Ain -
Le moulin Gaud restauré à des fins pédagogiques
Article
de 2 pages par Laurent Béréziat, de l’association « La Roue du Moulin Gaud
»
Construit
probablement entre le XIIIe et le XVe siècles sur la
Reyssouze, route de Foissiat au hameau de « Cézille » sur la commune de Jayat
(01), ce moulin est devenu le moulin Gaud en mars 1887, date à laquelle le
meunier Louis Gaud (1849-1926) l’acquiert. C’était le grand-père de François
et Louis Gaud, ses derniers meuniers.
Le
moulin n’avait pas alors le visage d’aujourd’hui, car en cette fin de XIXe
siècle, la force motrice était obtenue par une grande roue à aubes qui
actionnait 4 paires de meules : 2 pour le blé, 1 pour les gaudes bressanes et 1
pour les autres céréales (maïs, avoine, orge, etc.). Le début du XXe
siècle verra une modification quant aux meules à blé. La turbine Fontaine a
été installée par les Ets Bergeaut de Macon (71) en 1902. Une paire de meules
est enlevée pour être remplacée par un appareil à broyer pour produire de la
semoule. Cette semoule est ensuite passée sous la meule pour être transformée
en farine. En 1907, la paire de meules en pierre est échangée contre un
appareil à cylindres et une paire de meules artificielles faites de silex et
d’émeri. L’année 1913 est le début des modifications des forces qui
actionnent les machines transformant le grain en farine. Cette année-là, on
voit apparaître un moteur dont le combustible, de l’anthracite, émet du gaz
et actionne une dynamo qui fournit un courant alternatif de 110 volts. Une
cheminée de 17 mètres de hauteur dépasse du toit du moulin. En 1894, à cause
d’un orage de grêle, elle tombe sur le moulin. Réparée, elle sera démontée
en 1912 (souvenir : un ouvrier a grimpé au sommet pour faire tomber les
briques une à une).
Avant
la guerre de 1914-1918, le moulin occupait 5 personnes : le meunier
(patron), 2 charretiers, 1 farinier et des journaliers. En 1933, une turbine
Francis, de marque Dumont à Saint-Uze (Drôme), de 21 CV sous 1m25 de chute, a
été installée, étant beaucoup plus performante que la turbine Fontaine. En
1950, on procède à l’installation d’un moteur diesel, jusqu’en 1962 où
l’on passe à l’électricité. Au niveau des machines, l’évolution est
permanente, et en 1959 le transport du grain vers les broyeurs devient
automatique : c’est un transport pneumatique.
Au
cours des ans, l’aspect extérieur a été modifié ou rénové. Construit en
briques et bois, le bâtiment d’habitation a été refait en 1954, alors que
le bâtiment du moulin à blé a été rénové en 1959 pour nous apparaître
comme aujourd’hui. Meuniers livrant la farine sur les communes environnantes,
François et Louis Gaud, fils de Prosper (1874-1945), lui-même fils de Louis,
ont cessé leur activité en 1977. Le moulin tournait 7 jours sur 7 et 24 heures
sur 24. La production n’était arrêtée que 3 dimanches par an. Le rendement
du moulin de l’époque était de 400 kg à l’heure ce qui correspondait à
environ 75 quintaux par 24 heures. Les frères Gaud allaient chercher du blé
jusqu’à Saint Pourçain – Varennes-sur-Allier (environ 200 km) avec un
camion Berliet GAK 160 de 6,5 tonnes de chargement. François, né en 1910, décèdera
en 1998, tandis que Louis, né en 1913, quittera cette terre en 2004.
C’est
en 1998, au moment de la construction de la station d’épuration, que le SIVOM
(Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples) regroupant les communes de
Montrevel-Jayat-Malafretaz a acquis le moulin de « Cézille » appartenant aux
frères François et Louis Gaud. L’objectif était sa restauration et sa
remise en valeur à des fins pédagogiques. Le moulin a repris alors définitivement
le nom de « moulin Gaud » en mémoire de cette famille de meuniers qui
l’avait exploité durant plus d’un siècle.
Au
printemps 2003,
le moulin est mis à la disposition de l’association des Amis des Moulins de
l’Ain (AMA) afin qu’il soit réaménagé et remis en fonctionnement. La
restauration commence le 24 février 2003 par la remise en état d’une première
turbine Fontaine et l’installation de différents engrenages, poulies, meules,
etc… Après 4 mois de travaux, les bénévoles avaient effectué 575 heures
d’intervention dans les locaux pour l’inauguration officielle lors de la
journée des moulins du 21 juin 2003. Symboliquement, ce jour-là, c’est Louis
Gaud lui-même qui a remis en route la turbine Fontaine en soulevant les clapets
un à un pour faire tourner les différents engrenages et renvois d’angles qui
entraînent une paire de meules située à l’étage. La première phase était
réussie.
Toutes les idées sont menées de front. Pendant les travaux
de restauration de la turbine Francis, l’étude de la construction de la roue
à aubes de type Sagebien suit son cours et un premier contact est pris début
2004 avec le principal du Lycée Alexandre Bérard d’Ambérieu-en-Bugey. En
2005, les élèves de bac pro de métallerie industrielle ont « attaqué » le
chantier sur deux années scolaires sous la direction de leur professeur Camille
Courthial et sont venus eux-mêmes l’installer courant mai 2007 sur le mur
nord du moulin. Ces jeunes de 18 à 20 ans ont travaillé avec joie à la réalisation
d’un ouvrage sur des technologies du XIXe siècle. L’inauguration
de la roue à 48 pales de 6 m de diamètre et 1 m 20 de largeur, après 4 ans de
péripéties, a eu lieu en grande pompe lors de la journée des moulins le 23
juin 2007.