Jura
- Du moulin à la scierie de marbre au Pays de Saint-Amour
Résumé d’un article de 5
pages par Jean Daniel MICHEL
De tout temps, les eaux du bief
de Besançon ont constitué une force motrice appréciable, mais c’est surtout
au 16e siècle et grâce à Philibert
de La Baume, que l’on comprit tout l’intérêt que présentait ce ruisseau,
pourtant modeste, pour l’économie locale […] Durant les siècles suivants
les installations de nouveaux moulins se développèrent tout au long du
ruisseau, et l’on
en compta jusqu’à 25, au milieu du 19e siècle.
Le bief de Besançon, plus simplement appelé
Besançon, prend sa source à Montagna-le-Reconduit (Jura) dans une reculée du
Revermont à 350 mètres d’altitude. Il se jette dans le Solnan, près du
village de Condal (Saône-et-Loire), à une altitude de 193 mètres. Son
principal affluent le Souget prend naissance au bas du hameau d’Allonal (Saint-Amour)
et le rejoint près du moulin de La
Foule après un parcours de 1650 mètres. Malgré un cours réduit d’un peu
plus de 13 kilomètres pour une dénivellation de 157 mètres, le Besançon
traverse cinq communes et trois départements. Il fait partie du bassin du Rhône
par l’intermédiaire du Solnan, de la Seille et de la Saône. Il a un régime
torrentiel dont le débit varie de 30 litres par seconde en période d’étiage
à 15 000 litres par seconde en grandes eaux […]
A une exception près, les
moulins du Besançon étaient dotés de roues
à augets en dessus. Ils disposaient souvent d’un battoir à chanvre ou à céréales installé à l’écart du
moulin, sur la rive opposée, en raison de la poussière dégagée par le
battage. A la fin du 18e siècle, ces moulins ne possédaient, en
moyenne, que deux roues, mais au fil des ans, les meuniers augmentèrent le
nombre de leurs tournants pour
passer à quatre et même cinq roues par
moulin, dans les premières décennies du 19e siècle. En 1809, on
comptait déjà 22 moulins ; ces moulins proposaient des services variés,
en harmonie avec la vie en autarcie menée
par les habitants des campagnes d’alors[…]
La reconversion devient nécessaire.
Un rapport de 1862 dénombre sur la partie jurassienne du cours d’eau : 44
usines installées sur 23 sites, auxquels il convient d’ajouter 4 sites
situés à la limite de l’Ain et de la Saône-et-Loire. Dans la première
moitié du 19e siècle, le nombre excessif de ces moulins conduit les
« usiniers » à envisager une reconversion même partielle de leurs
mécanismes. Quelques uns se tournent vers la filature, le sciage du bois
ou le tournage des métaux, d’autres sont séduits par l’exemple du
moulin Rentreux de Saint-Amour, où Nicolas
Chambard, François Baudoin et Jean-Marie Carron, avaient établi en 1817, une «
scierie hydraulique composée de deux roues » qui faisaient « mouvoir
quatre châssis portant chacun douze lames de scies propres à débiter les
blocs (de pierre) en tables (tranches) de toute épaisseur» […] Après
une dizaine d’années d’expérimentation, cette nouvelle activité semblait
lucrative. […]
En l’espace d’une
cinquantaine d’années, pas moins de six sites hydrauliques se tournent vers
le sciage du marbre. Il est intéressant de remarquer que chaque fois, c’est
le battoir situé sur la rive opposée au moulin, qui est transformé ; on
ne touche pas à la meunerie, l’établissement reste d’abord et avant tout
un moulin à farine. Le sciage du marbre est, alors, considéré comme une
activité d’appoint, pour les périodes « creuses ». Ces scieries
permettent d’alimenter les ateliers des marbriers locaux, et en particulier,
ceux de Fontaine Aîné, Bouquin-David et Orsat-Robin, sculpteurs marbriers
jouissant d’une belle réputation . De 1865
à 1880 est l ’essor de la marbrerie dans la vallée du Besançon
[…] et de 1880 - 1914 l’âge d’or de la marbrerie […]
Après la Première Guerre mondiale seules quatre scieries subsistent […] Jusqu’en 1957 les taxes à l’importation préservent les marbriers français qui ont intérêt à acheter les blocs de marbre à l’étranger et à en assurer le débitage et la finition en France. Mais à partir de la signature du traité de Rome, le 25 mars 1957, les droits de douane taxant les importations sont supprimés, désormais le marbre étranger arrive scié en tranches. C’est la fin des scieries de marbre ; elles ferment les unes après les autres […] De nos jours, seule subsiste la marbrerie Yelmini-Artaud. Après avoir repris les sites du moulin Rentreux et du moulin Fèvre, elle s’est installée, en 2006, dans des locaux modernes, à l’écart du ruisseau […]