72 Luché-Pringé. Restauration du moulin fortifié de Mervé

 Article et photos Patrick Coiffé

M. et Mme Guy et Véronique Henrot ont acquis le domaine de Mervé depuis plus de 35 ans ; passionnés d’histoire, ils souhaitaient depuis plusieurs années conduire une restauration du moulin fortifié inclus dans leur propriété. Bâti en rive gauche du Loir au XVe siècle, celui-ci a une forme caractéristique, en éperon côté amont, qui supporte une échauguette poste de garde. Des deux roues mentionnées dans les temps anciens il n'en reste qu'une.

« De 1159 à 1299, la première guerre de 100 ans a pour cause la rivalité entre les Maisons d’Anjou, les Plantagenets, rois d’Angleterre, et la Maison de France. La seconde guerre débutée en 1337, ne se terminera qu’avec la bataille victorieuse de Castillon en 1453 où les Anglais sont chassés du royaume. Durant ces siècles, une architecture militaire nouvelle se propagea aux moulins. Des Seigneurs, des Abbaye, les ont fortifiés militairement. Ce réseau défensif est caractéristique de l’Aquitaine… Malgré qu’ils eurent à subir également les affres de ces guerres, nos moulins fortifiés de l’Ouest n’ont rien à voir avec les imposants moulins aquitains ; pourtant en Sarthe notre moulin fortifié de Mervé, a un charme que ne possèdent pas toujours des plus connus. Cité pour la première fois en 1413 comme moulin à blé et à tan, il appartenait au fief de Mervé… En 1694, il appartient à Georges-Henry de Clermont d'Amboise marquis de Saint-Aignan. Il possède 2 roues, la plus grande actionne une meule à seigle et une meule à froment, et la plus petite une meule à seigle. Il y a une chambre à cheminée au-dessus des mécanismes. Le tout fut estimé 3 000 livres et 160 livres par an de revenu, et affermé à Jacques Girondeau… Plus proche de nous, entre 1857 et 1873, le moulin à blé de Mervé possède toujours 2 roues à eau à palettes entraînant 3 paires de meules à l’ancien système (couple rouets/lanterne). Le meunier habite à l’étage. L’ensemble est dit en bon état. En 1867 le niveau d’eau du barrage, avec sa porte marinière à aiguille utilisée pour le flottage du bois de marine, est réglementé… »

Le moulin de Mervé est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques le 22 décembre 1927. Des mécanismes du moulin, seuls restent les engrenages à l’anglaise de la seconde moitié du XIXe siècle, le rouet de fosse, le rouet de volet et l’armature métallique de la roue à eau coté Loir.

Depuis plusieurs années des travaux s’imposaient, mais en 2012 il y avait urgence à restaurer le bâtiment. Décidés par M. et Mme Henrot, ces travaux ont débuté en juillet 2013. « La pose d’un échafaudage tubulaire en porte à faux a été nécessaire pour réaliser ces travaux imposants.  Les toitures seront refaites à l’identique, en ardoises d’Angers, les chevronnières et les lucarnes en pierre de taille seront restaurées avec une restitution des crochets sculptés et des chimères sur les angles, conformément à ce qui se faisait à cette époque médiévale.  Les enduits anciens seront conservés et restaurés dans l’harmonie de l’ensemble.» nous a fait savoir  Francis Gouet, directeur de l'agence mancelle de l'entreprise Lefèvre, spécialisée dans la restauration de monuments historiques. Ces travaux sont supervisés par l’Architecte des bâtiments de France pour le département de la Sarthe, Nicolas Gautier. Les travaux dureront jusqu’à fin 2013, voire janvier 2014.

Non prévue dans la restauration, fin juillet, une des 2 vannes motrices à crémaillères en bois sort de ses guides vétustes et l’eau s’engage violemment dans le coursier de droite risquant à terme de déchausser les fondations mêmes du moulin construit, suivant la technique de l’époque, sur pilotis. Pour remplacer en urgence ce vannage, les propriétaires se sont adressés à l’Association Moulins et Rivières de la Sarthe. Deux de ses membres, Patrick Coiffé et Jean-Yvon Stéfan, ont fait le choix de remonter une vanne métallique, choix justifié par la rapidité de fabrication et de mise en place. L‘ensemble est réalisé début août par l’entreprise Rousseau dont les ateliers sont à Brûlon (72). Eric Rousseau a déjà une solide expérience de travaux en réalisation de vannages et de roues à eau dans des moulins sarthois.

 

 

 

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