Tarn – Petite
histoire du moulin de Briatexte.
Résumé d’un article de 3
pages, avec photos, de Jean-Louis Cantayré
Briatexte fût fondé en
1287 par Simon de Briseteste, sénéchal de Carcassonne, pour le compte de
Philippe Le Bel, à l'emplacement du village cathares des Toueilles rasé par
les troupes de Simon de Montfort en 1212. Cette nouvelle bastide devait
contrecarrer sa voisine de Saint-Gauzens. C’est
l'exemple même d'une implantation royale réussie. Son plan inclut dans un
rectangle, affiche une évidence toute géométrique.
Après la révocation de
l'Edit de Nantes, la bastide vit ses fortifications rasées en 1629, puis son
temple détruit en 1685.
Aujourd'hui, l'église se
dresse à l'extérieur des anciennes fortifications, et le DADOU reste le
dernier fossé défensif de la ville. Depuis le pont, s'offre à vous une vue
pittoresque sur le moulin-pigeonnier.
Un
moulin pigeonnier.
Le moulin de Briatexte existe depuis des temps immémoriaux. On pense que ce sont les moines fondateurs de l'Abbaye de Candeil, en 1154, qui bâtirent tous les moulins de la vallée du Dadou entre le XIIème et le XVème siècle.
Ce moulin, comme tous ceux du Dadou, est situé en bout de chaussée " la paisero " qui a été construite sur pilotis en acacia. Ces pilotis soutenaient de gros rocs recouverts d'une chape de cailloux de rivière et de briques de terre cuite liées à la chaux. La partie immergée est en pierre de taille et le bâtiment en briques de terre cuite.
Au XVIIème siècle, le moulin fortifié sert aussi bien de lieu de commerce que de forteresse avancée.
Au recensement de 1718, on note que le moulin appartient au sieur Imbert, baron d’Aiguesvives qui possède également une grande partie du village. Arrive la Révolution, on trace du moulin sur le recensement du 18 Ventose de l'an II. A cette époque, il y avait trois meules et un foulon à deux marteaux. Le tout mû par la force de l'eau qui faisait tourner un roudet .
Moulin et mégisserie.
Après la révolution, les annexes du moulin furent
équipées de transmissions, de foulons et
autres appareils utilisés pour le travail et le tannage des peaux. Le moulin
fut aménagé en « mégisserie » . Il y a plus de 100 ans ; les
frères Cantayre, créateurs de l’activité mégisserie dans le canton
de Graulhet louèrent ces installations et ensuite achetèrent le moulin au
meunier, M. Elie Bonsirven.
Production d’électricité.
Tout en continuant à écraser les céréales pour les agriculteurs et en poursuivant ses activités de mégisserie, en 1896, le moulin est aménagé pour produire de l’électricité cédée au village de Briatexte. pour l’éclairage public ainsi qu’aux particuliers. Lorsque la fée " électricité " devint d'usage plus courant, le moulin continua à produire de l'électricité pour ses seuls besoins, quelques KW/heure, avec une turbine Francis à axe vertical couplé à un multiplicateur et à une génératrice mais n'alimenta plus par concession le village. E.D.F. ayant le monopole de la distribution.
En 1905, un incendie détruit une grande partie du moulin. La famille le reconstruira et il gardera fière allure.
En 1930, la crue endommage le site et le bâtiment, l’eau atteint le premier étage de l’édifice et emporte aussi bien le matériel de production de farine que les appareils de production électrique…Mais encore une fois il sera reconstruit.
En 1970, une nouvelle crue détruit la crête du barrage ; elle sera reconstruite à l’identique et au même niveau comme le veut le règlement d’eau.
Quelques années plus tard, l’immense toiture est refaite et remaniée.
Enfin, plus récemment, il a fallu consolider le clocheton du « pigeonnier », en utilisant les services d’amis alpinistes particulièrement courageux pour se hisser à une telle hauteur.
Aujourd’hui.
Depuis plus d’un siècle, notre famille donne âme au moulin de Briatexte et
n’a eu cesse de l’entretenir afin que les futures générations le
retrouvent toujours comme symbole du village et …en bon état de marche.
Au
début du siècle, le moulin de Briatexte fonctionnait dans un cadre magnifique,
le Dadou était une rivière claire et poissonneuse, hélas, ces dernières
années, la pollution des berges et de l'eau priva les Briatextois des joies de
la baignade et de la pêche. A l'aube du XXIème siècle, souhaitons
que nos enfants continueront longtemps à le voir, à pêcher et bientôt à se
baigner dans ses eaux.
Pourtant on peut se poser la question :
« Pourquoi consacrer autant d’énergie pour conserver un tel édifice, alors que les pouvoirs publics n’accordent aucune aide pour sauvegarder le bief et la chaussée qui sont d’utilité publique ? ».
Je considère que comme les églises, les châteaux, les pigeonniers, etc… les moulins font partie intégrante de notre patrimoine rural. L’archéologie industrielle trouve en eux les inventeurs du développement industriel, la maîtrise de l’énergie hydraulique ou de la force du vent. Leur architecture a la beauté des constructions bien adaptées à leur fonction et ils ont façonné autour d’eux les sites à leur service, les biefs ; les vannes sont des éléments essentiels du moulin à eau qui aident les rivières à respirer…et de nos jours, elles en ont bien besoin.
« Tous les chemins mènent au moulin » disait-on au début du siècle passé ; aujourd’hui, ils doivent devenir la joie et la fierté des villages et des régions qui sauront le protéger. Ils ne doivent plus être des édifices remplis de machines à l’abandon destinés à disparaître, mais des monuments vivants qui écrasent à nouveau le blé, produisent de l’électricité ou écrasent noix ou olives faisant couler une huile super vierge.
Je ne souhaite pas que le moulin de Briatexte devienne aussi célèbre que le moulin de la Galette de Renoir ou le Moulin Rouge, mais uniquement que mon action soit reconnue et récompensée afin que je continue à restaurer cet ensemble architectural tellement digne d’intérêt.
L’A.R.A.M.
Tarn.
C’est dans cette optique qu’il y dix ans l ‘Association Régionale des Amis des Moulins du Tarn a été créée (A.R.A.M. du Tarn) afin de préserver le patrimoine molinologique de ce département. A ce jour, plusieurs moulins ont été sauvés ou sont en voie de restauration. De jeunes chercheurs universitaires s’intéressent à notre action conjointement avec l’Association « Energie – Développement – Environnement » (EDEN)
ARAM du TARN - Pour plus d’informations : jc.cantayre@wanadoo.fr