Les
moulins à marée aux États-Unis. Compte-rendu 11e conférence
du
Tide
Mill Institute par
Anthony Martin
Extrait d’un article de 3 pages avec photos de
l’auteur.
Les 6 et
7 novembre derniers s’est déroulée à Berverly, près de Boston aux États-Unis,
la 11e conférence annuelle du Tide Mill Institute, association
officiellement créée le 3 février 2007 par Earl Taylor, président de la Société
Historique de Dorchester, Earle Warren, historien spécialisé dans le
domaine maritime, et John Goff, ancien rédacteur du Tide Mill Times. Ils se
sont fixé comme objectifs d’oeuvrer à la reconnaissance de l’énergie marémotrice
aux États-Unis et au niveau mondial, d’encourager les recherches sur les
moulins à marée, de réunir des informations afin de réaliser une base de
données pour les étudiants, doctorants, chercheurs mais aussi de promouvoir
les utilisations contemporaines de l’énergie marémotrice. Chaque année, les
membres de l’Institut et autres amateurs de moulins à marée du monde entier
se réunissent afin de partager et d’échanger autour d’une thématique différente
: « Les marées : une source d’énergie oubliée ? » en 2013, ou encore «
L’utilisation des marées » en 2014. Cette année le thème retenu a été «
Archéologie et Patrimoine ». Le rendez-vous était donné dans la ville côtière
de Beverly à 40 km au nord de Boston, au Cummings Center, ancienne entreprise
de fabrication de chaussures abritant aujourd’hui des bureaux et lieux de conférences.
C’est donc dans cette ambiance de reconversion industrielle que pas moins de
40 personnes se sont réunies afin d’écouter et d’échanger avec les
communicants présents. L’événement était articulé en 2 sessions, une le
vendredi aprèsmidi et une autre le samedi matin. La session d’ouverture a été
présidée par E. Warren qui a introduit la thématique de la conférence en présentant
les différents sujets qui ont été abordés par la suite, et qui a également
détaillé le programme de ces journées. C’est John Daly, archéologue et
historien de l’industrie qui a débuté la première session. Son intervention
portait sur les recherches et les fouilles archéologiques menées sur le site
d’un ancien moulin à marée situé à Beverly : le moulin Friend. Il
s’agissait d’un ancien moulin à maïs, installé en 1647 sur la rivière
Bass. Ce moulin a été un élément très significatif de
l’industrie et de l’agriculture à Beverly et Salem (ville voisine) de
1640 à 1880, date à laquelle le moulin a été détruit. Aujourd’hui ce site
est considéré comme très important tant du point de vue historique qu’archéologique.
C’est d’ailleurs le laboratoire public d’archéologie qui mène
actuellement les recherches concernant ce site et John Daly a détaillé les
différentes campagnes et les résultats notamment concernant les différentes
évolutions du site. Il explique par exemple que
la digue
a été déplacée en 1848 plus en aval sur le côté sud de la rue Elliott,
peut-être pour permettre aux plus grands navires d’accéder plus facilement
au moulin. En 1851, une tour à grains munie d’un système d’ascenseur est
installée et une partie du moulin du XVIIe siècle est démolie et les matériaux
réutilisés pour la création d’une grange. Une photographie de 1880 montre
clairement la présence de la tour à grains côté sud face à la mer tandis
qu’une enseigne peinte sur laquelle est écrite la mention « ascenseur et
moulins ». Avec le deuxième intervenant, John Anderson, expert en
science
politique et spécialiste des affaires maritimes, nous nous sommes déplacés de
l’État du Massachusetts pour celui du New Jersey et plus précisément au
coeur de la Rancocas Creek dans la rivière Delaware. Sa relation avec cette région
a commencé lorsque l’Etat du New Jersey lui a proposé en 2014 de descendre
la rivière en kayak afin de faire des observations sur de possibles aménagements.
Durant cette « balade », il a pu observer avec précision l’environnement,
les berges, les courants etc. Il s’avère que le marnage dans le Rancocas
Creek est assez important. Cette donnée, associée au découpage des abords lui
a fait se poser la question d’une éventuelle occupation par des moulins à
marée dans cette partie de la rivière Delaware. Il a commencé à faire
quelques recherches sur d’éventuelles traces de moulins dans les archives et
est retourné fréquemment sur site pour observer ce qui pourrait constituer un
lieu possible pour l’implantation d’une digue. J. Anderson n’en est encore
qu’au début de ses investigations et est venu à la conférence pour exposer
les résultats de ses premières recherches, ainsi que demander l’avis des
experts dans la salle. Cette réunion a donné lieu à un débat intéressant,
notamment au sujet des pierres de taille retrouvées dans la rivière, ayant pu
servir à l’édification d’une digue. Affaire à suivre...