un moulin d’assèchement à vent, et non d’un moulin à bras ou d’un moulin-manège. Nos sources traitent l’appellation Hoosmolen comme point de référence fixe, ce qui ne pourrait pas être le cas d’une construction provisoire, telle qu’un moulin à bras ou à cheval. En outre, les dénominations séculaires de « Molengracht » et de « Molenwater » renvoient incontestablement à la présence d’une construction bien stable.
Le Hoosmolen a été détruit lors des troubles de la deuxième moitié du 16e siècle. En 1597, il a été reconstruit comme moulin octogonal en bois ; ensuite, en 1701, il fut construit en briques. Actuellement il reste une tour octogonale en briques.
A l’origine le Hoosmolen était certainement en bois. Sans doute était-ce un moulin sur pivot, pourvu d’une cage plus petite que celle d’un moulin à blé. Sur la carte de Gand, dressée vers 1560 par Jacobus van Deventer, est représenté, à l’endroit du Hoosmolen, un moulin sur pivot.
En 1852, l’énergie du vent, qui jusque-là actionnait le système de drainage des marais, a été remplacée par une machine à vapeur. Ainsi fut accolée au moulin à vent une cheminée carrée. Vers 1860, les ailes et la toiture du moulin furent enlevées. En 1897, la roue à palettes fut remplacée par une pompe à mouvement centrifuge Phoenix, toujours existante. En 1945, fut installé un moteur électrique.
La ville de Gand, entité dont ressortit la commune de Drongen, acheta le Hoosmolen en 1985. Celui-ci fut classé comme monument en 1994, et, trois ans plus tard, la ville de Gand entama un programme de restauration qui fut achevé en 2004. A l’intérieur de la tour, un escalier métallique en colimaçon donne accès aux étages où sont dressés divers panneaux d’information. La pompe de 1897 a été remise en service et est actuellement intégrée dans la gestion de l’eau de la réserve naturelle urbaine de Bourgoyen-Ossemeersen.
Lieven Denewet. Je
remercie Aimé Smeyers, membre de la FFAM, d’avoir traduit le texte original néerlandais
en français. Pour une visite
au Hoosmolen, contactez : Stedelijk Natuurreservaat
Bourgoyen-Ossemeersen Driepikkelstraat
32 B-9030 Mariakerke (Gent) – Belgique Tél.:
+ 32 9 226 15 01 http://www.molenechos.org/molen.php?AdvSearch=522