Les moulins neufs en France.

Résumé d’un article de 5 pages, avec photos,  par Bernard Sauldubois.

Beaucoup de gens pensent que les moulins anciens ont disparu, surtout les moulins à vent. Certains enseignants, peu nombreux, il est vrai, l'affirment encore à leurs élèves.

Alors comment pourrait-on imaginer que de nouveaux moulins « à l’ancienne » ont été construits à la fin du XXe et au début du XX1e siècle. Maître Cornille avait raison… l’époque des moulins n’est pas révolue… Au XXIème  siècle, on construit toujours des moulins à vent avec les mêmes matériaux et pour le même usage.

On ne compte pas moins de 7 "moulins neufs", en France, sans compter ceux qui ont été entièrement reconstruits, comme le Moulin du Paradis, à Sancheville dans la Beauce. Ces réalisations sont le plus souvent l'oeuvre de personnes, d'associations ou collectivités locales ayant des moyens financiers conséquents mais aussi et surtout une passion des moulins que le commun des mortels assimile facilement à "un grain de folie". Voici une présentation rapide de ces "moulins neufs"

Le moulin de la Pyramide, à Vaux-Rouillac (Charente)

Marc LÉCHELLE, fut entrepreneur de travaux publics et administrateur de la F.F.A.M.  Pendant plusieurs années, il a sillonné l'Anjou et l'Ouest de la France à la découverte des moulins à vent. Sa grande idée était de construire un moulin... neuf ! Après de nombreux démêlés avec l'administration, sur son emplacement, il finit par jeter son dévolu sur une colline particulièrement bien placée au nord de la commune au bord de la route de Cognac à Rouillac.

La construction de cet ensemble tout à fait exceptionnel a commencé en 1980. La tour du moulin n'est, si l'on peut dire que "la partie immergée de l'iceberg". Elle repose sur un ensemble de salles  recouvertes par une terrasse dallée à balustrade, terrasse indispensable pour la manoeuvre du guivre et l'orientation du moulin. Vers le sud et l'ouest, le bâtiment ouvre sur une cour intérieure par des portes et des fenêtres à petits carreaux. Dans cet ensemble se trouvent des salles de réception avec un fournil. Un ami boulanger y fait régulièrement du pain. Dans les grandes occasions, le moulin sert de cadre à des manifestations culturelles.

Toute la réalisation est d'une exceptionnelle qualité. Du haut de la tour du moulin, on découvre un panorama magnifique.Ouvert trois fois dans l'année : en février ; pour la Journée Nationale des Moulins en juin et pour les Journées du Patrimoine en septembre. S'adresser à Marc LÉCHELLE. Tél : 05 45 96 54 49.

Moulin à eau, aux Épesses (Vendée)

Le propriétaire de ce moulin possédait, non loin du Grand Parc du Puy du Fou, un étang fermé par une digue d'une certaine hauteur. Passionné de moulins, il eut tout naturellement l'idée d'installer un moulin à eau, adossé à la digue de l'étang, dans ce cadre champêtre magnifique.

Dans le années 1990, il construisit donc un bâtiment modeste avec un toit à une seule pente. Les murs sont en pierres apparentes et le toit couvert en tuiles creuses. La roue est installée sur le pignon du moulin et protégée par une avancée du toit. C'est une roue à godets, avec de belles jantes en fonte marquée du nom du fabricant et des augets en inox, une fabrication originale et soignée. Le moulin abrite une paire de meules sous la partie du toit la plus haute. Entre la roue et les meules, on découvre un mécanisme peu orthodoxe mais efficace avec pignons modernes et chaînes. La partie du bâtiment opposée à la roue abrite un four à l'ancienne, où l'on fait régulièrement du pain pour les amis et les visiteurs.Le moulin ne se visite pas. Le propriétaire en assure lui-même la publicité et la promotion.

Le Moulin à vent des Grandes Vignes, à Périssac (Gironde)

Le vignoble et les moulins à vent ont toujours fait bon ménage. Il n'y avait plus de moulins dans les vignes de Périssac : Laurent FRANÇAIS en a construit un de toutes pièces. C'est un moulin à vent d'environ 10 mètres de haut. La tour est construite sur une cavette et comprend trois étages. Le mécanisme est complet, avec ailes à toiles, rouet, gros fer, meules et blutoir. Il tourne en démonstration pour les visiteurs. A proximité, on trouve une collection d'outils de la vigne et du vin. Visite sur rendez-vous seulement. Vente de vin. S'adresser : Laurent FRANÇAIS. Tél : 06  85 52 26 88. Télécopie : 05 57 84 37 25.

