Moulins de
tannerie en Cinglais,
du XVIIIe
siècle au XXe siècle.
Article
de 5 pages de Philippe Ponsot et François Callu
Dans
l’économie traditionnelle, qui a perduré en Normandie jusqu’au milieu du
XXème siècle, le cuir est un produit de première nécessité, qui permet à
différents artisans de fabriquer et réparer selles, harnais, courroies,
bottes, chaussures, tabliers, sacoches, ceintures, capotes de voitures et même,
au Moyen Age, cuirasses et boucliers. La tannerie est alors une industrie
essentielle, présente dans les villes, mais aussi dans de nombreux bourgs
normands. Jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, dans la plupart des
centres de tannerie normands (1), les peaux étaient transformées en cuirs par
tannage lent (18 ou 24 mois) avec des écorces.
En
Cinglais, petite région historique située entre Caen et Falaise, au cœur de
la Normandie, cette technique fut la seule utilisée jusqu’en 1920 et perdura
jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les tanneries avaient recours
aux moulins hydrauliques pour écraser les écorces et battre le cuir :
-
les moulins à tan fournissaient le tan, écorce broyée utilisée pour gonfler
les peaux et les transformer en cuirs.
-
les marteaux battaient le cuir fort, destiné aux semelles, pour le durcir et en
égaliser la surface.
Le
dernier moulin travaillant pour la tannerie ne cessa son activité, à
Bretteville-sur-Laize, qu’en 1944.
La
tannerie est ancienne en Cinglais : elle est attestée au XVIème siècle
et fut particulièrement importante du XVIIIème siècle au XXème siècle. Deux
centres brillèrent d’un éclat particulier : Thury-Harcourt
et Bretteville-sur-Laize…