Sarthe. Au Mans, le moulin de Saint-Georges a vécu, André Coutard
Extrait
d’un article de 2 pages avec photos.
Les célèbres
moulins de Saint-Georges du Mans ont
été rasés entre février et juillet 2016, « déconstruits »
selon les termes des responsables locaux du groupe Agrial propriétaire.
Massacre d’un site remarquable certes en mauvais état mais tellement chargé
d’histoire.
Deux boulangers manceaux,
messieurs Jamin et Leroux, dans les années 1850, associés,
font construire
au Mans, sur l’Huisne, un moulin au Gué de Maulny selon les méthodes dites à l'anglaise, les plus
modernes de l’époque C’est à la suite que nait
entre eux, quelques années plus tard, le projet de construire une grande
minoterie.
Par Décret Impérial
du 1er décembre
1860, Napoléon III accorde
l'autorisation de construire
un moulin à
blé en rive
droite de
la Sarthe, au lieu dit le gué d’enfer à Saint Georges du
Plain. Les
travaux débutent en 1861. Le bâtiment
central est terminé en 1863, le pertuis et sa vanne de
décharge
en
1864. Les deux turbines entrainent
alors 30 paires de
meules. Le
31 décembre 1864
la minoterie
Jamin et
Leroux
emploie 40 personnes. Quelques mois
après les turbines sont remplacées par 2 roues Sagebien de 9 m de diamètre et 6 m 75
de long.
Elles ont coûté 30 000
francs et ont une force de 120
CV.
Un embranchement
ferré relie l'usine
à la
ligne le Mans-Angers
dès le 1er septembre 1866.
En 1873
les 2 ailes de 40 m
de long
encadrant le bâtiment central
sont achevées.
Au centre
de la cour une
machine à
vapeur d'une force motrice
de 180 CV vient en
aide aux
2 roues
hydrauliques, le
nombre de meules
est passé à 38
paires.
Dans les années
1880 le moulin de St Georges est dit pourvu de tous les appareils les plus convenables pour la production d'énormes quantités de farine dont
une partie
est exportée vers l'Angleterre:
En 1898 la production est
de 365 000
quintaux de farine, chiffre jamais
atteint jusque-là.
La mouture
se fait
avec 50 appareils à cylindres. Le
moulin de St-Georges est classé
par la revue « La France
Industrielle » comme le
second de France après les moulins de Corbeil,
et le
plus important de
l'Ouest...
La capacité
d'écrasement est
de 1 500
à 1 600 Qx par
jour.
En 1914, sa production est presque
entièrement réquisitionnée
pour les stations
magasins de
l'armée française, ce qui est
loin d'enrichir
la Société Vve Jamin et
Fils. En
1917, devant les impayés,
les déficits accumulés, la
gestion du
moulin est reprise par une Société Anonyme.
La première, dite du moulin de
Saint-Georges, achète
le moulin en
décembre 1917.
Onze ans plus
tard, il est
acquis par la
Compagnie Agricole
de minoterie, dont
le siège
est à Paris. Le
1er octobre
1936 il est
loué à la
Coopérative Agricole de
la Guierche,
qui deviendra Coopérative
Agricole de la
Sarthe. Cette
dernière achète le
moulin en décembre
1951. En 1953, l'activité de
la Minoterie
St-Georges s'avère
de moins
en moins rentable. Elle
aurait besoin d'être
modernisée, avec le remplacement
d'un certain nombre de
machines dont les cylindres. La CADS,
en ces
années d'après-guerre,
ne peut
se permettre cet effort,
la décision
est prise
en 1954, d'arrêter
l'activité. Le
moulin Saint-Georges
cesse de moudre
le 30 avril 1954,
l'annulation de
son contingent de
mouture, vendu,
est prononcée le 20
janvier 1955
(387 514Qx).
Le décret
Impérial du 1er
décembre 1860
est abrogé le
1er janvier 1965.
Le grand moulin de
Saint-Georges, centenaire, œuvre des
Jamin-Leroux avait
vécu. Sa nouvelle vie sera de produire de l’alimentation animale,
activité qu’il gardera jusque dans les années 1990, avec une production de
plus en plus réduite. Désaffecté, laissé à l’abandon, squatté, il verra
toutes ses ouvertures murées dans les années 2010.