Le Moulin de la Victoire ou de Spinnewyn, à Hondschoote (Nord)

Hondschoote, connu pour son célèbre Nordmeulen, Moulin du Nord, qui passe pour être le plus vieux moulin à pivot d'Europe, a possédé un autre moulin à vent, le Cloostermeulen, moulin du Cloître de la Sainte Trinité. Il figure sur un plan de la ville du XVIe siècle. Il fut déplacé en 1773 pour l'éloigner de la route et fut vendu en 1791 comme bien national à Jean-François SPINNEWYN, d'où sont deuxième nom. Le 8 septembre 1793, il fut fortement endommagé par les combats qui se déroulèrent à ses pieds et où les gendarmes du Général LECLERC remportèrent la victoire sur les "coalisés". Il fut réparé et fonctionna pendant de nombreuses années. Il fut cependant mis en chômage très tôt, tomba en ruine et fut démoli en 1893.

Dans les années 1980 le Conseil municipal décide de reconstruire le moulin de la Victoire sur le lieu du combat pour le bicentenaire de cet événement. La réalisation du projet est confiée à l'ARAM Nord-Pas-de-Calais pour les plans et la surveillance des travaux, et à l'Entreprise H. et G. PEEL de Gistel, en Belgique pour la charpente. Il s'agit d'un gros moulin à pivot de forme très élégante, sans rajouts et avec des ailes de 20 mètres d'envergure. Il a coûté 2 558 000 FF. L'association pour le Reconstruction du Moulin Historique d'Hondschoote a collecté 1 114 000 F. La ville et la Région ont donné 16 et 17,5 %, le Département 20,5 % et l'État (Diren) 3 %. Il fut inauguré le 10 septembre 1993, en présence de la Gendarmerie, après une prise d’armes spectaculaire de la Gendarmerie et de la Garde Républicaine. Un grand et magnifique spectacle son et lumière, racontant l’histoire du moulin a clôturé la journée. Ouvert sur rendez-vous. S'adresser à l'Office du Tourisme : Tél : 03 28 62 53 10

Moulin de la Roome, à Terdeghem (Nord)

Le propriétaire d'une fermette de Terdeghem (Nord) remarque un jour à proximité une motte laissant supposer qu'un moulin a existé à cet endroit. Le site domine l'un des plus beaux paysages de la Flandre. De là, on peut apercevoir cinq moulins : le Steenmeulen de Tedeghem voisin, les moulins Dereeper et Nordmeulen de Steenword, le Casteelmeulen de Cassel et le moulin de Boeschèpe.

L'idée de construire un moulin a germé et l'Association des Amis du moulin de Roome est née sous la houlette de madame Janine RYCKEBOSH. Le piédestal a été installé le 22 avril 1997. La cage et la toiture furent achevées en mars 1998 dans les ateliers de Éric VALENNE, charpentier de moulin à Pollenchove (Belgique).C'est une grande cage comprenant seulement un balcon sur sa face arrière et un petit auvent en pignon arrière de la toiture. Elle pèse 15 tonnes sans la toiture. C'est le 11 avril 1998 qu'elle fut posée sur son pivot par une puissante grue de 160 tonnes,  coiffée de sa toiture couverte en bardeaux et comprenant l'arbre moteur avec sa tête en fonte et son rouet d'un poids total de 7 tonnes. Le bardage est posé et la face avant, exposée aux vents et aux intempéries est revêtue de bardeaux. A partir de mai 1998, le chantier est en sommeil dans l'attente des financements. Ils arrivent sous forme de mécénat, en particulier du Crédit Agricole qui a fait un effort exceptionnel pour la finition des travaux. Les ailes sont fabriquées par un artisan de Houtkerque. Elles sont installées le 11 décembre 1999 par Éric VALENNE qui va également mettre en route la paire de meules. Le moulin a été  inauguré le 6 mai 2000. Ouvert au public les W.E. et jours fériés ou sur réservation. Tél : 03 28 43 35 81.

Moulin de Martigne, Village du Bournat, Le Bugue (Dordogne)

En ce début de troisième millénaire, au Bugue en Dordogne, le Village du Bournat a construit le moulin à vent de Martigue. Cette reconstitution a été entreprise à l’initiative de monsieur Paul-Jean SOURIAU, fondateur du village du Bournat. Depuis une décennie ce musée de plein air reconstitue de façon vivante la vie traditionnelle de la société rurale au  XIXème siècle.

Edifier un moulin au bord de la Vézère a nécessité la construction d’une butte de près de 5 mètres et des fondations conséquentes. Le modèle de moulin est un moulin à vent des collines voisines, la charpente et la couverture correspondent aux moulins du Sud-Ouest, la technique s’inspire des moulins qui font encore de la farine en Guyenne et aux environs, car il tourne 6 jours sur 7 pour écraser le blé produit à la ferme du village et alimenter la boulangerie cuisant son pain au feu de bois. Tout cela sous l’œil émerveillé des visiteurs qui, certains jours, sont plus de 1 100 à aller au moulin.

