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– Moulin de Mazerolles : Destruction du barrage = un projet perdant/perdant
Article
de 2 pages, avec photos, par Par Philippe Benoist Membre du Conseil national de l'expertise foncière
agricole et forestière
expert judiciaire
La Minoterie de Mazerolles D’origine très ancienne, il s’agit alors d’un moulin à broyer le tan et battre le grain. Reconstruit en 1865 sur les bases de l’ancien moulin, il est appelé « Moulin Esconault », du nom du propriétaire de l'époque Alexandre-Philippe Escouault. Ce moulin est alors équipé de douze paires de meules. Le barrage en béton et les pertuis sont construits. Un premier règlement d’eau du moulin a été rédigé le 5 octobre 1865. Un second règlement d’eau, toujours en vigueur, a été établi par arrêté préfectoral le 2 août 1870.
La minoterie cesse sa production de farine panifiable en 1965 mais poursuit une activité de négoce d’alimentation animale jusque dans les années 1970.
En
1980, un promoteur projette d’équiper le site d’une turbine Kaplan à pales
variables, absorbant 30m3/s, entrainant une génératrice Jeumont-Schneider
d’une puissance de 499 kW. Ce projet qui n’a pas abouti pour diverses
raisons il y a 30 ans, montre l’opportunité d’équiper aujourd’hui ce
site pour la production d’énergie électrique.
Dernièrement, le cabinet d'architecture dirigé par Jean-Philippe Gautier et dont les bureaux sont actuellement à Lussac-les-Châteaux rachète l'ancienne minoterie de Mazerolles avec son seuil. Ce nouveau propriétaire a déjà effectué divers travaux de restauration.
Or les services en charge de l’eau décident d’araser le seuil du moulin. Les riverains du village « Le Pont » de Mazerolles et les amis de l’ancienne minoterie réunis avec l’association « La Mie du pain, des fours et des moulins » s’opposent vivement à ce projet.
Le
seuil de Mazerolles doit-il « nécessairement » être détruit... et
pour quels avantages ?
Le
13 octobre 2013, l'association a organisé une manifestation contre l'arasement
du seuil de l'ancienne minoterie demandé par le Préfet « sous
le prétexte d’une meilleure continuité écologique des eaux de la Vienne ».
Des écologistes, des riverains, des juristes, des habitants, la fédération
des pêcheurs représentée par son vice-Président Jacques Vergier, la Présidente
de la FFAM Annie Bouchard, des élus locaux dont Thierry Mesmin Conseiller Général,
Président de la Communauté de Communes du Lussacois. FR3 était présente et
la presse (la Nouvelle République) s’était fait l’écho de ces préoccupations
dans les jours précédents. Une pétition a rapidement recueilli 750 signatures,
puis 1 500. Un large engouement local à comparer avec la démocratie
officielle qui prétend asseoir toute la politique de l’eau : 2 800
réponses au questionnaire de l’agence de l’eau Seine-Normandie sur 18
millions d’habitants. A peine mieux dans le bassin Loire-Bretagne. Des
camouflets cuisants. http://oce2015.wordpress.com/2013/10/23/consultations-antidemocratiques/
Une
base légale « branlante »
L’Administration
a curieusement signé un arrêté préfectoral de mise en demeure le 5 octobre
2011 pour que le seuil soit « équipé ». Elle met maintenant la pression pour
le faire araser alors que, dans son état actuel, il est parfaitement conforme
aux exigences de la continuité écologique : une large brèche d’environ
10 m assure la libre circulation des espèces piscicoles et 5 pertuis grands
ouverts permettent le transit sédimentaire. Nonobstant l’ouvrage, la Fédération
départementale des pêcheurs assure qu’il n’y a pas de sédiments dans la
Vienne sur ce tronçon. L’ouvrage est donc légalement « transparent ».
La DDT a sciemment occulté cette analyse et enjoint la Commune de Mazerolles à
acquérir le seuil… pour l’araser. Une déclinaison locale d’un scénario
national absurde et coûteux, sans bénéfice réel pour l’environnement.
Examen
technique
L’équipement
du seuil de Mazerolles pourrait être un cas d’école. C’est le fiasco pédagogique
de la continuité écologique. L’acharnement dogmatique de l’Administration
viendra-t-il à bout de cet ouvrage patrimonial qu’aucune loi n’oblige à détruire ?