42 - A Maclas, le moulin à huile des Andrivaux a retrouvé son
activité
Article de 2 pages avec photos de
Georges Desseux
Son bief est sur le Fayen affluent du
Limony, lequel se jette dans le Rhône en rive droite, à Limony (07).
Après un sommeil de 44 ans, le moulin des
Andrivaux à Maclas retrouve son activité grâce aux travaux de restauration
entrepris par Georges Desseux son propriétaire.
Avant 1814, le lieu est propriété de
Antoine Francois et Marie-Reine Rouhé. Le 9
novembre 1912, le moulin à huile devient propriété de Georges Chardon et
Marie-Louise Philomène Desseux. Après la guerre de 14-18, des travaux
importants sont entrepris, suppression de l’écluse, orientation de la roue de
90° pour utiliser l’eau du bief en ligne et mise en place d’un moteur électrique
pour les mois de sécheresse. Le moulin ne tournait qu’une fois par
semaine, voire tous les quinze jours. Il fallait 3 kg de graines de colza pour
obtenir 1 litre d’huile. Il ne produisait de l’huile de noix qu’une fois
par an, après un nettoyage poussé car il ne fallait pas que l’huile de colza
donne du goût à l’huile de noix.
Le 16 novembre1946, le moulin devient
propriété de Joseph Desseux, neveu de Marie-Louise Philomène Desseux et
Robert Jeanne. L’huilerie est exploitée par Paul Vallot de 1947 jusqu’à la
dernière pressée en 1968.
Le 28 mai 1984, le moulin passe à
Georges Desseux, fils de Joseph, qui lui-même le transmet à son fils Didier le
17 décembre1999.
En 2003, après 35 ans d’inertie,
Georges Desseux entend sortir le moulin de sa torpeur, il entreprend sa
restauration. Il s’agit dans un premier temps de dégager la roue ensablée
sur un mètre de haut ainsi que le canal en bois aval de la roue du ruisseau,
remplacé depuis par un canal en pierre. S’ensuivent la réfection de la
cheminée, la réparation de la roue, de la virole intérieure, de la goulotte
d’arrivée d’eau, un coup de peinture et de graissage des pignons et le
moulin s’offre une deuxième jeunesse. Enfin, « se fait offrir » serait plus
juste… la remise en état n’a pas été une sinécure pour Georges Desseux
qui, bien qu’aidé par sa famille et amis, a bien cru ne pas parvenir à tirer
un filet d’huile de son moulin.
La restauration d’un
moulin et sa remise en activité ne demandent pas que de l’huile de coude et
du savoir-faire : une bonne dose de patience et d’acharnement sont nécessaires
pour faire face à l’administration et la juridiction non inquiets à l’idée
de voir disparaître un patrimoine séculaire. L’affaire débute en mai 2009
lorsque Georges Desseux reçoit un courrier de la DDEA suite au dépôt de
plainte d’un pêcheur : il a jusqu’à octobre 2009 pour mettre la prise
d’eau du bief en conformité avec l’article L 214-18 du code de
l’environnement. Suite à ce courrier l’Association du Bief des Andrivaux
est créée en juin 2009 pour pouvoir assurer la sauvegarde du bief ainsi que du
patrimoine associé (un vieux moulinage textile ainsi qu’un vieux moulin à
huile de colza, et faire face aux ennuis juridiques). Des travaux de
rehaussement du seuil du bief sont réalisés en août. Ils sont jugés
insuffisants par l’ONEMA, capable de dire, sans l’appui d’un quelconque
bureau d’études, que les travaux ne sont pas conformes, mais ne peut ni
conseiller ni proposer une solution pour être conforme... D’autres travaux
suivent un an plus tard : le barrage de la rivière est ouvert sur une largeur légèrement
supérieure à celle de la prise d’eau du bief. En octobre 2010, le Président
est convoqué à la Gendarmerie où on lui signifie que le Procureur veut une étude
réalisée par un Bureau d’Etudes agréé. Par l’intermédiaire de la FFAM
nous contactons un BE digne de confiance et de tarif abordable. Les travaux sont
exécutés conformément aux préconisations de ce rapport, et constatés par un
huissier. C’est pourtant une mise
en demeure de la substitut du Procureur qui accueille cette entreprise. Il faut
lui expliquer que le moulin à huile des Andrivaux existant depuis au moins 174
ans, remis en état et restauré à l’identique sans l’aide de quiconque
avec des deniers personnels, alimenté par l’eau du ruisseau ‘’le Fayen’’
ainsi qu’un ancien moulinage textile également centenaire dernier témoin de
cette industrie maintenant révolue, ne pourra plus fonctionner car privé de la
force motrice de l’eau. Que le propriétaire a fait preuve de bonne volonté,
mais que l’association n’a pas les moyens financiers de supporter les frais
d’un calcul du module du ruisseau que l’administration voudrait qu’elle
prenne à sa charge. Le module retenu a été estimé par le BE, très au fait
de la question, avec une marge d’« erreur » au désavantage du
moulin.
L’affaire est classée sans suite, puis « déclassée », et
pendant ce temps, le moulin, pourtant restauré, est « juridiquement » privé
de l’eau du ruisseau le Fayen. A ce stade, pour clore cette pénible et ridicule affaire, la
seule alternative était d’araser le seuil de la prise d’eau et ainsi mettre fin à
deux siècles d’existence du bief des Andrivaux avec toutes les conséquences
désastreuses sur le patrimoine. Enfin, en 2013, la DDT valide une nouvelle étude
d’un nouveau bureau d’Etudes, les ennuis sont en passe d'être réglés,
mais non sans mal ! Il aura fallu 10 ans à Georges Desseux et ses
compagnons de fortune pour assurer la renaissance du moulin des Andrivaux…
Le 27 février 2012, premiers tours de
la roue à eau alimentés par le bief. Essai concluant, elle ne tourne peut-être
pas régulièrement, léger déséquilibre, mais ça va. Elle possède 40 augets
pour un diamètre de 3,5 m et une largeur de 0,75 m, il a fallu changer 30
augets sur 40.
Début de 2013, réfection de toute la
mécanique du raclant du chaudron qui n’était plus en état de tourner
convenablement. Récupération d’un arbre sur les moulins de Bernard Raby. Le
14 février 2013, essai du moulin. Mise en place des courroies confectionnées
et fournies par Bernard Raby. La meule tourne, il faut que la vanne soit ouverte
de 8 tours et que la vanne de décharge soit presque fermée. Le raclant du
chaudron tourne bien. La presse fonctionne également à vide, pressera-t-elle
suffisamment ?
Le 3 avril 2013, après 45 années de
sommeil, le moulin retrouve son activité, avec 32 kg de cerneaux de noix nous
fabriquons 12 litres d’huile, aidés de Patrick et Françoise Vignon du moulin
Pion-Vignon de Saint-Siméon-de-Bressieux (38) qui nous assistent dans cette
aventure.