Son rôle économique a permis de créer un emploi pour le meunier Thierry qui maîtrise la technique des moulins à vent et guide les visiteurs. L’investissement bien qu’important sera amorti dans le temps. Le Village du Bournat est une reconstitution d'un village du début du XXe siècle, comme il en existe quelques exemplaires en France (voir ci-dessous, le village des Vieux Métiers d'Azannes). On y a reconstitué à l'identique les constructions de l'époque, église, école, ateliers d'artisans : potier, maréchal-ferrant, tourneur sur bois, sabotier, boulangerie. Il existe même un moulin à eau actionnant une meule à huile.

Il manquait un moulin à farine, complément essentiel pour fournir la farine à la boulangerie. L'idée d'un moulin à vent avait été suggérée par un habitant, M. Martigne, dès la conception du village. Un moulin tour a donc été construit. Très rapidement puisqu'il s'est écoulé 18 mois entre la pose de la première pierre et l'inauguration, le 1er mai 2003. La tour, de 8 mètres de hauteur surmontée d’un toit de 5 m, est une construction classique à 2 étages, édifiée sur une importante butte artificielle. Des ailes à toiles, de type quercynois, de 14 mètres de diamètre, entraîne un rouet de grande dimension qui engrène sur une lanterne à 7 fuseaux. Le gros fer qui entraîne une paire de meules de 1,70 m de diamètre, en pierre de silex de Dome. La meule se situe au second étage, sous le toit, disposition habituelle. Le premier étage abrite la bluterie, entraînée par l’axe de la meule (petit fer) qui repose sur le plancher du 1er étage. Le moulin est équipé d’un monte-sac. .. et d'un discret moteur électrique de 9 CV, rentabilité oblige ! La mise au vent se fait par un guivre actionné par un cabestan. 

Le village du Bournat (entreprise privée), est ouvert tous les jours de 10 h à 17 heures, du 15 février au 11 novembre. L’accueil au moulin est assuré par le meunier, Thierry.

. Tél : 05 53 08 41 99. Fax : 05 53 08 42 01.

Le Moulin à vent des Roizes, à Azannes et Sousmazannes (Meuse)

Azannes et Sousmazannes est un petit village meusien situé à 20 kilomètres au nord de Verdun. Grâce au travail d'une poignée de bénévoles, devenus 400 aujourd'hui, un Écomusée des vieux métiers a été mis en place, sur le mode de l'Écomusée d'Alsace à Ungersheim. Des bâtiments en voie de disparition sont démontés et reconstruits sur le site, pour abriter des ateliers comme à la fin du XIXe siècle.

Les recherches historiques ont fait apparaître l'existence d'un moulin à vent à cet endroit. Il appartenait à l'Evêché de Verdun avant la Révolution. Après 1789, il fut vendu comme bien national à un riche propriétaire d'Azannes. On ne sait pas quand il a cessé son activité mais probablement très tôt.

Il a été décidé, voici 5 ans, la construction d'un moulin à vent neuf, implanté à flanc de colline et dominant les constructions de l'Écomusée. En 2000, après un long travail de recherches (archives, témoignages des anciens et des Compagnons du Tour de France), des plans ont été dressés ; ils ont abouti à un moulin de 28 m de haut. Les chênes nécessaires ont été fournis par la forêt proche, le plus important mesurant 3,80 m de tour à un mètre du sol ; une scierie a été spécialement équipée pour débiter les grumes, en tout 70 m3.

Ainsi est né un moulin à pivot grand et puissant. Sa silhouette est intermédiaire entre celle des moulins à vent du Nord et celle des moulins champenois. La cage est une remarquable pièce de charpente, toute en chêne ; elle est bardée de planches de pin. Ses ailes, à verges et vergerons, mesurent 24 m d'envergure et 2,30 m de largeur entre cotterets. Elles sont à barreaux avec cotterets et longerons intermédiaires. Le grand rouet engrène sur une lanterne, débrayable. Le gros fer actionne en direct une paire de meules de grande dimension (1,60 m). Les responsables sont très fiers de leur moulin "le 1er moulin neuf du 3e millénaire". L'Écomusée possède un autre moulin, à eau celui-là, dans un très vieux bâtiment ; il est équipé d'une roue métallique à augets  qui entraîne une paire de meules, par le biais d'un mécanisme très classique.  On vous propose une visite du site en calèche, les vendredis de mai et, depuis cette année, les vendredis de juillet et d'août, de 14 à 18 h. Visite du Moulin à vent à 16 h. Visitez de préférence en mai. Tarif : 5 euros. Écomusée GEVO, Domaine des Roizes, 55150 Azannes. Tél. : 03 29 85 60 62.                  

 

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