Après
huit années de discussions autour de cette réforme et deux de concertation et
de débats (et de multiples amendements), la loi n°2006-1772
sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) a été promulguée le 30 décembre
2006 (J.O. du 31/12/2006).
Ce texte, fondé
sur une politique volontariste et ambitieuse de l’eau et de l’environnement,
souhaite apporter des solutions à la question de l’eau en :
Le
droit à l’eau pour tous est inscrit dans l’article premier de la loi, et de
nouvelles dispositions facilitent l’accès à l’eau.
La gestion de
l’eau devra « prendre en compte les adaptations nécessaires au
changement climatique ». La loi intègre donc la prévision de tous les
travaux rendus nécessaires par les risques pour la vie économique et l’équilibre
des ressources en eau qui découlent du changement climatique (retenues
collinaires, bassins de rétention, nouveaux aménagements hydrauliques destinés
à réguler la ressource, voire à l’augmenter si besoin).
La loi rénove
l’organisation institutionnelle, notamment les agences de l’eau et le
conseil supérieur de la pêche. Elle réforme les redevances des agences de
l’eau, dans le sens d’une mise en conformité avec la Constitution, d’une
déconcentration encadrée par le Parlement ou d’une simplification. Elle
conforte et légitime les comités de bassin qui approuvent les programmes
d’intervention des agences et les taux de redevances. Au niveau national, le
conseil supérieur de la pêche est transformé en un Office de l’eau et des
milieux aquatiques (ONEMA) chargé des études et recherches de portée générale
et de l’évaluation. Il apportera un appui technique aux services centraux et
déconcentrés de l’Etat ainsi qu’aux agences de l’eau.
Elle simplifie et
renforce la police de l’eau, en unifiant les outils issus de la législation
sur la pêche et de la législation sur l’eau, de façon à ce que les rivières
soient traitées par un corpus réglementaire unique, en complément de
l’ordonnance de simplification administrative du 18 juillet 2005 qu’elle
ratifie.
Elle propose des
outils nouveaux qui se veulent efficaces pour lutter contre les pollutions
diffuses. Elle met en place des plans d’action incluant des modifications des
pratiques agricoles bénéficiant d’aides et rendues obligatoires dans les
secteurs sensibles que sont les zones d’alimentation des captages, les zones
humides d’intérêt particulier et les zones d’érosion diffuse. Deux
redevances de pollution (dont l’une par rapport à la quantité de pesticides
et de nitrates utilisée) viendront alimenter les organismes de gestion de
l’eau.
Elle donne des
outils nouveaux aux maires pour gérer les services publics de l’eau et de
l’assainissement et accroît les compétences des communes en matière
d’assainissement non collectif, ainsi que de contrôle des déversements dans
les réseaux.
La loi prévoit
la reconquête de la qualité écologique des cours d’eau. Les milieux
aquatiques seront entretenus en utilisant des techniques douces dans le cadre de
plan de gestion pluriannuels, et la continuité écologique devra être assurée
tant pour les migrations des espèces amphihalines que pour le transit sédimentaire.
Le débit minimum au droit des ouvrages hydrauliques et leur mode de gestion
devra être rendu compatible d’ici fin 2013 avec les besoins écologiques, les
effets des éclusées doivent être atténués. Elle
donne les outils juridiques pour protéger les frayères, et précise les
modalités de délimitation des eaux libres et des eaux closes.
Ce
qui change (art 6 - Obligations relatives aux ouvrages). Le classement des rivières
(rivières réservées en application de l’art 2 de la loi de 1919, rivières
classées migrateurs selon art L.432.6), reconnu présenter des incohérences,
va être totalement révisé. La nouvelle procédure déconcentrée au préfet
comprend l’obligation d’un bilan énergétique par zone
géographique.
Trois critères devraient être retenus pour le classement : le très bon
état écologique (TBE), le rôle de réservoir biologique défini par le SDAGE,
la présence de migrateurs amphihalins. Un arrêté de classement des espèces
présentes n’étant plus prévu, il en résulte une obligation directe de mise
en conformité de l’existant dans les 5 ans de la publication des listes. La mise en conformité ne se traduira plus systématiquement par
une obligation « normative » d’équiper (notamment en ouvrages de
franchissement), mais par une obligation de « gérer » (« Tout ouvrage doit y être géré,
entretenu et équipé selon des règles définies par l'autorité
administrative, en concertation avec le propriétaire … »), avec
obligation de résultat quant à la nécessité d’assurer la continuité écologique
caractérisée par la circulation des poissons migrateurs et par le transport
des sédiments.
L’ouverture
régulière des vannages pourra être prescrite pour les ouvrages « perturbateurs »
identifiés.
Le
débit (dit régime) réservé est désormais de 1/10e (disparition
de la « tolérance » du 1/40e), sauf pour les cours
d’eau de fonctionnement « atypique », avec possibilité de
modulation à l’année.
Tous
les ouvrages devront être aux normes au plus tard le 1er janvier
2014. Les amendes ont été réévaluées, elles seront lourdes. Financièrement,
mais aussi quant à la pérennisation des « droits » du moulin…
Dans
l’attente des nouvelles listes, ce sont les anciens classements qui continuent
à servir de référence….
Les
décrets d’application sont prévus sortir ce printemps, ils nous permettront
d’y voir plus clair….
Voir
texte intégral de la loi http://www.moulinsdefrance.org/ffam/nouveautes.html.
Annie BOUCHARD