Editorial : Nos
moulins ont de l’avenir, par Annie
Bouchard Présidente de la FFAM
Nos moulins ont
de l'avenir, …ce
n’est plus à démontrer et nous nous devons d’inscrire l'action de
la FFAM dans le contexte actuel du Grenelle de l'environnement, de la directive
européenne sur l'énergie, de la crise énergétique, du renouveau des énergies
alternatives.
Première machine
inventée par l’homme, le moulin a été la première machine à remplacer la
force musculaire. Pendant des siècles, l’énergie apportée par l’eau a
comblé les besoins des hommes. Victimes de l’avancée inexorable du progrès
lié à l’utilisation des nouvelles énergies, puis ruinés par les grandes
unités de production suite à la mécanisation qui s’est organisée avec
l’objectif de produire toujours plus… beaucoup de moulins ont disparu.
Mais c’est
seulement depuis ces cent dernières années que les moulins et leurs chaussées
sont montrés du doigt par une politique
des plus discutables qui conduit à déclarer que la ligne d’eau régnant
depuis des siècles serait nuisible à l’équilibre du milieu.
Personne
ne nie la nécessité du développement durable élevé au rang de valeur
constitutionnelle. Mais l’arasement d’ouvrages construits depuis des siècles
ne saurait revêtir un caractère d’intérêt général. A l’issue de
près de 10 siècles d’existence,
des milliers de moulins rencontrent ainsi aujourd’hui de graves difficultés
en raison de dispositions contraignantes, et sont menacés... Là, nous sommes
fiers de souligner la qualité d'une restauration ; ailleurs on dépense
beaucoup d'argent public pour casser des seuils de moulins, accusés d’être
des obstacles sur nos rivières et d’être les principaux responsables du
dépeuplement piscicole,
alors que personne n’ignore que les causes sont autres.
Les
institutionnels de bassins (…ceux-là mêmes qui coupent les rubans des
moulins rénovés avec l’argent du contribuable), s’appuyant sur des évaluations
complexes et non démontrées scientifiquement, sont convaincus que bon nombre
d’ouvrages (seuils ou chaussées, selon le vocabulaire local) doivent être
effacés, privant ipso facto le moulin de ses droits pourtant reconnus comme
imprescriptibles. Ce démembrement signerait le troisième coup de grâce envers
les moulins, le coup de grâce contemporain…
Face à cette
menace, la noble cause de sauvegarde du patrimoine est elle aussi une mission
reconnue d’intérêt général, et la FFAM adhère à la récente "Déclaration
solennelle pour le patrimoine". Pourtant,
tout en préservant pour la majorité des moulins leur aspect historique et
patrimonial, il n’en reste pas moins que le moulin patrimoine meunier n’a
que peu d’avenir. On ne sauvera les moulins que si leur existence est justifiée,
notamment en tant que vecteur d’énergie. La FFAM doit avoir pour objectif de
ne pas manquer cette évolution, ce qui serait le risque en axant nos
actions sur la notion du moulin uniquement patrimoine culturel. Elle doit se
positionner sur les possibilités énergétiques des moulins, premier moyen de
les préserver. La demande de production d’hydroélectricité est de plus en
plus pressante de la part des propriétaires de moulins dans le contexte économique
actuel ; dans les prochaines années, la politique énergétique sera déterminante
et elle commence à évoluer pour la petite hydraulique. En Allemagne les
moulins à eau s’arrachent car la production hydroélectrique est, de loin, beaucoup
plus développée qu’en France.
Ce
débat destiné à permettre d’apporter au moulin une solution actuelle à sa
pérennité étant fondamental, c’est conscients de notre responsabilité
individuelle et associative face à la protection et la conservation de ce
patrimoine, que, au nom de tous les membres du Conseil d’administration de la
Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins, je présente
à tous nos lecteurs mes vœux les plus sincères de santé et de paix, ainsi
que de réussite de leurs projets, pour cette nouvelle année 2009, pour que
nous continuions à nous battre tous ensemble, et avec nos partenaires… pour
que nos moulins aient de l’avenir !